Jean-Jacques Birgé

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samedi 23 septembre 2023

C'est la barbe !


"C'est la barbe !" répond Sacha Distel quand Maurice Chevalier entonne "Pense aux mille plaisirs du monde et pense aux mille désirs qui nous agitent, le possible est sans frontières, et l'on découvre cent mystères en route". Paroles de la comédie musicale Gigi de Vincente Minelli, d'après Colette, traduites par Boris Vian. C'est la barbe ! Comment l'entendre ici ? La photo de 1978 a du succès, à mes yeux pour commencer. À l'époque j'aurais aimé le savoir, et l'assumer sereinement. D'Artagnan, Zappa, Dave Grohl, Jésus Christ, les références ne manquent pas dans les commentaires actuels bien sympathiques. Trois ans plus tard je la coupai. Me reconnaissant dans la glace, je sautai littéralement de joie, comme un petit zébulon. Quarante années de plus, je la laisse à nouveau pousser cet été, comme ça, pour jouer. Cette fois je ne reconnais plus l'enfant. Remontent mes débuts dans le monde, la vie qui s'offre à moi, l'amour, la musique... Aujourd'hui les amis me disent gentiment que cela me rajeunit. Alors c'est comme aller chez le coiffeur, couper ou laisser pousser, c'est le changement qui fait le boulot. Qu'annonce ce nouveau visage ? Rien n'est sûr. Question de patience. Vivons-nous dans le regard des autres ou dans la vision narcissique qu'impliquent les réseaux sociaux ? Les deux me semblent y participer. On voudrait parfois n'exister que par son esprit, sa tendresse, mais à quoi cela rime sans partage ? Il est rassurant de savoir que rien n'est immuable. Sauf la mort, biologiquement inéluctable. En attendant, le nombre des années ne signifie pas grand chose, si ce n'est qu'on est vivant. Je suis cet enfant timide, ce jeune homme fougueux, ce vieux sage. J'ai tous les âges depuis le premier, mais pas encore le prochain. La langue française nous permet de les avoir tous, comme un mille-feuilles quantique, alors que l'anglais ou l'allemand nous fige à être. On glisserait vite sur "To be or not to be" (William j'expire !). Il suffit de choisir l'âge qui convient selon les circonstances. En tout cas, je n'ai presque jamais celui imprimé sur mon passeport. Le traître ! "Pense aux mille plaisirs du monde et pense aux mille désirs qui nous agitent, le possible est sans frontières, et l'on découvre cent mystères en route..."

jeudi 31 août 2023

Funérailles clandestines


Mis en ligne le 24 mai 2011, j'avais rédigé ce billet deux ans plus tôt, mais Jonathan Buchsbaum m'avait demandé de ne pas le publier avant que le livre de Mark Jacobson ne soit édité. Maintenant que The Lampshade: A Holocaust Detective Story from Buchenwald to New Orleans (L'abat-jour : un enquêteur de l'holocauste de Buchenwald à la Nouvelle-Orleans) est sorti, je remercie Jacobson pour le scoop qu'il communiqua à mon ami new-yorkais qui me le confia à son tour le 2 septembre 2008.
Les habitants étaient alors plus préoccupés par le passage de Gustav que par les funérailles des victimes non identifiées de Katrina. Un ouragan chasse l'autre, mais le scandale n'a pas été effacé. Le gouvernement fédéral n'a pas fait grand chose pour reconstruire la ville complètement délabrée depuis 2005. Devinez pourquoi ? Avez-vous vu, par exemple, When The Levees Broke de Spike Lee ou la série Treme ? Et à qui appartiennent les quatre-vingt corps inhumés ? Pardon, six ! En effet, l'enterrement officiel, pour lequel Jacobson avait été prévenu à 6 heures du matin pour une cérémonie deux heures plus tard, concernait seulement six cadavres ! Où sont passés les autres ? Soixante quatorze corps avaient été enterrés la veille dans le secret... Quatre-vingt personnes non identifiées depuis la catastrophe, cela aurait fait trop mauvais effet pour la ville. Quatre-vingt portés disparus, non, quatre-vingt portés en terre sans avoir disparu. C'est énorme. Ne pas confondre avec les six cents disparus reconnus ! Ces quatre-vingt-là n'en font pas partie, ils n'ont simplement pas été réclamés, personne ne fut capable de les identifier. Leur nombre donne la mesure de la misère et l'escamotage celui de la mascarade. De quel pays parlons-nous ? Des États Unis d'Amérique.
Le livre de Mark Jacobson est une enquête sur l'origine de l'abat-jour en peau humaine de l'époque nazie qu'il a reçu d'un ami de la Nouvelle-Orleans juste après Katrina, et la réflexion qu'elle implique sur sa judéité.
La photo récupérée sur Internet porte la légende : Milvirtha Hendricks (1920-2009). Her little life was made larger because of the impact of Katrina on New Orleans (Courtesy: SF BayView).
En 1968, ma sœur et moi avions passé la journée à New Orleans, admirant les maisons et croisant un orchestre de jazz fidèle à la tradition. Ne connaissant aucun endroit pour y dormir, nous étions repartis le soir par un des Greyhound Buses qui nous avait amenés le matin-même. Nous passions ainsi la nuit sur les routes lorsque nous ne trouvions personne pour nous héberger. J'avais quinze ans, Agnès en avait treize et demi. Tout seuls nous avons fait le tour des USA pendant près de trois mois, voyage initiatique que je raconterai lorsque j'aurai retrouvé les diapositives... Une histoire en entraîne une autre. Trois ans plus tôt, le 12 août 1965, j'assistai à l'enterrement d'un type que je ne connaissais pas, mais qui portait le même nom que moi, à Stratford, Connecticut. Le rite m'avait estomaqué. Six Feet Under. Ce soir j'ai rouvert le journal illustré que je tenais en anglais...

mardi 18 juillet 2023

Deux mondes parallèles se croisent-ils à l'infini ?


Mon texte est un peu confus, il est tard, je ne sais pas par quel bout le prendre, mais à l'issue de la projection du dessin animé japonais Suzume m'est apparue une hypothèse sur le cours de la vie. Il était évident qu'à chaque instant de l'existence on peut choisir son chemin, comme s'il y avait au moins la possibilité entre deux. En vieillissant nous comprenons tous et toutes qu'à chaque étape l'on peut être une personne meilleure ou sombrer dans ses pires travers. Les rencontres, amicales, amoureuses ou professionnelles, sont déterminantes. Elles sont souvent fatales dans le bon ou le mauvais sens. À chacun/e d'en tirer les leçons qui nous permettront d'affronter l'avenir. Or ce soir-là, peut-être grâce à la poésie magique de ce film japonais et parce que je suis en quête d'un nouvel horizon, j'ai perçu que certaines rencontres incarnent explicitement des possibles, qui se résolvent ou pas. Si ce sentiment est partagé, le miracle peut avoir lieu et un nouveau chapitre voit le jour, peu importe sa durée dans le temps. Rien n'est éternel, mais la réciprocité est nécessaire. Si elle apparaît comme une évidence à l'un ou l'une des protagonistes, elle n'est pas forcément partagée, et la porte d'entrée s'ouvrira ailleurs un autre jour avec un ou une autre. Deux mondes parallèles se croisent-ils à l'infini ? Ce n'est pas l'absence de partage, mais plutôt sa visibilité dont il est question, car son invisibilité empêche l'histoire de se construire. On rate ainsi certaines occasions, sachant que d'autres situations permettront de réaliser son désir. Ce n'est donc pas l'incompatibilité qui fait obstacle, mais la cécité. Et celle ou celui qui entrevoit les perspectives avec espoir ne pourra ouvrir les yeux de l'aveugle, quelle qu'en soit l'origine. Cela revient probablement au même. Il est possible à certains ou certaines de percevoir ces vies possibles, quitte à ce qu'elles s'évanouissent faute de synchronicité, voire qu'elles semblent pouvoir se dérouler dans des univers parallèles, même si ces mondes resteront fantasmatiques, alors que d'autres se conjugueront au singulier. Le croisement n'attendrait heureusement pas l'infini ! Cette illusion est merveilleuse. Il existerait donc des voyants et des non-voyants, sachant que le temps est un facteur déterminant. Or il n'y aura jamais une seule histoire, la fusion est impossible, ou plus exactement en cas d'accord majeur l'histoire se déclinera différemment selon chaque interprétation. Les plus sensibles subiront sagement ou brutalement les occasions manquées, mais ils savent que le miracle est à leur portée à condition de ne jamais baisser les bras et de continuer à agiter leurs antennes.

vendredi 16 juin 2023

Pause du blog


Les chats, forcément casaniers, seront en de bonnes mains, tandis que je m'envole au Maroc faire le grand-père de garde pendant que les Spatistes sont ont en résidence à Tétouan. Lors de mon séjour je prendrai des notes et des photos qui alimenteront de futurs articles. Mais dès mon retour, je plancherai en équipe sur un jingle ferroviaire. Puis le 11 juillet est programmé l'enregistrement d'un nouvel album de la série Pique-nique au labo avec Emmanuelle Legros et Matthieu Donarier, le troisième depuis fin mai. Un quatrième le 19 juillet avec Olivia Scemama et Bruno Ducret, encore un autre le 4 septembre avec Hélène Duret et Rafaëlle Rinaudo, mais d'ici là c'est l'inconnu... Cela me laisse le temps de rêver ! Le volume 3 (les 2 premiers étaient réunis sous la forme d'un double CD) de ces rencontres est prévu avant la fin de l'année, de même que d'autres productions discographiques, vinyliques et numériques. mc gayffier a commencé à plancher sur la pochette, radioactive en référence au labo de Marie Curie. Pour l'instant ce sont les aventures marocaines dans le Rif qui m'accapareront... Reprise du blog le 3 juillet, date anniversaire à plus d'un titre...

mercredi 17 mai 2023

Instantané des âmes


Comme j'attends une amie journaliste pour lui conter ma dernière facétie Internet, 174 heures de musique inédite et gratuite [à l'époque seulement 60 !] sur drame.org et un album mis en ligne le jour-même de son enregistrement, je regarde les usagers du métro remonter de la station Belleville en rang serré et de face. Ma photo ne rend pas l'expérience non préméditée que je tente. Manque de culot ou respect de l'anonymat ? Probablement les deux.
Comme je cherche de laquelle des six bouches de métro peut surgir mon rendez-vous, j'élimine celle où la foule compressée entoure le marché de la misère, particuliers démunis vendant quelques rares objets de leur quotidien à des frères de galère, beaucoup d'hommes, très peu de femmes. Les sorties devant Paris Store et au milieu du boulevard charriant peu de voyageurs, j'ai le choix entre deux, proches de la rue de Belleville, occultant la remontée mécanique dissimulée que mon amie choisira évidemment, me surprenant dans mon exercice équilibriste.
Espérant l'apercevoir remonter l'escalier sur lequel j'ai jeté mon dévolu, je me concentre sur les mouvements de groupe, dévisageant chacune et chacun le plus rapidement possible. Il m'est impossible de m'attarder plus d'un quart de seconde sur une figure sans manquer la suivante. Au bout d'un moment j'attrape le rythme et commence à percer les regards éblouis par la lumière du jour comme épinglés par le flash d'un photographe. Plus j'insiste plus je m'enfonce dans ce qui est présent au delà de l'expression, cette arrière-pensée que les yeux ne sauraient cacher, le doute ou le bonheur, l'amertume ou la franchise, la distraction ou l'angoisse... Toutes les émotions du monde défilent devant moi comme des bolides dans un jeu vidéo. Cherchant à les attraper au vol, je les frôle comme un jongleur auquel toutes les quilles échappent, pas le temps de les toucher qu'elles repartent déjà dans un saut périlleux que le monte-en-l'air exécute pour ne pas se faire prendre à son tour. Vertige de l'improvisation qui n'autorise aucun faux-pas, j'étais aspiré par les figures de style de mon jeu lorsque mon amie sortit de nulle part, intriguée par mon air ahuri, comme si elle me réveillait en sursaut. Je lui expliquai que lorsque j'écris ou compose et que le téléphone sonne, mon interlocuteur s'excuse toujours d'interrompre mon sommeil.

[Depuis cet article du 24 février 2011, mon amie journaliste n'a plus rien relaté de mon travail, mais d'autres ont pris le relais. Il y a quelques années, comme beaucoup d'artistes, étonnamment même parmi les plus célèbres, j'ai compris ou accepté de ne pas recevoir la reconnaissance de celles et ceux dont je l'espérais. Heureusement celle du grand public, plus anonyme et forcément dispersée, fut et reste une formidable récompense qui m'a finalement réconcilié avec ce fantasme.]

lundi 8 mai 2023

Infernet de Pacôme Thiellement


Le douzième et dernier épisode vidéo d'Infernet de Pacôme Thiellement m'a donné envie de pédaler jusqu'à la présentation de son livre à la librairie du Monte-en-l'air. Je n'ai pas été déçu. L'essayiste, érudit et généreux, sait raconter des histoires. D'abord celle qui le lie à Blast, site d'information indépendant lancé par le journaliste d'investigation Denis Robert, connu entre autres pour ses remarquables enquêtes sur la chambre de compensation Clearstream. Ensuite pour son commentaire sur le recueil de textes qui furent écrits en amont des vidéos réalisées par Mathias Enthoven et Ameyes Aït-Oufella. Pacôme Thiellement s'appuie sur des faits-divers contemporains et des légendes urbaines autour des réseaux sociaux pour dessiner un portrait terrible de notre société et de ce qu'elle fait de nous. Immanquablement de nous si vous me lisez sur votre écran.


En douze chapitres plus un treizième inédit intitulé Internet et moi [une confession] Pacôme Thiellement conte des évènements dramatiques qui peuvent nous sembler drôles s'ils n'étaient tragiques pour celles et ceux qui les ont vécus. Ces histoires sont symptomatiques du monde virtuel dans lequel nous évoluons et qui nous transforment, souvent insidieusement. Certaines sont célèbres, toutes proviennent d'exemples américains tout simplement parce que le territoire y est propice et que l'auteur parle leur langue : Marina Joyce, la « kidnappée » du réseau social ; Gabby Petito, l’influençeuse lifestyle tuée par son amoureux lors de leur roadtrip documenté au quotidien sur Instagram ; Manti Te’o, la star du football victime d’un catfish sur Twitter ; Nikocado Avocado, un YouTubeur qui fait des mukbangs à se tuer la santé pour faire des vues ; Michelle Carter et Conrad Roy, les amants Facebook maudits… Chaque évocation se termine par une sorte de morale à la manière de La Fontaine, ou plus exactement une petite conclusion critique et sociale, sorte de translation vers nos propres vies à laquelle nous n'échappons pas. De la prison YouTube dont nous sommes potentiellement résidents, kidnappés du spectacle, aux risques liés à notre rôle d'influenceurs, du masque des avatars semant la confusion aux fantômes de nos échanges amoureux, de notre isolement à la perte de nos repères, de notre désir de pouvoir à l'auto-dévoration du capitalisme... Pacôme Thiellement a quitté FaceBook. Les réseaux sociaux qui sont marqués par le calcul, le narcissisme, la concurrence, l'espionnage, la malveillance et l'humiliation ne sont heureusement pas Internet.


Il y avait foule au Monte-en-l'air où Thiellement dédicaçait gentiment son ouvrage. Denis Robert et Florent Massot l'accompagnaient. Je m'interrogeais sur mon propre usage de ces réseaux qui entretiennent peut-être l'illusion d'un lien social. Ce blog publié sur drame.org, en miroir sur Mediapart, tracé sur FaceBook, Twitter et Instagram participe-t-il à cet enfer alors que j'aurais aimé l'imaginer comme une porte vers un nouveau monde, une alternative à l'abrutissement ? Mes élucubrations sont-elles absorbées par le labyrinthe dans le labyrinthe ? Comment remplacerais-je ce travail critique et militant qui glisse de temps en temps vers l'analyse ? À quoi utiliserais-je les trois heures quotidiennes qu'exigent mes articles ? Vivre aujourd'hui implique des contradictions souvent douloureuses. En fut-il de toutes les époques ?


Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous l'épisode qui m'a donné envie de découvrir le reste, de quoi nous dégoûter à jamais du réseau social sur lequel je reproduis quotidiennement ce blog.

→ Pacôme Thiellement, Infernet, ed. Massot en collaboration avec Blast, 20,90€

lundi 24 avril 2023

La peur tue le désir


Amusant de retrouver cet article du 22 décembre 2010, plus d'actualité que jamais treize ans plus tard, à une époque où beaucoup se cherchent, entre le polyamour et l'asexualité, ou simplement poursuivant le désir romantique de trouver la compagnon ou la compagne de ses rêves. Et les années n'arrangent rien lorsque l'on refuse de laisser cicatriser ses plaies...

La psychothérapeute jungienne de M. lui tend un petit caillou sur lequel est inscrit le mot "PEUR" et lui demande de le retourner. Sur l'autre face M. lit "DÉSIR".
La peur tue le désir, pas seulement celui qu'inspirerait l'avenir, mais aussi celui de l'instant présent. Par peur de ce qui pourrait advenir mais dont on ignore tout, alors que l'on vit dans la frustration et l'insatisfaction, l'on s'empêcherait de vivre autre chose demain, et aujourd'hui la chose, ça ! Quoi ça, ? Hé bien ça, comme chantaient Jacqueline Maillan et Bourvil pastichant Je t'aime, mon non plus de Serge Gainsbourg.

Cette même peur fait voter les citoyens pour leurs bourreaux. Ils préfèrent perpétuer une souffrance qu'ils connaissent à une éventualité dont ils ignorent tout, mais dont ils craignent qu'elle soit encore plus douloureuse. L'analogie avec le champ politique se poursuit...

C'est ainsi que nombreux jeunes adultes sombrent dans l'abstinence sans prendre la mesure de la situation. Autrefois il était courant d'entendre des quadragénaires, particulièrement des femmes, revendiquer ce renoncement. Ces déçu/e/s de la vie étaient souvent des personnes mariées trop tôt ou avec peu d'expériences sexuelles avant la fondation du modèle social du couple. Il est certain que dégagé des tourments du sexe et de l'amour (la confusion peut exceptionnellement sembler ici pertinente) leur vie s'en trouvera simplifiée, mais à quel prix ? Il est si triste de rencontrer des individus qui n'ont d'appétit ni pour manger ni pour faire des galipettes. Cela va souvent de paire. De fesses ou d'yeux. Sans compère ce con perd.
On pourrait évoquer bien d'autres causes pour justifier la perte de la libido. La société de consommation n'arrange pas l'affaire. Combien d'enfants parmi la classe bourgeoise expriment leur "besoin de rien" au moment des cadeaux de Noël ? Ce qui peut paraître sain dans une optique de décroissance s'avère relativement inquiétant si le désir s'efface devant un flou qui n'a rien d'artistique. Les représentations de la sexualité qui s'étalent dans les grandes vitrines ou la petite lucarne formatant le désir participent aussi à la destruction. Les petits couples attendrissants parfois distillent des parfums de mort. Il faut du courage pour combattre l'opulence et le formatage. Savoir ce que l'on veut, ne pas craindre de revoir son système de repères, remettre son titre en jeu, partager ses rêves, sont des conditions sine qua non pour s'accrocher au vecteur qui tend vers le bonheur. Le passage à l'acte exige de combattre sa peur pour que renaisse le désir.

vendredi 7 avril 2023

Solidarité


Face à la répression et à la dérive extrême-droitière du gouvernement, ce matin j'ai adhéré et fait une donation aux SOULÈVEMENTS DE LA TERRE, puis fait un don à la LIGUE DES DROITS DE L'HOMME.
Cette action, qui ne mange vraiment pas de pain, est du même type que celles de tous les jeunes (de tous âges !) qui se radicalisent, écœurés par l'usage du 49.3 et des armes de guerre contre les manifestations absolument légitimes, en particulier la violence récente aux méga bassines.
L'arrogance a toujours perdu les puissants, et ceux qui nous mènent à notre perte sont bien partis. Lorsque je dis nous, je ne pense pas seulement à l'espèce humaine, mais à tout ce qui vit sur notre planète...

mercredi 5 avril 2023

Touché !


Une amie s'interrogeait récemment sur son intérêt pour la décapitation, bien qu'elle ne soit nullement tentée par sa pratique, rassurons-nous. Notez tout de même qu'à l'appel d'embauche du dernier bourreau, avant la suppression de la peine de mort en 1981, trois cents personnes se proposèrent pour faire fonctionner la guillotine. Il eut été passionnant de faire une enquête pour savoir ce qu'étaient devenus les candidats malheureux !
Comme nous marchions dans l'obscurité, je remarquai que la coupure partageait nos cinq sens au niveau du cou de manière inégale. La vue, l'ouïe, l'odorat et le goût roulaient dans la sciure tandis que le toucher restait à genoux. Approchons-nous du crâne et du cerveau qu'il abrite pour constater que notre sensibilité s'exerce essentiellement par la vue et l'ouïe, laissant loin derrière l'odorat perdu au fil des siècles et le goût dont la marge de manœuvre se réduirait à quatre paramètres, sucré-salé-acide-amer si les Japonais n'ajoutaient l'umami qui permet d'identifier le glutamate et le kombu [et d'apprécier l'ail noir]. Dans nos sociétés policées on touche peu, sauf les travailleurs manuels à qui leur profession évite d'être accusés de pelotage ! L'outil n'est pas non plus le doigté. Les masseurs, médecins, coiffeurs, etc. ont ce privilège. Une Italienne me confirmait hier soir que lorsqu'elle touche ses interlocuteurs, pratique courante dans son pays, les Français regardent sa main, ce qui devient pour elle embarrassant. On caresse son chat ou son chien, mais aujourd'hui on prend de dangereux risques avec les enfants, même si ce sont les siens ! Les mères indiennes massent les leurs, mais s'appuyer sur le bras de votre voisin ou de votre voisine produit souvent un malaise et sème la confusion... On tombe vite sur un tabou que la sexualité saura braver dans l'intimité. Les ébats sont d'autant plus frénétiques ou sensibles que "le toucher nous est ravi", comme je l'écrivais dans la chanson Camille du CD Carton. Contrairement aux autres sens, le toucher n'est pas raisonnable. Il ne s'expose vraiment que dans la sublimation du corps, peau à peau.
Mon amie touche donc du doigt un sujet épineux. Sans le savoir elle identifie la ligne pointillée qui sépare le corps du cerveau. Il ne s'agit nullement de la question de la mort qui pourrait s'exprimer de mille autres manières, mais de la relation qu'entretiennent le senti et le réfléchi. Ainsi le corps s'abandonne au chaos tandis que le cerveau prend le contrôle.

Illustration : Exécution sans jugement chez les rois maures de Henri Régnault (1870) par Pierre Oscar Lévy pour l'exposition Révélations au Petit Palais à Paris (2010) [dont on peut admirer les films sur YouTube]

Article du 9 septembre 2010

lundi 3 avril 2023

Autre chose


Je cherche encore et toujours à faire autre chose. Pas le contraire ni autrement. Juste autre chose. Au début c'était facile. Sans idée préconçue, sans rien savoir, on avance sans se préoccuper si c'est le noir ou la lumière. Enfant j'étais somnambule. Je courais autour de la table de la salle à manger, les fesses à l'air, les yeux fermés. C'est plus tard que je me suis cogné aux rebords. Comme si j'avais une mauvaise appréciation de ma carrure. Mon petit orteil gauche et les poignets de mes chemises en ont fait les frais. Aujourd'hui j'avance avec prudence. C'est contrariant. Je courais toujours, roulais vite, sautais par dessus les barrières, enchaînais les phrases à la mitraillette du verbe. Il fallut apprendre à prendre son temps sans se répéter. La virtuosité ne m'a jamais intéressé. Mais le sang froid dans les moments brûlants. Ou le sang chaud sur les glaciers. Ça, oui. On appelle improvisation cet art de l'instant où chaque geste justifie le précédent. Comme j'ai aimé ne pas savoir ce qui adviendrait ensuite ! J'en oubliais mon naturel inquiet. Dans le feu de l'action. Penser à tout à la fois. Être au four et au moulin sans se brûler les ailes pour avoir su sauter du train à temps. Comme mon père. Du grain à moudre. J'essaie de me souvenir. Des images très anciennes resurgissent de plus en plus souvent. La première fois n'est jamais la première. Renvoyant mon corps actuel dans le décor du passé j'identifie l'antécédent. J'étais déjà. Ébahi ébloui révolté réveillé engagé entouré. L'enjeu est dans le dernier terme. Je ne sais rien faire seul. Ou, plus exactement, cela ne m'intéresse pas. Je chéris le collectif dans sa complémentarité et le partage. Confrontation nécessaire. La dialectique crée le mouvement. Ici le conflit bienveillant, ailleurs la lutte contre l'oppression et l'absurdité criminelle. J'ai dû apprendre à ne plus réagir au quart de tour face à l'injustice. Trop de souffrance en découlait. Il fallut remonter la pente, synapse après synapse. La syntaxe fut salvatrice. Elle l'est toujours. Art du montage. L'ellipse est dans la collure. Appris très tôt que l'important est ce qu'on enlève, pas ce qu'on garde. Cut. C'est dire si le flux m'ennuie. Rejoignant la problématique de la création qui ne peut être l'affaire d'un seul. L'énigme réside dans la filiation ou le compagnonnage. L'univers en est un bel exemple. Fruit de la résultante des forces. Sans partenaire régulier je ne sais qu'effleurer la surface des choses. Dans la liesse je creuse mon sujet qui prend du volume en marchant. Je passe alors en quatrième. Merci Albert ! La musique devient cantique profane. En attendant je prépare le terrain, j'arrose les plantes, je fais tourner les machines, cherchant les mots, les miens et ceux des autres.

lundi 27 mars 2023

Le temps des cerisiers


L'image riquiqui ne permet pas de voir l'arrière-plan. Rentré hier d'un déjeuner chez Shodai Matcha près de la station Arts et Métiers, j'ai traversé le square Emmanuel Fleury au-dessus du périphérique entre la Porte de Bagnolet et celle des Lilas. Ce serait plus juste de citer la Porte de Ménilmontant qui est entre les deux, mais peu de gens connaissent ce moyen de rentrer et sortir de Paris sans les éternels embouteillages. Promenade digestive après un bibimpap et une des meilleures glaces au vert intense de la capitale. Dans le square qui recouvre le Périph' les cerisiers sont en fleurs. La première véritable impression de printemps, ce qui n'était pas le cas le matin-même à devoir stupidement régler les horloges sur l'heure d'été. Je déteste ce hoquet qui rompt la perception des saisons. Certains Japonais voyagent du nord au sud de leur île pour admirer cette floraison blanche ou rose qui éclot au fur et à mesure le temps d'une semaine. Alors pardonnez le fossé avec le paragraphe suivant. Le grand écart n'est pas des plus seyants.
Car la veille j'avais suivi en direct la manifestation aux mégabassines que la police de Macron empêchait d'approcher avec la plus grande violence alors qu'il n'y avait rien à défendre qu'un trou et quelques tuyaux, un immense trou dont l'absurdité n'est plus à démontrer. J'ai tout de même inséré un lien pour celles et ceux qui ne connaissent pas l'enjeu de ces retenues d'eau qui pompent les nappes phréatiques aux profits de quelques rares grandes exploitations et assèchent la majorité des autres. À Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres il y avait un autre parfum de printemps, l'odeur de mes quinze ans quand la grève générale eut raison de son président. Vendredi, à défaut d'y être, j'avais envoyé ma voiture convoyer la fanfare La clé de lutte ! Parce que face à tant d'arrogance et de stupidité de la part du gouvernement, face à la brutalité d'une police surarmée, face aux 49.3 antidémocratiques (quelle que soit sa définition de la démocratie ou de ce qu'elle prétend représenter), il ne reste plus que la grève générale. Quand on est prêt à tout perdre, on peut tout gagner. Or aujourd'hui une grande partie de la population a déjà tout perdu. Comment vivront les Gilets Jaunes qui n'avaient pas de quoi finir les fins de mois avec l'inflation galopante qui nous menace ? Les révolutions naissent de la famine, or il est des quartiers où elle prolifère doucement sans que ceux qui nous gouvernent en aient quoi que ce soit à faire. La bataille de l'eau est symptomatique de ce qui nous attend si on laisse le capitalisme détruire la planète. La catastrophe sociale sera encore plus meurtrière si on n'arrête pas le représentant des banques à faire toujours plus de cadeaux aux ultra-riches en appauvrissant les plus démunis, en saccageant les ressources naturelles de la Terre, massacrant les opposants pour intimider ceux qui souffrent sans oser se rebeller. Et gai rossignol, et merle moqueur seront tous en fête, les belles auront la folie en tête, et les amoureux du soleil au cœur...
Le nom d'Emmanuel Fleury est de circonstance. Syndicaliste, résistant, secrétaire des Amis de la Commune, il commença ouvrier agricole, fut révoqué des PTT de 1929 à 1936 pour fait de grève, exclu de la CGT en septembre 1939 pour ne pas avoir désapprouvé le pacte germano-soviétique, joua un rôle de premier plan dans la grève des postiers, un des préludes essentiels dans la Libération de Paris. Son nom et sa vie réfléchissent à eux seuls le sens de cet article.

vendredi 17 mars 2023

Dangers et limites de l'IA par elle-même


J'ai demandé à ChatGPT "Quels sont les dangers de l'IA ?". L'application d'intelligence artificielle m'a répondu :

L'intelligence artificielle (IA) présente plusieurs dangers potentiels, notamment :
1. Les biais : les algorithmes d'IA peuvent refléter les préjugés ou les discriminations de leurs concepteurs ou des données sur lesquelles ils ont été entraînés. Cela peut entraîner des résultats injustes ou discriminatoires, notamment dans les domaines de l'emploi, de la justice ou de la santé.
2. Le remplacement d'emplois : l'IA peut automatiser certaines tâches, ce qui peut entraîner la suppression d'emplois ou la réduction des salaires dans certaines industries. Cela peut avoir des conséquences économiques et sociales importantes.
3. Le contrôle des données : l'IA dépend des données pour fonctionner, et les entreprises ou les gouvernements qui contrôlent ces données peuvent utiliser l'IA pour surveiller ou contrôler les individus.
4. Les cyberattaques : l'IA peut être utilisée pour concevoir des attaques informatiques sophistiquées, ce qui peut compromettre la sécurité et la confidentialité des données.
5. L'impact environnemental : l'IA nécessite des ressources importantes en termes d'énergie et de traitement de données, ce qui peut avoir un impact négatif sur l'environnement.
Il est donc important de mettre en place des réglementations et des éthiques rigoureuses pour l'utilisation de l'IA afin de minimiser les risques et d'assurer que son développement se fasse dans l'intérêt de la société dans son ensemble.

Comme cela ne me suffisait pas, j'ai renchéri : "quelles sont les limites de l'IA ?"

L'intelligence artificielle (IA) a fait d'énormes progrès ces dernières années, mais il existe encore des limites importantes à son utilisation et à son développement. Voici quelques-unes des limites les plus importantes de l'IA actuelle :
1. Apprentissage limité : Les algorithmes d'apprentissage automatique utilisés dans l'IA ont besoin d'une grande quantité de données pour fonctionner correctement. Dans de nombreux cas, ces données ne sont pas disponibles ou sont de mauvaise qualité.
2. Compréhension limitée : L'IA est très bonne pour résoudre des problèmes spécifiques dans des domaines limités, mais elle a du mal à comprendre des situations complexes ou à s'adapter à des situations imprévues.
3. Limites du traitement du langage naturel : Les systèmes de traitement du langage naturel (NLP) de l'IA peuvent comprendre et produire du langage humain à un niveau de base, mais ils ont encore des difficultés avec les nuances et les subtilités du langage humain.
4. Biais : Les algorithmes d'IA sont formés sur la base des données qu'ils reçoivent, et si ces données sont biaisées, cela peut se refléter dans les résultats de l'IA. Il est important d'être conscient de ce biais et de travailler à le réduire.
5. Manque d'empathie : L'IA n'a pas la capacité d'empathie ou de compréhension des émotions humaines, ce qui limite sa capacité à interagir avec les êtres humains de manière significative.
6. Éthique : Les décisions prises par les systèmes d'IA peuvent avoir des conséquences importantes sur les êtres humains, et il est donc important d'adopter une approche éthique pour la conception, le développement et l'utilisation de l'IA.
Il est important de noter que ces limites ne sont pas insurmontables et que de nombreux chercheurs travaillent sur des solutions pour les surmonter. Cependant, il est important de reconnaître que l'IA a encore des limites importantes et qu'elle ne peut pas remplacer complètement l'intelligence humaine dans tous les domaines.

No comment.

jeudi 2 mars 2023

Mairie des Lilas comme si c'était une gloire


Voilà 22 ans que j'habite à proximité du métro Mairie des Lilas et qu'il est question du prolongement de la ligne 11 qui desservira Romainville, Montreuil, Noisy-le-Sec, Rosny-sous-Bois... En attendant, la ligne est fermée pour travaux et essais des nouvelles rames MP14, les soirs à partir de 22h du mardi au jeudi inclus jusqu'au 28 septembre 2023, et totalement entre les stations Belleville et Mairie des Lilas du vendredi 24 mars au dimanche 2 avril 2023. Le métro devrait être enfin opérationnel au printemps 2024.



Le 13 juillet 2010 j'écrivais :
Station Jourdain j'ai pensé aux parents seuls avec poussette lorsqu'il n'y a ni ascenseur ni escalator. Qu'est-ce qu'on attend pour soulager le fardeau des vieux, des handicapés, des mômes, des porteurs de valises et des râleurs ? Le train s'est arrêté au milieu du tunnel. Le conducteur pensait-il à un miracle lorsqu'il a prononcé Marie des Lilas comme si c'était une gloire ? Au terminus, je me suis ému d'une petite blonde, une canette de bière à la main, retenant ses larmes face à son punk à crête qui ne cédait pas au chantage affectif. Elle a fini par lui emboîter le pas. Combien de temps faut-il pour apprendre à ne pas se faire soi-même du mal quand on est contrarié ?
Un Africain en salopette bleue balayait consciencieusement en bas des marches. En haut, les habitants avaient ouvert leurs portes pour laisser le vent s'engouffrer. Parfois, le rideau de fer à moitié baissé ne laissait entrevoir que leurs jambes. Au premier étage des Arabes regardaient la télé au milieu des lits superposés. J'avais totalement échappé au Mondial. Moi qui suis toujours en colère sans n'être plus énervé, j'arborais mon regard attendri des soirs d'été lorsque l'on est amoureux. On dit bonsoir à des inconnus, on leur sourit. Combien de temps faut-il pour apprendre que la bienveillance est inutile si nos interlocuteurs ne sont pas réceptifs ? On donne à qui peut prendre. On parle à qui veut l'entendre. La moindre insistance braque celles ou ceux que les miroirs désespèrent. On a beau leur dire qu'on est comme eux, leur porte est cadenassée. Un chauffard dévale la rue à fond la caisse, toutes vitres fermées. J'ai d'abord cru que c'était pour faire de l'air. Plutôt une illusion de puissance.
Nous essayons de vivre ensemble, mais le passé dicte nos pas avec la brutalité des inconscients multipliés. On fait payer à ses proches le déficit des années antérieures. Et cela ne date pas d'hier ! Jusqu'à combien de générations faut-il remonter pour comprendre ce qui nous torture ? Si nous étions capables de marcher autrement qu'à reculons vers le futur, atteindrions-nous la sagesse ? Impossible, tel le bonheur on peut y tendre ou y prétendre, ce ne peut être un but, tout juste un vecteur. La paix intérieure permet de relever la tête et de se battre contre les démons, les siens, ceux des autres, l'humanité tout entière. Le concept de B.A., la bonne action des scouts, n'est pas si débile, pas que l'on s'y adonne mécaniquement pour se donner bonne conscience, mais parce qu'elle oblige à s'interroger sur notre vie pétrie de conventions et d'habitudes.

vendredi 10 février 2023

Encouragements et félicitations


Dans le film de 1936 de Robert Siodmak, "Le chemin de Rio", dont on entend des bribes dans le premier disque d'Un Drame Musical Instantané, "Trop d'adrénaline nuit", enregistré en 1977, Marcel Dalio fait ses "compliments !" à Jules Berry qui lui répond "Vous me décorez...". Dialogue cynique de part et d'autre puisqu'il s'agit, si je me souviens, de traite des blanches !
J'entends que les artistes apprécient les compliments, or ce n'est pas la question. La plupart vivent dans le doute et font mine d'être forts pour arriver à continuer, avec le besoin d'être rassurés. Un de mes amis clame haut et fort qu'il est génial avant d'éclater d'un rire rabelaisien. Si un admirateur lui déclare qu'il est génial, mon camarade risque tout bonnement la larme à l'œil. Hypersensible camouflé en frimeur, il préfère rigoler que pleurer. Le compliment est un terme trop flou pour que l'on sache s'il est feint ou réel. Les artistes n'ont pas besoin de félicitations pour travailler, car elles arrivent en fin de parcours lorsque tout est terminé. Par contre les encouragements sont indispensables à la bonne marche des affaires. Si l'encours est délicat, la félicité n'existe pas pour l'artiste dont l'insatisfaction perpétuelle est garante de sa créativité.

Article du 6 juillet 2010
Photo : Pierre Oscar Lévy

mercredi 8 février 2023

La Chine vue de travers


Dans Libération du jeudi 13 mai 2010...
[...] En avant-dernières pages de Libé, la réalisatrice Isabel Coixet qui fait trôner un baigneur de 6 mètres de haut dans le pavillon espagnol de l'exposition universelle de Shangai, un truc hideux nommé Miguelín, souriant, gazouillant et remuant la tête, ne se contente pas d'étaler son stérile égocentrisme à propos des enfants, elle explique son choix pour "faire passer un message aux Chinois". Et là je cite, parce que cela vaut son pesant d'arrogance et de mépris post-colonial, motivé par une inculture crasse et honteuse : "Au pays de l'enfant unique et du bébé roi, celui-ci fait un tabac ! Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas tout de faire des enfants. Il faut aussi leur donner une bonne vie : la liberté d'expression, l'égalité, l'assurance-maladie, un monde sans pollution, tout ce qui manque en Chine !" Ah, la civilisation ! On croirait entendre les explorateurs découvrant les premiers Pygmées dans les années 20. Quelle condescendance ! En reprenant les termes de sa leçon aux petits Chinois, banalité ressassée à longueur de temps par tous les prétendus tenants de la démocratie, je m'interroge sur le pays où son bébé qui fait des bulles fut construit, puisque, bien qu'espagnol, il est "made in USA". Commençons par le tabac dont la Chine est le premier producteur et manufacturier au monde. Ce n'est pas vraiment la question, d'accord. On s'interrogera par contre sur l'enfant-roi (n'avons-nous pas gâté nos petits princes et nos petites princesses, et ce quelle que soit la classe sociale en comparaison du reste du monde ?), sur l'égalité dans les pays occidentaux où l'écart entre riches et pauvres se creuse sans cesse dans des proportions scandaleuses, sur l'assurance-maladie (la récente réforme obamesque sur la santé est un cadeau aux assurances devenues obligatoires y compris à ceux qui n'en ont pas plus les moyens qu'avant !), sur la pollution à l'heure où la côte sud des États Unis est engluée dans le pétrole BP et où nous continuons à ne rien faire pour ralentir la catastrophe planétaire, et même sur la liberté d'expression où toute notre presse est aux mains du Capital et où les États cherchent à contrôler Internet comme tout le monde [...].
Peut-être devrions-nous aussi rappeler à cette dame qui n'a pas inventé la poudre tout ce dont nous avons hérité de ce peuple cruel et inculte : le papier, l'imprimerie, la boussole, le compas, l'horloge, la soie, la porcelaine, le papier-monnaie, le forage, le sismographe, la brouette, le gouvernail axial, le parapluie, l'allumette, les pâtes, la bière, le thé, etc. Aujourd'hui le "Made in China" montre bien l'hypocrisie et le cynisme des libéraux que personne ne force à aller tout faire fabriquer là-bas. Nous profitons des prix en condamnant ce qui les y autorise. L'ultra-libéralisme associé au parti unique fait rêver plus d'un pays occidental en dessinant un modèle qui fait froid dans le dos. Les services de communication de nos états cherchent à camoufler et atténuer l'emprise chinoise par des campagnes de dénégation. Je ne vais pas recommencer avec le bourrage de crânes sur le Tibet, Slavoj Žižek en ayant fait en son temps une remarquable démonstration dans le Monde Diplomatique...
La Chine n'est certes pas un modèle, mais qui prétendons-nous représenter pour lui donner des leçons ?

Article du 15 mai 2010

mardi 7 février 2023

Reconnaissance faciale et deepfakes


Au moment où la CNIL s'oppose aux systèmes de sécurité ayant recours à la reconnaissance faciale envisagés pour les prochains jeux olympiques par le gouvernement, la saison 2 de l'excellente série TV The Capture en rajoute une couche sur les deepfakes, ces enregistrements vidéo ou audio bidonnés, réalisés ou modifiés grâce à l'intelligence artificielle. La saison 1 était déjà brillante, la suivante n'a rien à lui envier. En regardant ce thriller haletant diffusé par la BBC, on sent hélas que ce n'est qu'une question de temps pour que la vérité des images et des sons ne soient plus qu'une fiction. Hollywood multiplie les films à effets tels les productions Marvel qui montrent des super héros en proie à des activités incroyables. Ces spectacles illusionnistes existent depuis les débuts du cinématographe lorsque L'entrée du train en gare de La Ciotat affola les premiers spectateurs. Mais, depuis, le degré de réalité est devenu plus vrai que nature. De même, la manipulation d'opinion a atteint des niveaux de sophistication qu'Edward Bernays avait imaginés, et testés hélas avec succès. Les médias de masse tombés entre les mains de quelques acteurs privés mettent les états en coupe réglée. Par quel subterfuge faudra-t-il passer si l'on ne veut pas sombrer dans le déni et la paranoïa du complot, le risque étant de ne plus croire rien ni personne.


Depuis quelques mois les applications ayant recours à l'intelligence artificielle (IA) deviennent accessibles à tout un chacun. Elles ont illico fasciné les créateurs, en particulier les graphistes. Les meilleurs savent qu'ils n'ont rien à craindre de ce nouvel outil dont ils sauront se jouer. Les tâcherons ont par contre du mouron à se faire. Il y aura un avant et un après. Mais il faut ruser avec les applications pour ne pas aboutir au tout venant, la recherche s'appuyant sur l'existant. Or l'existant est essentiellement constitué de banalité. C'est donc entre les mailles du filet qu'il faut se glisser pour trouver de quoi alimenter son travail sans perdre son style propre. Pour la musique ou le texte, dont les expressions contemporaines sont très en retard dans l'assimilation du public, les premiers essais sont donc forcément beaucoup moins convaincants au vu du corpus diffusé sur la Toile.

En ce qui concerne les systèmes de sécurité, il n'est pas question de créativité. La surveillance des réseaux de communication et le recoupement des fichiers montrent déjà comment le commerce ou l'administration récupèrent nos données intimes. Des sociétés comme Thales, Ineo, XXII, Wintics ou Foxstream se frottent les mains. Ce seront les mêmes qui fabriqueront les deepfakes et devront déjouer ceux de l'ennemi. L'ennemi ? Voilà plusieurs décennies que les services de renseignements de tous les pays accompagnent leurs industriels nationaux. Si la mode est aux séries d'espionnage, ce n'est pas un hasard. La guerre de l'information est souvent plus importante que les combats sur le terrain. Pour avoir été témoin par le passé de certaines falsifications de l'Histoire alors que j'étais réalisateur en zone de conflit, je ne peux que m'inquiéter de ces nouvelles armes perverses qui permettent aux cyniques de citer le film L'homme qui tua Liberty Valance de John Ford, quand Edmond O'Brien lance à James Stewart : "When the legend becomes facts, print the legend !" (plus ou moins bien traduit "Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende !"). N'est-il pas surtout question de contrôle et d'asservissement ?

mardi 6 décembre 2022

Le décalage


En exprimant mon humeur du moment, plutôt en l'imprimant, oserais-je dire, même si les caractères à l'écran sont volatiles, je risque chaque fois le décalage. À l'usage je peux affirmer que ce n'est plus un risque, mais une réalité, puisque la publication du moindre article date au mieux de la veille. L'horodateur affiche souvent minuit, l'heure du crime, ou les minutes qui suivent. Or au dateur la bascule des humeurs s'est forcément déjà produite. N'y voir là aucune inconstance, mais une résilience à toute épreuve, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Les bonnes nouvelles succèdent aux mauvaises, mais le cycle imperturbable est pour chacun, chacune, inévitable. J'ai inlassablement répété que, si le cycle touche toutes nos actions, le son et la lumière, la vie sur Terre, les merveilles et les revers, il est toujours possible d'entretenir les crêtes et d'en réduire les creux sur l'axe des abscisses. Puisqu'il semble impossible d'agir sur celui des ordonnées. C'est à ce fabuleux désordre que je dois mon bonheur, la faculté de se reprendre en mains et d'envisager l'avenir de façon vectorielle. Le présent est si fugace que longtemps je ne sus le saisir. Comme en arabe, seuls l'accompli et l'impératif guidaient mes pas. C'est bien d'une discipline qu'il s'agit, une autodiscipline, probablement la seule qui me sauve des routines imposées auxquelles je n'ai jamais pu me plier, ce qui revient aux mèmes. Les amies qui savent me lire entre les lignes s'inquiéteraient facilement si je ne les avertissais avant publication que la misère est déjà derrière moi. Pratiquant scrupuleusement ce que je prône, la rémanence des heureuses nouvelles a le mérite d'éclairer souvent les jours qui suivent. Il n'est par contre pas question de prévenir qui que ce soit que le soufflé est retombé. La bienveillance dont je suis l'objet ne mérite pas qu'on y jette l'ombre de ce qui est hélas révolu. On notera que lors de ces révolutions le soleil est de face. Éblouissant, aveuglant si l'on n'y prend garde, réchauffant à condition de s'y prélasser. Fi de ces généralités, on comprendra que j'ai failli décrire un petit moral, mais en utilisant certains verbes au passé je suggérai que je pouvais espérer que ce soit déjà de l'histoire ancienne. Et en m'adressant à vous je minimisais l'effet sur mon conscient. L'autre fait ce qu'il veut, je n'ai que très peu de prise. On se fait des montagnes de vaguelettes, les éléments se déchaînent, les séries font la loi, mais la nuit porte conseil. Sauf qu'à ce jeu de la veille on finit par piquer du nez l'après-midi. Et puis le soir on se réveille. Au loin j'entends pourtant les violons de l'automne.

La photo est un instantané de Gerridae, réponse oraculaire à ce qui généra le petit texte du jour.

lundi 21 novembre 2022

Elle est retrouvée. Quoi ? L'Eternité. C'est la mer allée avec le soleil.


Jeune homme, mon romantisme adolescent était incapable de concevoir le sexe sans amour. L'inverse semblait hélas envisageable à la lueur de mes premiers échecs, même si j'appris très vite qu'il n'y a de véritable amour que dans l'échange. Seuls les croyants, amants éternellement éconduits, peuvent imaginer qu'il en soit autrement ! Si l'amour n'existe qu'en duel, tout pubère sait déjà que le sexe n'a besoin de personne. Je ne suis pas certain d'avoir tant mûri pour revenir sur ces préceptes mathématiques. Le fantasme laisse la porte ouverte, mais la réalité ne m'a jamais offert d'autre liberté que dans la fusion des sentiments et des corps. Ma génération s'étant particulièrement interrogée sur sa sexualité jusqu'à l'expérimentation méthodique, parallèlement au dérèglement de tous les sens, dans une optique paradisiaque pour les plus fragiles ou pédagogique pour les plus aventuriers, la question de l'amitié est celle qui résista le mieux à la rentrée dans le rang social.
S'il existait une hiérarchie entre amour et amitié, je dirais que, contrairement à la convention, le premier est perpétuel et la seconde est passagère. L'amour ne peut être que conflictuel dès lors qu'il est caractérisé par la franchise, même en y mettant des gants. Comment traire une puce avec des gants de boxe ? S'épanouissant dans la confiance, il délie les langues et ne saurait s'encombrer des tricheries que l'on s'autorise avec soi-même, en faux ami. Même si les chemins bifurquent, l'amour ne saurait être révisé car il aura marqué un temps, une époque vécue, tel que toute tentative négationniste reviendra à se nier soi-même puisque l'autre aura toujours été choisi. Il ne peut y avoir de victime dans les jeux de l'amour qui ne sont jamais de hasard. Je fredonne la chanson qu'Elsa entonnait sur la scène du Glaz'Art à la soirée de lancement de Machiavel il y a déjà douze ans [24 aujourd'hui] : "I shall always love the ones I've ever loved before".

L'amitié, par contre, joue des points de concordance et ne s'embarrasse pas des dissensions. Ce n'est qu'un bout de chemin emprunté ensemble. On n'a pas tant de vrais amis. La vie nous éloigne souvent sans toujours nous rapprocher. Loin des yeux, loin du cœur. J'ai noté que chaque année je perdais un ami pour en rencontrer un nouveau. Leur nombre est stable. L'amitié ne semble pas exiger l'exclusivité de l'amour, mais c'est un leurre. Les jalousies et les rancœurs s'y expriment encore plus facilement, car les enjeux semblent moindres. Les trahisons n'entraînent pas d'aussi lourdes catastrophes. Les quiproquos sont légion là où l'amour ne génère que des frictions de temps puisqu'il n'exige pas que la proximité demeure. Amours ou ami(e)s obéissent pourtant aux mêmes règles, ils s'entretiennent, du moins pour soi, dans le cœur, ne pouvant se passer des démonstrations qui rassurent, des preuves volontaires, des attentions délicates au risque de sombrer dans le sommeil et l'oubli. La mort nous guette au coin du bois. Si ma comparaison vous gêne, comprenez que c'est d'amour que j'aime mes amis. Irraisonné. Les autres ne sont que des relations de passage, libres à elles de changer de statut, ou que de me voir nu elles se changent en statues de sel. Mes amis sont de chair. Les autres sont vêtus des habits du devoir. En d'autres termes, l'amitié n'existe pas, il n'y a que de l'amour ou bien des conventions. Et pour revenir à mes premières lignes, le sexe n'a pas grand chose à y voir, il complique l'histoire à loisir et c'est tant mieux, pacte terrible avec son inconscient quand les mots manquent pour exprimer l'obscur désir qu'on feint d'assimiler à la lumière.

Article du 16 mars 2010

vendredi 18 novembre 2022

Petit manuel de désobéissance civile à l'usage de ceux qui veulent vraiment changer le monde


Le fascicule de 144 pages de Xavier Renou ne se perd pas en digressions inutiles. C'est simple et direct, pédagogique et lumineux, dense et malin. Le Petit manuel de désobéissance civile à l'usage de ceux qui veulent vraiment changer le monde (Ed. Syllepse, 7 euros) est un manifeste que toute personne rétive à la dérive suicidaire et fataliste de la planète devrait lire toute affaire cessante. Cela commence par une affirmation positive pour En finir avec le sentiment d'impuissance et se développe en quatre mouvements : Désobéir, Préparer, Passer à l'action, Et après ?
Au delà des conseils pratiques pour lutter dans la non-violence et entraîner avec soi l'opinion publique, le manuel devrait servir de bible à toute association confrontée aux questions de réunionnite aiguë, batailles d'Ego, effets de domination, sectarisme, sexisme, divisions, etc. Si nous l'avions tous lu, que de temps gagné, d'embrouilles évitées et de militants qui n'auraient pas déserté, écœurés par les pratiques de certains meneurs !
S'il pense stratégique Renou explique pourquoi la violence est souvent contre-productive, chargée d'effets pervers et moralement problématique. Il choisit la désobéissance civile en insistant sur l'empathie et le plaisir ! La panoplie est large : sensibiliser le public, ternir la réputation de l'adversaire, contester sa légitimité, lui faire perdre du temps et/ou de l'argent. La préparation s'articule chronologiquement : information, repérage, scénario, plan B, briefing et donne quelques trucs pour bloquer ou résister à une évacuation.
Le passage à l'action évoque les conditions de sécurité et le rôle primordial de la communication. La confrontation avec l'adversaire et la police bénéficie de conseils avisés, donnés en connaissance de cause, Renou étant un militant associatif membre de plusieurs collectifs, animateur de desobeir.net et ancien responsable de la campagne de désarmement nucléaire de Greenpeace. La bonne surprise est que le livre est en définitive encore plus politique que pratique, malgré une précision redoutable sur toutes les séquences de l'action, de sa préparation jusqu'au débriefing. En annexe, on trouvera quelques précieuses adresses Internet, car la résistance ne saurait se passer des moyens les plus actuels tout en en connaissant les risques. Je découvre ainsi les techniques de localisation et d'écoute dont se servent les services de renseignement pour espionner les activistes.
J'ai suivi ici scrupuleusement la table des matières. Indispensable, ce manuel de désobéissance non-violente se boit comme du petit lait, cru de préférence, et tient dans la poche revolver.

Article du 13 mars 2010

mercredi 16 novembre 2022

L'invitation au voyage


C'est délicat. Par quel bout le prendre? Par le début ou par la fin ? Si c'est la fin qui pose problème, tout avait commencé très tôt. En grandissant nous sommes confrontés à la vieillesse, d'abord celle de nos aïeux, puis de nos aînés, pour qu'un jour arrive notre tour. On peut être vieux à tout âge. Il y a des petits vieux de vingt ans et de jeunes adultes qui ont dépassé les quatre-vingt-dix. Pierre-Oscar me dit que l'autosatisfaction évite la sénilité précoce ou qu'en d'autres termes le regard plus ou moins positif que nous portons sur notre vie nous incite à continuer à nous battre ou à rendre les armes. Ce champ de bataille peut être celui de la tendresse, de la plénitude et de la sagesse comme celui de la résistance, de l'engagement et de la solidarité. La chose est complexe, car la mémoire n'est qu'une réécriture permanente de l'histoire. La psychanalyse ou d'autres systèmes thérapeutiques permettent souvent de faire remonter des traumatismes ensevelis et de comprendre nos orientations passées. Envisager l'avenir est une façon de se projeter dans le désir, de l'entrevoir, pas encore de le réaliser. Le va-et-vient entre le passé et le futur offre une vision mieux équilibrée permettant de réajuster le tir, de réviser nos a-priori ou de vérifier nos hypothèses. À tout âge il faudrait savoir vivre avec son corps et se souvenir de ses rêves d'enfant. Pour atteindre la cible, la quête du Graal est un vecteur visant l'à peu-près, une direction autorisant les incartades à condition de jeter régulièrement un œil sur la boussole. En regardant les personnes âgées, je sais que mon tour viendra dans vingt ans et je voudrais choisir auxquelles ressembler, soit apprendre à écouter mon temps, celui de chaque jour. Rien de pire que l'expression "de mon temps" ! Si la parole des aînés est précieuse, j'ai répété à Elsa qu'elle me rappelle d'écouter les jeunes si j'oubliais un jour... Mon temps durera jusqu'à ma mort. La suite n'est qu'un pari symbolique sur mon œuvre ou sur la transmission du savoir qui m'a été légué. Car c'est évidemment la mort qui nous interroge. On peut apprendre à s'économiser, à vivre avec des paramètres qui bougent sans cesse, à accepter ce mouvement constitué de pertes et de gains, mais la chute est la même pour tous. Arrivé au port, Adès nous délivre, laissant nos proches dans la souffrance. Comment négocier l'accompagnement sans perdre nos propres repères, sans oublier de vivre pour nous-mêmes ? Lorsque l'on est exigent, il faut toute une vie pour apprendre qui nous sommes et la réponse nous est soufflée au dernier soupir. D'ici là, nous devons composer. Les modèles qui nous sont jetés en pleine figure nous donnent d'excellents exemples de ce que nous voulons ou pas. Saurons-nous les décrypter pour éviter le sacrifice et l'égoïsme ? Dans tous les cas, si chaque chemin est différent, emprunté par tant d'autres il devient une promenade où il est bon de flâner à plusieurs.

Article du 9 mars 2010