En voilà deux qui se sont trouvés ! Comme les deux gosses qui se montrent mutuellement leurs dernières trouvailles dans le train au début du film de Jean Vigo Zéro de Conduite. L'un comme l'autre posent leurs lèvres sur leurs embouchures sans craindre les bruits bizarres, l'un et l'autre aiment les petites machines bricolées qui font des rythmes rudimentaires comme lorsqu'on mettait un bout de carton dans les rayons de sa bicyclette pour donner l'illusion d'une mobylette. C(or)N(e)T, c'est de l'art brut musical comme La fleur de barbe de Dubuffet.


Mais Pierre Bastien et Louis Laurain sont de vrais musiciens avec une rigueur de compositeurs. Simplement ils se lâchent, retrouvant leur âme d'enfant, en galipettes virtuelles à l'heure du goûter. Le vinyle tourne autour de l'axe, il craque un peu, participant à cette techno préhistorique où les cornets exposent de drôles de couleurs, grinçantes ou aériennes, et où les jouets se mettent en mouvement comme la parade du film Paprika de Satoshi Kon. C'est bien cela, leur disque est de la trempe de Zéro de conduite et Paprika, impertinent et délirant.


J'ai choisi ces deux extraits exogènes, histoire de donner de la profondeur historique et allégorique à leur disque étonnant, mais vous pouvez écouter les six pièces de Pierre Bastien et Louis Laurain sur Bandcamp...

→ Pierre Bastien et Louis Laurain, C(or)N(e)T, LP Rosehill Records