Nous avons pris le train jusqu’à Dunkerque pour voir le spectacle d’Ella & Pitr au Bateau Feu et cela valait vraiment le jus. Le couple de plasticiens prend systématiquement le risque de changer régulièrement de support, passant des affiches collées dans les rues aux fresques si gigantesques qu’elles en ont le record sur le Guinness, sans parler des leporellos, flip-books, savon noir, T-shirt, etc., et des livres graphiques plus épatants les uns que les autres. Pendant deux ans ils ont donc décliné les commandes pour se consacrer au spectacle Fermez les yeux, vous y verrez plus clair où ils peignent en direct, mais ce n’est qu’un aspect de ce théâtre magique réglé comme sur du papier à musique.


Apparitions, disparitions, lumière et obscurité, humour et beauté, un véritable spectacle vivant sur le fil du rasoir, les artistes peignent à une vitesse folle avec des pinceaux géants, des vaporisateurs, des serpillières, des drapés trempés dans l’encre… La vitesse est d’autant déterminante qu’ils jouent sur une lenteur japonaise ou sur des effets si rapides qu’ils rappellent ceux des transformistes. La musique et les effets sonores de Lucas Descombes, composée à partir de sons domestiques enregistrés chez les plasticiens, participent à cet enchantement qui ravit petits et grands. Ella & Pitr sont aussi épaulés sur scène par Myrtillle Lévêque et à la régie et lumière par Benoit Brégeault. On peut prédire un beau succès à ce spectacle aussi drôle que poétique qui tournera véritablement qu’à partir de l’année prochaine.


Mais aller à Dunkerque sans aller à Malo-Plage eut été dommage. Si j’avais emporté mon maillot j’aurais bien rejoint les courageux se baignant dans la mer du Nord. Je me suis consolé avec une gaufre dans ce pays où les gens sont si gentils. Il faut dire que le ciel était bleu et que les Anglais avaient eu la rare délicatesse de nous envoyer un grand soleil.