Mes copines, évidemment germanophones, étaient étonnées que je ne connaisse pas Georgette Dee. Il est certain qu'adorant les voix graves de certaines chanteuses allemandes telles Marlene Dietrich, Zarah Leander ou Ute Lemper, j'aurais probablement dû ! Je me souviens qu'en discutant avec Hanna Schygulla, qui avait accepté le rôle principal du long métrage L'astre qu'en 1996 je n'ai pas réussi à tourner, j'étais liquéfié par l'envoûtant velouté de sa voix, un peu comme en France celle de Delphine Seyrig. J'ai conservé précieusement les interviews en français de Marlene où elle évoque le violon qui lui a fait mal ou ses magiques apparitions sur scène sous le feu des projecteurs. Voix encore plus grave, la suédoise Zarah Leander ne jouit pas du même prestige pour avoir été la "chanteuse préférée du Führer", même si elle n'a jamais adhéré au parti nazi. De la génération suivante, Ingrid Caven, Georgette Dee ou Ute Lemper perpétuent un répertoire de cabaret berlinois.


Icône gay comme Zarah Leander, Georgette Dee serait probablement un iel aujourd'hui, son site se référant à un homme alors qu'elle incarne une femme. Pour son répertoire composé de classiques (Brecht-Weill, Heine-Schumann, Porter, etc.) et de nouveautés qu'iel aime agrémenter de petites histoires drôles et provocantes iel chante en allemand et en anglais. À Paris iel était passée à Chaillot et à l'Odéon. Pour Myschtisch..., enregistré en public en 1994, Georgette Dee est accompagnée par Terry Truck qu'iel a rencontré à Londres en 1981 et avec qui iel se produira pendant trente ans, bouteille de Bordeaux et cigarettes incluses. Iel jouera au théâtre plus qu'au cinéma, poursuivant la tradition que Marlene Dietrich a popularisé dans le monde entier, femme fatale succombant à sa fatalité.