[...] je cède aux sirènes du rock américain, plutôt tordu puisqu'il s'agit d'une compilation audio concoctée en 2007 par le réalisateur John Waters en vue d'un rencart hypothétique, hypothétique du moins quant aux effets de ces morceaux choisis s'il s'agit d'emballer ! Survoltés, Jet Boy Jet Girl par Elton Motello (version anglaise de Ça plane pour moi écrite par son véritable auteur et interprète francophone Lou Deprijk), All I Can Do Is Cry par Ike & Tina Turner en transe paroxystique, Clarence "Frogman" Henry dans un numéro vocal tri-sexuel... De Waters on pouvait évidemment s'attendre à des expériences hors pistes, I'd Love to Take Orders From You par Mildred Bailey, corny avec John Prine et Iris DeMent ("Convict movies make her horny...), gérontophile avec l'actrice Big Girls Don't Cry d'Edith Massey, kitsch avec Earl Grant dans la chanson titre du film Imitation of Life de Douglas Sirk, troublants avec Sometimes I Wish I Had a Gun par une autre des actrices de Waters, Mink Stole, Johnny Are you Queer par Josie Cotton ou lorsque Margie Hendricks rejoint Ray Charles dans (Night Time Is) The Right Time avec son Squeeze me, squeeze me! On reprend son souffle avec le crooner Dean Martin et Hit The Road To Dreamland, mais déjà Eileen Barton vous réveille avec If I Knew You Were Coming” I'd do more than “Bake You a Cake” et Shirley & Lee vous achèvent avec Bewildered. Pour les fans, John Waters a enregistré en vidéo ses notes de pochette...

En vérifiant les liens de cet article du 17 janvier 2013, je suis tombé par hasard sur des clips de chansons américaines incroyables, prétendument des années 60, country & western, rock 'n roll ou mélodies roses chantées par des jeunes femmes au look très cheesy, dont j'ose à peine donner l'adresse tant elles sont sulfureuses et pas du tout dans l'air du temps. J'ai finalement compris qu'il s'agissait de fakes récents réalisés avec l'intelligence artificielle et Photoshop. J'espère que vous avez mis un contrôle parental sur vos ordinateurs pour que vos enfants ne tombent pas sur la Banned Vinyl Collection (également sur Bandcamp) qui rassemble des centaines de vinyles "interdits par la censure", et pour cause. D'autres s'en amuseront comme lorsqu'on arpente les étagères les plus hautes, là où est rangé l'enfer. Lorsque j'avais 13 ans mes parents partant au théâtre en me laissant seul, mon père me montra le dernier étage de sa bibliothèque en m'interdisant d'y avoir accès. J'ai évidemment attendu que l'ascenseur soit parti pour m'y précipiter. Si Les mémoires d'un pantalon et certaines planches-contact des années 50 m'enchantèrent, je fus terriblement choqué par la lecture des cent vingt journées de Sodome du Marquis de Sade ou Les onze mille verges d'Apollinaire. Mon père savait pourtant ce qu'il faisait. À l'époque il n'existait pas d'éducation sexuelle et ce n'était pas un sujet dont on parlait ouvertement en famille. Encore moins des sujets des chansons en question !

Plus "sérieusement" et pour revenir à John Waters, dont je possède la quasi intégralité de ses longs métrages y compris Polyester en odorama, je me suis récemment beaucoup amusé à lire ses mémoires intitulées M. Je-Sais-Tout: Conseils impurs d'un vieux dégueulasse (ed. Actes Sud, 2021) qui vaut son pesant de provocations et son roman Sale menteuse, une romance feel-bad (ed. Gaïa, 2023).