Ce sont Gabriel Bauret et Grégoire Solotareff qui ont appelé leur livre de photographies ALBUM. En 1995 je l'avais acheté pour ma fille qui avait dix ans. C'était du moins le prétexte que j'avais trouvé pour me l'offrir, comme parfois les beaux livres pour enfants qui me faisaient rêver ! Lorsque j'ai cherché une nouvelle idée pour tirer au hasard les thèmes du prochain APÉRO LABO que je devais réaliser avec la clarinettiste Catherine Delaunay et le pianiste Roberto Negro, j'y ai heureusement repensé, probablement parce que je savais que mon petit-fils qui a six ans et demi serait là et que je pourrais astucieusement le mettre à contribution. C'est tout à fait paradoxal, car les photographies illustrent incroyablement chacun des 113 mots du livre alors que pour les musiciens qui improvisent d'après elles ce ne sont que des prétextes donnant lieu à des divagations qui souvent s'éloignent du sujet ; au mieux ce sont des interprétations très libres de la photographie et du mot associé. Eliott a donc successivement tiré Un manège, Un chat, Des mariés, Un arbre, Une fourchette, Un garage, Une gare, Des lézards, Un lion, Une main. Je lui avais préparé de quoi dessiner pendant le concert, mais il avait terriblement envie de se joindre à nous, ce qu'il fit sur Un arbre avec une paire de hochets en forme de chevaux. Sur mon site drame.org j'ai reproduit les photographies en miniature, mais elles sont absentes de la version Bandcamp qui permet de télécharger les pièces de meilleure qualité.


Je n'avais donc jamais joué ni avec l'une ni avec l'autre, et eux ensemble non plus, mais comme souvent je connaissais bien leur travail, ou même leurs travaux tant ils peuvent être nombreux et variés. La rencontre reste pour autant un mystère tant qu'on n'a pas sauté à pieds joints dans la musique, voire tant qu'on n'a pas réécouté l'enregistrement que je réalise en public, soit une trentaine d'invités dans ces circonstances, car la présence du piano supprime quelques places. Je peux affirmer que mes deux camarades de jeu, cantonnés dans la cabine (ouverte) qui ressemble à un magasin de jouets, se sont bien amusés. Roberto Negro s'est saisi de petites percussions, d'un piano-jouet ou d'un rhombe quand il ne frappait pas mon U3. Il avait aussi apporté un petit synthétiseur qui lui servira de drone à deux reprises. Roberto était plutôt rythmique alors que Catherine Delaunay, qui s'était laissée exceptionnellement aller à la trompe ou aux percussions, surfait sur une veine mélodique dont les lignes directrices étaient particulièrement entraînantes. De mon côté, en plus de mon clavier principal dont les sons sont stockés sur trois disques durs, j'utilisai des synthétiseurs de différentes époques (VFX-SD d'Ensoniq, Wave XT de Waldorf, et trois récents du russe Soma : Terra, Enner, Lyra-8) ainsi que des instruments acoustiques (guimbardes, inanga, erhu, flûte, harmonica, baudruche, etc.).


De ce sixième APÉRO LABO, qui enthousiasma le public, je ponctionne l'une des dix pièces pour clore le volume 4 de la série de CD Pique-nique au labo. J'imagine que le disque sortira au printemps. En attendant, on peut écouter et télécharger gratuitement ALBUM sur drame.org ou Bandcamp.