Les Moody Blues ont marqué ma jeunesse, mais c'est après leur tube Nights in White Satin (1967) que j'ai acheté les deux albums suivants, In Search of The Lost Chord et On the Threshold of a Dream. Mon goût pour le mélange des instruments électriques avec l'orchestre symphonique vient probablement de là. J'avais aussi celui de Deep Purple, The Beat Goes On des Vanilla Fudge, Their Satanic Majesties Request des Stones, ceux des Beatles... À la même époque il y avait l'orgue délirant de Keith Emerson au sein des Nice, celui de Mike Ratledge avec Soft Machine, ou encore Pink Floyd. Alors j'ai acquis un Farfisa et plus tard l'ARP 2600, pour satisfaire mon fantasme orchestral, mais c'est Zappa, ou plus exactement les Mothers of Invention, qui en 68 m'ont fait sauter le pas. Je ne parle pas ici de mon attirance pour l'électronique (Silver Apples, White Noise), seulement d'un goût prononcé pour les grands ensembles ou l'impression qu'ils procurent.


Il n'empêche qu'à une époque j'ai vendu beaucoup de vinyles, mais j'ai conservé les deux Moody Blues. Alors, même si c'était très ringard, comme j'apprends la disparition à 82 ans de John Lodge, leur chanteur et bassiste, ça me fait quelque chose. Les autres du groupe sont presque tous déjà morts. Lorsque j'écoute des compositeurs contemporains, il me manque de temps en temps un air, une mélodie. Les récitatifs et les effets de timbre finissent par m'ennuyer. Hier je suis allé à la Philharmonie écouter un magnifique concert Chostakovitch, alors évidemment je comprends pourquoi Boulez détestait ça. Soit je suis un peu vieux jeu, soit trop nombreux manquent fondamentalement de chair. À mon goût, la musique doit s'adresser à toutes les parties du corps, au ciboulot évidemment, mais sans négliger les jambes, le ventre, le sexe, les épaules, etc. Je veux pouvoir rêver et réfléchir, rire et pleurer, danser et partir, en un verbe : vivre !