Il y a des labels dont on attend toujours les nouveautés comme le hongrois BMC dont l'excellence devient presque ennuyeuse tant il en paraît chaque année. Leurs pochettes sont sympas, mais pas aussi appropriées que celles du regretté László Huszár. Tant dans le choix éditorial que dans les graphismes qui semblent aujourd'hui générées par l'I.A. il y a tout de même un risque de ce ECMiser à force de valoriser le beau. Il n'empêche que les deux trios récemment arrivés sont bien intéressants.
Si le saxophoniste franco-allemand Daniel Erdmann est un des meilleurs ténors actuels (il joue aussi du soprano), il est passionnant de l'entendre avec l'organiste Antonin Rayon, référence du Hammond B3 de la nouvelle génération (il joue aussi du synthé Moog) et le percussionniste britannique exilé en Alsace Jim Hart (il joue ici de la batterie alors qu'il était au vibraphone sur ses précédentes collaborations avec Erdmann). Erdmann fait le merle printanier, Rayon joue la basse au pédalier en apportant des douceurs et Hart emboîte le tout en une sorte de jazz moderne qui assume les racines du trio avec orgue.
Le disque de chansons de l'allemand Ronny Graupe m'a surtout plu pour l'originalité des accompagnements de sa guitare aux accents graves très contemporains et du piano de l'anglais Kit Downes. La chanteuse suisse Lucia Cadotsch, qui a écrit presque toutes les paroles, trouve un écrin original à ses phrases légères, entendre que ça plane sans affectation. Ils s'approprient aussi bien Leonard Bernstein, Michel Legrand ou Hoagy Carmichael. Comme pour l'autre CD leur jazz est sans âge, le souvenir d'amours de jeunesse que le temps ne peut effacer.

→ Daniel Erdmann's Organic Soulfood featuring Antonin Rayon & Jim Hart, Into The Sweet Unknown, CD BMC, dist. Socadisc
→ Ronny Graupe's Szelest fauturing Lucia Cadotsch & Kit Downes, Newfoundland Tristesse, CD BMC, dist. Socadisc