Les oreilles en vrille et la petite cuisine
Par Jean-Jacques Birgé, jeudi 30 janvier 2025 à 00:09 :: Musique :: #5813 :: rss

L'exposé qui suit tient du patois de laboratoire. Cela peut se lire sans comprendre, comme de la poésie sous semi-conducteur ou, pour les aficionados, tenter de saisir en quoi cela consiste, ce qui ne les différenciera pas pour autant des néophytes, faute de ma lamentable expérience en la matière !
La pédale de distorsion Harvezi Hazze était fort attendue, pour se muer en forte entendue. Après les premiers tests qui me plonge dans un état ressemblant à une prise de quelque nouveau psychotrope, un silence s'impose avant que je n'explose. Donc me voilà et me revoilà, comme dirait le chat de Schrödinger, plus facétieux que jamais. Le premier intérêt de l'Harvezi Hazze (brouillage du signal en géorgien !) est de remonter le niveau de la shahi baaja ou, du moins, le régler plus finement. Fan des machines "organismiques" fabriquées par Soma, je ne savais pas exactement à quoi m'attendre, mais l'ajouter en amont des effets délirants de la H9 d'Eventide et de la réverbération infinie Nightsky de Strymon me semblait une bonne idée si je comptais marcher sur les traces des grands guitaristes qui avaient marqué ma jeunesse, avec le côté trash de la noise actuelle en bonus. Basé sur un vieux transistor unijonction, sorte d'hybride entre diode et transistor, dégotté sur un marché aux puces de Tbilissi, capitale de la Géorgie, cette distorsion permet de glisser manuellement et sans à-coups d'un timbre à un autre. Les boutons de contrôle n'ont pas la même fonction selon que l'on désire fuzz, distorsion, limiteur, waveshapper ou générateur. Cet aspect est typique des instruments somesques, parfaitement intuitifs, sans écran ni mémoire. Dans tous les cas c'est plutôt méchant. Ça vrombit, ça buzze, ça hennit, ça crispe, ça craque ! Passionnant, pas forcément amusant, mais dramatique et tellurique, aussi utile qu'une perceuse électrique. Un jour ou l'autre on y vient. La séquence de ces trois pédales me sert aussi bien à transformer le son de cette cythare à touches pakistanaise que celui du Tenori-on, du Kaossilator, du kazoo amplifié ou des sons d'ambiance diffusés par un vieil iPad.
Il y a plus de quarante ans j'ai revendu toutes mes pédales d'effets, wah-wah, disto, modulateur en anneau, etc., lorsque je me suis bêtement débarrassé de mon orgue Farfisa Profesional. Il ne me reste que le M-Resonator de Jomox que m'avait conseillé Franck Vigroux, et surtout la H90 d'Eventide dont je me sers sur tous mes instruments principaux, de même que le rack H3000 qui ne me quitte pas depuis 1986 ou le Cosmos, délai aléatoire de chez Soma ! Toute cette artillerie n'intervient strictement que lors du jeu en direct, dit en live. Lorsque je traite et mixe les fichiers son sur le logiciel Cubase, j'utilise essentiellement les plug-ins barjos d'Eventide, les réverbérations en convolution de l'AltiVerb, les traitements techniques d'iZotope et, de temps en temps, les GRM Tools. Il est difficile d'imaginer à quel point le doux bruit des touches de mon clavier textuel me fait du bien après la fantastique séance de test où je me suis vrillé les tympans. Pour redescendre complètement je pense que je vais même m'allonger maintenant avec un bouquin.
P.S.: le lendemain j'enregistrai un long solo qui me servirait pour le prochain album d'Un Drame Musical Instantané.
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