70 Humeurs & opinions - mars 2010 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 30 mars 2010

Quelques idées en vrac


Je rêve d'un film en 5.1 où les sons diffusés derrière les spectateurs les inciteraient à tourner la tête pour qu'ils ratent ce qui se passe sur l'écran, rajoutant du suspense, de la frustration et du désir. Je rêve d'un film en 3D où les images viendraient vous chercher sur votre fauteuil en vous chatouillant le nez, des personnages qui sortiraient de l'écran pour venir vous susurrer des choses à l'oreille, comme une traversée du miroir. Je rêve d'une chaîne de télévision généraliste où toutes les émissions seraient en direct, mettant en scène le réel et ses aléas. Je rêve d'un spectacle en public où chaque représentation serait radicalement différente, on appellerait cela improviser. Je rêve d'un disque dont on aurait envie d'accrocher la pochette au mur comme un tableau. Je rêve d'un orchestre qui accompagnerait les informations en direct, analysant la fiction à l'œuvre dans le 20 heures par une dramatisation épique des événements. Je rêve que les speakers se mettent à chanter pour casser leur immuable et uniforme prosodie. Je rêve de danses qui poussent à se toucher. Je rêve de livres tels que l'on ne puisse s'empêcher de les lire à haute-voix. Je rêve que les villes trouvent chacune leur style d'urbanisation sonore, que leurs murs se parent de couleurs, que les objets du quotidien devenus customisables rivalisent de fantaisie. Je rêve que l'on apprenne à se servir des merveilleux outils qui sont les nôtres. Je rêve de trouver chaque jour une nouvelle idée pour pouvoir continuer à écrire. Je rêve de choses plus graves et d'autres plus légères. Je rêve d'avoir toujours la patate pour aborder les premières. Je rêve de prendre le temps de profiter des secondes. Je rêve que les capitalistes aient une autre solution que la guerre pour sortir de la panade. Je rêve que les populations les renversent avant la catastrophe.

Diapo-montage, 1965.

lundi 22 mars 2010

La bave du crapaud


Invité dans une soirée très sympathique, quasi familiale, j'essuyai l'agressivité déplacée d'une ancienne amie, probablement en but à une forme de jalousie inhérente à notre profession. Une heure plus tôt, je lui avais remonté les bretelles, choqué par ses propos racistes sur la communauté chinoise de Belleville. Les rumeurs hygiénistes propagés sur les restaurants et épiceries asiatiques m'ont toujours irrité. S'ils s'agrémentent de critiques sur leur manque de savoir vivre et leur refus de s'intégrer aux us et coutumes françaises, des relents "de bruit et d'odeur" me montent au nez. Les "on est tout de même en France", "on ne peut plus marcher sur le trottoir" et "je ne vais quand même pas déménager", qu'ils s'adressent aux Chinois, aux Arabes, aux Africains ou à quelque communauté que ce soit, me font le même effet. Il est toujours difficile de comprendre que nos cultures diffèrent souvent radicalement, mais que les écarts se résoudront fatalement d'eux-mêmes avec le temps et les nouvelles générations. N'empêche, j'ai droit à la litanie sur la saleté, l'impolitesse, le refus de parler notre langue "alors qu'en fait ils comprennent très bien", etc. Lorsque l'on a voyagé en Asie, on sait bien que c'est dans les bouis-bouis cracras que l'on mange le mieux, qu'une saloperie peut s'attraper n'importe où, et que nos propres us et coutumes peuvent être aussi choquants pour eux. De plus, ceux qui sont ici ne sont ni des touristes ni des émigrants de gaîté de cœur. Comme dans un couple, il est à première vue plus simple de critiquer l'autre que d'apprendre à accepter les différences, mais la méthode est vouée à l'échec. Suivant cet adage, je fis donc un effort pour rester calme et tenter d'expliquer que l'arbitraire des frontières politiques ou culturelles ne sauraient nous donner de prérogatives sur la manière de vivre, et de vivre ensemble. Sachant par ailleurs que l'on ne convainc personne qui ne veuille être convaincu, ma tentative de conciliation ne peut qu'aboutir à une fin de non-recevoir de la part du raciste ordinaire. Faute d'arguments, l'aigrie est partie en me tournant le dos. Tant pis, j'aurai fait ce que j'ai pu.
Je me sortis moins bien de ses attaques personnelles, alors qu'elles n'auraient dû me faire ni chaud ni froid. L'injustice et la méchanceté me désarçonnent. Refusant de me battre sur ce terrain, je glisse dans une position défensive que je tiens de mes plus jeunes années, issue d'une culture paranoïaque de la persécution. Je fus particulièrement touché par l'attitude de ma fille qui ne put s'empêcher de me défendre pour m'éviter de m'empêtrer dans des justifications déplacées pénalisant mon propos. Plus tard elle me demandera de but en blanc pourquoi j'essuyai plusieurs fois dans ma vie "les attaques de femmes castratrices", me renvoyant à mon enfance, dont je ne suis probablement jamais sorti totalement, et au sentiment de différence qui me poussa à me distinguer faute de pouvoir m'intégrer. Sa bienveillance rejoint celle de Françoise lorsqu'elles me conseillent de me taire. Je parle trop et mon entêtement à me justifier fiche tout par terre. Mon père avait coutume de me rappeler : "la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe". Incorrigible maladroit, je répétais la maxime en m'étalant de tout mon long lorsque je me croyais obligé de préciser "et la blanche colombe ici c'est moi !". Désespéré devant mon cas, il aurait ajouté : "laisse pisser le Mérinos !".
En tapant ces lignes, je me rends compte à quel point ces deux paragraphes se répondent, touchant tous deux au sentiment d'exclusion et d'intégration. Les souffrances relatées montrent les difficultés de chacun, face à soi, au groupe, lui-même confronté à une société plus large, cercles concentriques dont le rayon n'en finit pas, jusqu'à une humanité qui feint d'oublier qu'elle n'est qu'une espèce parmi tant d'autres, ivre de son pouvoir de construction et de destruction. La question d'appartenance au groupe est indissociable de l'existence, quelle que soit l'échelle choisie. La difficulté d'être, dans ce qu'elle a de plus intime, relève somme toute d'un phénomène social.

mardi 16 mars 2010

Elle est retrouvée. Quoi ? L'Eternité. C'est la mer allée avec le soleil.


Jeune homme, mon romantisme adolescent était incapable de concevoir le sexe sans amour. L'inverse semblait hélas envisageable à la lueur de mes premiers échecs, même si j'appris très vite qu'il n'y a de véritable amour que dans l'échange. Seuls les croyants, amants éternellement éconduits, peuvent imaginer qu'il en soit autrement ! Si l'amour n'existe qu'en duel, tout pubère sait que le sexe n'a besoin de personne. Je ne suis pas certain d'avoir tant mûri pour revenir sur ces préceptes mathématiques. Le fantasme laisse la porte ouverte, mais la réalité ne m'a jamais offert d'autre liberté que dans la fusion des sentiments et des corps. Ma génération s'étant particulièrement interrogée sur sa sexualité jusqu'à l'expérimentation méthodique, parallèlement au dérèglement de tous les sens, dans une optique paradisiaque pour les plus fragiles ou pédagogique pour les plus aventuriers, la question de l'amitié est celle qui résista le mieux à la rentrée dans le rang social.
S'il existait une hiérarchie entre amour et amitié, je dirais que, contrairement à la convention, le premier est perpétuel et la seconde est passagère. L'amour ne peut être que conflictuel dès lors qu'il est caractérisé par la franchise, même en y mettant des gants. Comment traire une puce avec des gants de boxe ? S'épanouissant dans la confiance, il délie les langues et ne saurait s'encombrer des tricheries que l'on s'autorise avec soi-même, en faux ami. Même si les chemins bifurquent, l'amour ne saurait être révisé car il aura marqué un temps, une époque vécue, tel que toute tentative négationniste reviendra à se nier soi-même puisque l'autre aura toujours été choisi. Il ne peut y avoir de victime dans les jeux de l'amour qui ne sont jamais de hasard. Je fredonne la chanson qu'Elsa entonnait sur la scène du Glaz'Art à la soirée de lancement de Machiavel il y a déjà douze ans : "I shall always love the ones I've ever loved before".

L'amitié, par contre, joue des points de concordance et ne s'embarrasse pas des dissensions. Ce n'est qu'un bout de chemin emprunté ensemble. On n'a pas tant de vrais amis. La vie nous éloigne souvent sans toujours nous rapprocher. Loin des yeux loin du cœur. J'ai noté que chaque année je perdais un ami pour en rencontrer un nouveau. Leur nombre est stable. L'amitié ne semble pas exiger l'exclusivité de l'amour, mais c'est un leurre. Les jalousies et les rancœurs s'y expriment encore plus facilement, car les enjeux semblent moindres. Les trahisons n'entraînent pas d'aussi lourdes catastrophes. Les quiproquos sont légion là où l'amour ne génère que des frictions de temps puisqu'il n'exige pas que la proximité demeure. Amours ou ami(e)s obéissent pourtant aux mêmes règles, ils s'entretiennent, du moins pour soi, dans le cœur, ne pouvant se passer des démonstrations qui rassurent, des preuves volontaires, des attentions délicates au risque de sombrer dans le sommeil et l'oubli. La mort nous guette au coin du bois. Si ma comparaison vous gêne, comprenez que c'est d'amour que j'aime mes amis. Irraisonné. Les autres ne sont que des relations de passage, libres à elles de changer de statut, ou que de me voir nu elles se changent en statues de sel. Mes amis sont de chair. Les autres sont vêtus des habits du devoir. En d'autres termes, l'amitié n'existe pas, il n'y a que de l'amour ou bien des conventions. Et pour revenir à mes premières lignes, le sexe n'a pas grand chose à y voir, il complique l'histoire à loisir et c'est tant mieux, pacte terrible avec son inconscient quand les mots manquent pour exprimer l'obscur désir qu'on feint d'assimiler à la lumière.

samedi 13 mars 2010

Petit manuel de désobéissance civile à l'usage de ceux qui veulent vraiment changer le monde


Le fascicule de 144 pages de Xavier Renou ne se perd pas en digressions inutiles. C'est simple et direct, pédagogique et lumineux, dense et malin. Le Petit manuel de désobéissance civile à l'usage de ceux qui veulent vraiment changer le monde (Ed. Syllepse, 7 euros) est un manifeste que toute personne rétive à la dérive suicidaire et fataliste de la planète devrait lire toute affaire cessante. Cela commence par une affirmation positive pour En finir avec le sentiment d'impuissance et se développe en quatre mouvements : Désobéir, Préparer, Passer à l'action, Et après ?
Au delà des conseils pratiques pour lutter dans la non-violence et entraîner avec soi l'opinion publique, le manuel devrait servir de bible à toute association confrontée aux questions de réunionnite aiguë, batailles d'Ego, effets de domination, sectarisme, sexisme, divisions, etc. Si nous l'avions tous lu, que de temps gagné, d'embrouilles évitées et de militants qui n'auraient pas déserté, écœurés par les pratiques de certains meneurs !
S'il pense stratégique Renou explique pourquoi la violence est souvent contre-productive, chargée d'effets pervers et moralement problématique. Il choisit la désobéissance civile en insistant sur l'empathie et le plaisir ! La panoplie est large : sensibiliser le public, ternir la réputation de l'adversaire, contester sa légitimité, lui faire perdre du temps et/ou de l'argent. La préparation s'articule chronologiquement : information, repérage, scénario, plan B, briefing et donne quelques trucs pour bloquer ou résister à une évacuation.
Le passage à l'action évoque les conditions de sécurité et le rôle primordial de la communication. La confrontation avec l'adversaire et la police bénéficie de conseils avisés, donnés en connaissance de cause, Renou étant un militant associatif membre de plusieurs collectifs, animateur de desobeir.net et ancien responsable de la campagne de désarmement nucléaire de Greenpeace. La bonne surprise est que le livre est en définitive encore plus politique que pratique, malgré une précision redoutable sur toutes les séquences de l'action, de sa préparation jusqu'au débriefing. En annexe, on trouvera quelques précieuses adresses Internet, car la résistance ne saurait se passer des moyens les plus actuels tout en en connaissant les risques. Je découvre ainsi les techniques de localisation et d'écoute dont se servent les services de renseignement pour espionner les activistes.
J'ai suivi ici scrupuleusement la table des matières. Indispensable, ce manuel de désobéissance non-violente se boit comme du petit lait, cru de préférence, et tient dans la poche revolver.

mardi 9 mars 2010

L'invitation au voyage


C'est délicat. Par quel bout le prendre ? Par le début ou par la fin ? Si c'est la fin qui pose problème, tout avait commencé très tôt. En grandissant nous sommes confrontés à la vieillesse, d'abord celle de nos aïeux, puis de nos aînés, pour qu'un jour arrive notre tour. On peut être vieux à tout âge. Il y a des petits vieux de vingt ans et de jeunes adultes qui ont dépassé les quatre-vingt-dix. Pierre-Oscar me dit que l'autosatisfaction évite la sénilité précoce ou qu'en d'autres termes le regard plus ou moins positif que nous portons sur notre vie nous incite à continuer à nous battre ou à rendre les armes. Ce champ de bataille peut être celui de la tendresse, de la plénitude et de la sagesse comme celui de la résistance, de l'engagement et de la solidarité. La chose est complexe, car la mémoire n'est qu'une réécriture permanente de l'histoire. La psychanalyse ou d'autres systèmes thérapeutiques permettent souvent de faire remonter des traumatismes ensevelis et de comprendre nos orientations passées. Envisager l'avenir est une façon de se projeter dans le désir, de l'entrevoir, pas encore de le réaliser. Le va-et-vient entre le passé et le futur offre une vision mieux équilibrée permettant de réajuster le tir, de réviser nos a-priori ou de vérifier nos hypothèses. À tout âge il faudrait savoir vivre avec son corps et se souvenir de ses rêves d'enfant. Pour atteindre la cible, la quête du Graal est un vecteur visant l'à peu-près, une direction autorisant les incartades à condition de jeter régulièrement un œil sur la boussole. En regardant les personnes âgées, je sais que mon tour viendra dans vingt ans et je voudrais choisir auxquelles ressembler, soit apprendre à écouter mon temps, celui de chaque jour. Rien de pire que l'expression "de mon temps" ! Si la parole des aînés est précieuse, j'ai répété à Elsa qu'elle me rappelle d'écouter les jeunes si j'oubliais un jour... Mon temps durera jusqu'à ma mort. La suite n'est qu'un pari symbolique sur mon œuvre ou sur la transmission du savoir qui m'a été légué. Car c'est évidemment la mort qui nous interroge. On peut apprendre à s'économiser, à vivre avec des paramètres qui bougent sans cesse, à accepter ce mouvement constitué de pertes et de gains, mais la chute est la même pour tous. Arrivé au port, Adès nous délivre, laissant nos proches dans la souffrance. Comment négocier l'accompagnement sans perdre nos propres repères, sans oublier de vivre pour nous-mêmes ? Lorsque l'on est exigent, il faut toute une vie pour apprendre qui nous sommes et la réponse nous est soufflée au dernier soupir. D'ici là, nous devons composer. Les modèles qui nous sont jetés en pleine figure nous donnent d'excellents exemples de ce que nous voulons ou pas. Saurons-nous les décrypter pour éviter le sacrifice et l'égoïsme ? Dans tous les cas, si chaque chemin est différent, emprunté par tant d'autres il devient une promenade où il est bon de flâner à plusieurs.

mercredi 3 mars 2010

Contes et légendes du capitalisme


Pour un billet souriant et plein de bonnes nouvelles sautez directement à demain. Car après avoir évoqué la barbarie intrinsèque des hommes j'interroge cette fois notre avenir politique à court terme. La Chine a tant investi aux États-Unis que cela ressemble à un achat pur et simple. Il lui suffirait de quelques jours pour mettre sur les genoux le pays présenté comme le plus puissant de la planète et faire s'écrouler toute l'économie mondiale. Ce n'est pas son intérêt. Si elle a tant investi, c'est bien pour réaliser des affaires, pas pour les faire capoter. Elle exporterait même très bien son modèle politique du parti unique. Le terrain est bien préparé, les Républicains et les Démocrates ne présentant qu'une apparence d'alternative ! N'allez pas croire que c'est mieux ici, nous avons les mêmes... La démocratie n'en a que le nom. Devant cette faillite idéologique que des décennies de stratégie électoraliste ont initiée, l'absence de conscience politique, la nausée qu'inspirent les élus et la misère pourraient accoucher d'une révolution en chemise brune. En attendant, on nous raconte des histoires, le désormais assumé "storytelling". Si le 11 septembre reste une énigme, qui peut encore croire en la figure de Ben Laden, un méchant de série B servant aussi bien la paranoïa étatsunienne que l'orgueil arabe ? Qui peut penser une seconde que Jérôme Kerviel est autre chose qu'un homme de paille ? Qui se souvient des armes de destruction massive irakiennes ? Je pourrais développer, mais à quoi bon ? Les news sont une mise en scène à petit budget de ce qu'on nous fait avaler à l'heure des repas. La société du spectacle n'a jamais si bien porté son nom. L'anecdote cache la gravité des faits. Les chiffres sont bidonnés. La langue de bois avec jeu de manches et révélations pitoyables est devenue un style partagé par tous, mieux, la forme a rejoint le fond ! Rares sont les Arundhati Roy et Naomi Klein.
La Stratégie du choc (Ed. Actes Sud) décrit l'émergence de ce que Naomi Klein appelle le "capitalisme du désastre". Le capitalisme prospère de préférence dans les contextes les plus tourmentés. Un certain nombre de dirigeants politiques, économiques et d'intellectuels ont construit des marchés économiques prospères sur les ruines d'États et de sociétés frappées de traumatismes : le 11 Septembre, la Nouvelle-Orléans de l'après Katrina (expropriations massives, privatisations de services publics et de l’éducation, reconstructions privées, etc.), le tsunami de 2004 (expropriations massives de populations vivant sur les côtes d’Asie du Sud-est, libéralisations et dérégulations commerciales en échanges d’aides occidentales, constructions de complexes hôteliers occidentaux, etc.), l'Afrique du Sud d'après l'apartheid, la Russie d'après la fin du communisme. Jusqu'à parfois susciter ces "désastres" si nécessaires à leur fortune : de la dictature de Pinochet au Chili en 1973 à la guerre en Irak... En 1971 dans Capitalisme et liberté, Milton Friedman, chantre de l'ultralibéralisme, déclarait : "Seule une crise réelle ou imaginaire peut engendrer un changement profond". Quelques heures après le séisme à Haïti, The Heritage Foundation écrivait : "Au-delà de l’assistance humanitaire immédiate à apporter, les réponses américaines au terrible séisme de Haïti offrent d’importantes opportunités de reprise en main du long dysfonctionnement gouvernemental et économique haïtien, tout en améliorant l’image américaine dans la région". Sur le site Arrêt sur images Daniel Schneidermann remarquait "avec quelle rapidité l’image de Haïti se dégrade dans certains médias. Après la compassion avec les victimes, ce sont les « pillages » ou « vols de marchandises » qui sont souvent mis en avant dans la presse internationale. Cela pourrait être assez utile à ceux qui déclareront plus tard : « ils sont incapables et irresponsables »."
La démocratie sert de bouclier à la guerre que mène le capitalisme pour engranger toujours plus de profits le plus rapidement possible. Elle n'en a plus que le nom. La démocratie a été privatisée. Les médias d'information constituent l'un des plus puissants corps d'armée du capitalisme. La mondialisation empêche toute régulation des échanges. Les États subissent les pressions de maîtres-chanteurs (on l'a vu avec la véritable affaire Clearstream, pas le duel bidon entre Sarkozy et Villepin) et sont devenus impuissants. Si la grève devait être générale, il faudrait qu'elle touche toute la planète. D'un côté nous risquons un ras-le-bol poussant les classes laborieuses dépitées dans le lit d'une nouvelle forme de fascisme, de l'autre jamais le travail de proximité n'aura été aussi indispensable. Les associations peuvent se substituer aux syndicats affaiblis et dépassés, quitte à se regrouper pour faire front commun devant les assauts cyniques de la réaction. Cet accord devra se faire mondialement, car les clivages n'ont jamais été nationaux, raciaux ou religieux comme ont toujours voulu le faire croire les classes dirigeantes, mais sociales. Il est chaque jour plus urgent que les travailleurs exploités de tous les pays s'unissent pour résister au saccage systématique des ressources de la planète, humaines, mais aussi naturelles. Je fais attention de séparer les deux, puisque là où l'homme passe la nature trépasse.