Trois nouveaux articles sur Audion 81
Par Jean-Jacques Birgé, mercredi 12 mars 2025 à 01:37 :: Musique :: #5852 :: rss

Alan Freeman chronique trois de mes albums sur le numéro 81 de la revue Audion (mars 2025). Le premier, Solo Studies, n'est accessible qu'en ligne sur drame.org et date d'avant mon premier disque, soit 1974. Le second, Animal Opera, est le plus récent ; il rassemble l'opéra Nabaz'mob pour 100 lapins Nabaztag et un enregistrement de field recording, sans aucun mixage, réalisé l'été dernier en Amazonie. Un extrait de chacun de ces albums figure sur la version multimedia de la revue. Le troisième, Tchak, est un disque de 2000 inédit d'Un Drame Musical Instantané, dernier enregistrement avec Bernard Vitet, accompagné de Nem et du guitariste Philippe Deschepper.
Jean-Jacques Birgé, SOLO STUDIES (GRRR 3086) Online 119mn
Musicien des plus talentueux et explorateurs, dont les sorties s’étalent sur cinq décennies, le Français Jean-Jacques Birgé est connu de certains d'entre vous grâce au merveilleux album de Birgé Gorgé Shiroc, DÉFENSE DE, où il jouait principalement du synthétiseur ARP 2600. Cet ensemble d'archives des années 1970 commence néanmoins avant même celui-ci, les deux premiers titres du début de l'année 1974 montrant à quel point il pouvait être créatif avec des outils plus primitifs entre les mains.
L'Étude Janvier Pour Bölde, qui ouvre l’album, inclut un collage de bandes, de la voix, de l’orgue Farfisa, de la flûte, de la guimbarde, de l’électronique, et s'apparente à une sorte de Dada bizarre, dans la lignée de ce que certaines personnes impliquées dans LAFMS (Los Angeles Free Music Society) faisaient aux États-Unis, ce qui est d'autant plus intriguant en français. Suit Un Dernier Écho qui est entièrement composé à l’orgue Farfisa, et ressemble à une sorte de Terry Riley dyslexique et chaotique !
Jean-Jacques Birgé, ANIMAL OPERA (GRRR 2038), CD 63mn
Ce tout nouveau disque de Jean-Jacques Birgé est tout à fait différent de ce que l'on trouve dans la collection d'archives ci-dessus. ANIMAL OPERA est le résultat de différents types de musique et de palettes sonores créées par Jean-Jacques et que l'on peut assimiler à des bruits animaliers. Les résultats sont extrêmement variés, allant de cacophonies électroacoustiques, de tissus sonores plus complexes et construits, jusqu'à de la quasi-musique. Deux des trois pistes, l'œuvre du début et celle de la fin, Nabaz'mob, sont réalisées avec « 100 lapins intelligents » en plastique, dont chacun contient un petit synthétiseur et un haut-parleur. La façon dont ils sont contrôlés, à moins qu'il ne s'agisse simplement d'une cacophonie aléatoire, n'est pas entièrement expliquée. Il se pourrait que nous ayons un indice à ce sujet, grâce à une photo qui montre Jean-Jacques en action, semblant diriger les lapins.
L'autre morceau, L'Aube À Shimiyacu, est constitué de sons animaliers authentiques que Jean-Jacques a enregistrés dans la jungle péruvienne. Il les considère comme une sorte de modèle musical. La méthode utilisée s'apparente à de la peinture sonore, et les résultats sont très inhabituels.
Dans l'ensemble, ANIMAL OPERA est certainement un disque véritablement unique, et tout à fait différent de tout ce que j'ai entendu auparavant, à l'exception peut-être d'un certain Luc Ferrari - dans la méthode, si ce n'est dans le son.
Un Drame Musical Instantané, TCHAK (Klanggalerie gg477), CD 58mn
Si vous pensiez savoir ce qu'était le groupe français Un Drame Musical Instantané, de leur style ou de leurs paramètres musicaux - eh bien, détrompez-vous ! TCHAK ne correspond pas, ou très peu, à ce qu'ils ont fait auparavant. Même le morceau d'ouverture Le Silence Éternel Des Espaces Infinis M'effraie, duo de Bernard Vitet (bugle) et Jean-Jacques Birgé (machines), est une surprise, de la musique de synthèse, atmosphérique et mélodique, un peu à la manière de Peter Frohmader avec au-dessus un très beau solo de bugle tout en retenue.
Sur le reste de l'album on trouve cependant Nem - apparemment un artiste techno qui est essentiellement crédité à la drum 'n bass et/ou aux vinyles. La musique va d’un truc étrange genre Frap à du hip-hop glitchy, en passant par de l'acid jazz et d'autres styles. L'autre morceau qui m'interpelle est l’index 6, intitulé 1936, dans lequel les vinyles de Nem consistent principalement en des sons de disques rayés et d'explosions, tandis que la musique sonne essentiellement comme un morceau perdu de Jac Berrocal. Ou encore le morceau final Machiavel Meeting, avec son côté « dansons avec les djeunz », donne l'impression que les neuf musiciens impliqués ont pris beaucoup de plaisir à le faire. Bien entendu, c'est le cas pour toute leur musique, en fonction de votre adhésion aux styles qui y sont inclus. J'assimilerais ce disque d’Un Drame Musical Instantané à l'avant-hip-hop de Nurse With Wound façon ROCK 'N' ROLL STATION.
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