J'aime beaucoup la luxueuse revue Billebaude qui s'interrogeait sur notre rapport à la nature en invitant des chercheurs en sciences du vivant et en sciences humaines, des praticiens et des artistes sur des sujets comme le loup, le lapin, l'ours, l'animal imaginaire, affronter la sixième extinction, la ville sauvage, l'art du leurre, etc. Je ne pouvais manquer celui intitulé Mondes sonores (2019), comme tous les autres merveilleusement illustré. J'ai été fasciné par les araignées jouant sur les cordes de leurs toiles, par le lien immémorial que nous entretenons avec les autres animaux, tel "siffler avec les aigles", par les expériences de Knud Viktor, et bien d'autres textes qui interrogent plus qu'ils n'expliquent.
Lorsque j'enseignais le son à l'Idhec (ancêtre de la Femis), et évidemment ensuite dans de nombreuses écoles de par le monde, en particulier l'écoute qui est la première chose à aborder dans ce domaine, comme je l'avais moi-même appris d'Aimé Agnel, je commençais par le silence. Il n'existe évidemment nulle part sur cette planète, sur terre ou sous l'eau. Il faut tendre l'oreille pour découvrir des mondes insoupçonnés. Plus tard, en naîtra la musique. Celle des humains se confronte toujours à celle des autres espèces, même si nous nous en sommes écartés par le langage, l'outil et la machine. Si je continue à m'y intéresser, c'est pour le mystère que représente ces échanges. Dans la nature comme dans l'art.

→ Billebaude - Mondes sonores, ed. Glénat en collaboration avec la Fondation François Sommer et pour ce numéro la Philharmonie de Paris, 19€