70 Musique - mars 2020 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 25 mars 2020

Quand la musique sort de son confinement


Pourquoi attendre le confinement pour imaginer d'autres manières de diffuser la musique ? Il s'agissait avant tout de penser à ce que les nouveaux médias pouvaient apporter à la création. Lorsque le CD est arrivé, j'ai évidemment regretté les belles pochettes, mais ce support offrait une dynamique particulière, autorisant par exemple les pianissimo que les bruits de surface camouflaient. Il limitait aussi les coupures dans les œuvres longues. Les CD-Rom développaient l'interactivité, l'utilisateur devenant un interprète privilégié. Les œuvres en ligne rompaient avec les durées limitées et voyageaient plus facilement jusqu'aux fins fonds de la planète. Plus important encore pour moi, elles préservaient mon indépendance face au marché...
Voilà donc dix ans j'ai choisi de publier des albums en ligne parallèlement à l'édition discographique du label GRRR fondé en 1975. Sont ainsi venus s'ajouter quantité d'inédits à la cinquantaine de disques 33 tours et de CD. Pendant toute cette période la presse a bizarrement ignoré ce travail colossal hormis quelques articles sur Citizen Jazz et ImproJazz. Je ne chôme pas. Au fil des ans se sont accumulés 82 albums en ligne représentant plus de mille pièces au format mp3, soit 157 heures de musique gratuite en écoute et téléchargement. Dans notre société basée sur l'argent et le commerce, ce doit être louche. Drame.org n'est pas le seul site à subir ce mépris incompréhensible alors que les pratiques audiophiles ont été bouleversées par Internet. La même surdité des journalistes affectait déjà le medium radiophonique pourtant riche en créations originales. Je publiai ainsi certaines œuvres que le disque ne permettait pas, par exemple à cause de leur durée, puisque mes albums vont de 30 minutes à 24 heures !
De même qu'une grande partie de mon travail consiste à réduire le temps entre composition et interprétation, ce que l'on appelle habituellement l'improvisation, je trouve extrêmement excitant d'enregistrer avec des musiciens et d'en publier le résultat quelques jours après, avec couverture et notes de pochette. Le catalogue GRRR s'est enrichi de ses archives aussi bien que d'une actualité la plus récente. On peut ainsi profiter de Radio Drame, programme aléatoire embrassant la presque totalité de cette discographie ou choisir un album thématique. Cette pratique ne m'a pas empêché de continuer à produire des vinyles et des CD qui, eux, rencontrent chaque fois un accueil favorable de la critique.
En ces temps de confinement chacun et chacune propose des séquences home made pour sortir de nos isolements et j'en suis ravi. Peut-être cela permettra-t-il de rompre avec le silence médiatique qui entoure celles et ceux qui pratiquent ce sport depuis des années. Je ne me suis d'ailleurs pas cantonné à l'écoute exclusive puisque je publie régulièrement des vidéos de concerts, des créations audiovisuelles, des entretiens, etc. sur YouTube, DailyMotion ou Vimeo. Malgré le succès (relatif, car je ne fabrique que rarement des œuvres pop-ulaires), la presse ignorait jusqu'ici ce pan de mon travail. Rien de personnel, celui de mes collègues qui s'y collent n'est pas mieux vu ni entendu.
J'ai ainsi enregistré avec la fine fleur des improvisateurs actuels à qui je propose régulièrement de passer une journée en studio pour le plaisir de faire de la musique ensemble. Nous jouons ainsi pour nous rencontrer au lieu de nous rencontrer pour jouer. La musique est avant tout pour moi une aventure de partage. Pour celles et ceux qui s'intéressent un peu aux styles de musique que je pratique, je citerai la participation de Vincent Segal, Antonin-Tri Hoang, Edward Perraud, Birgitte Lyregaard, Linda Edsjö, Alexandra Grimal, Fanny Lasfargues, Ravi Shardja, Ève Risser, Joce Mienniel, Sophie Bernado, Amandine Casadamont, Samuel Ber, Sylvain Lemêtre, Sylvain Rifflet, Mathias Lévy, Élise Dabrowski, Hasse Poulsen, Wassim Halal, Christelle Séry, Jonathan Pontier, Jean-François Vrod, Karsten Hochapfel, Nicholas Christenson, Jean-Brice Godet, tous et toutes sortant de leur contexte habituel... Auxquels s'ajoutent des concerts avec elles/eux ou encore El Strøm, Francis Gorgé, Julien Desprez, Médéric Collignon, Pascal Contet, Bumcello, Sylvain Kassap, Yuko Oshima, Nicolas Clauss, Pascale Labbé, Didier Petit, Étienne Brunet, Éric Échampard, Hélène Sage, Sacha Gattino, Michel Houellebecq, Bass Clef, Pierre Senges, Helene Labarriere, Bruno Girard, Michèle Buirette, Colette Magny, Philippe Deschepper, Alain Monvoisin, Steve Argüelles, Gérard Siracusa, DJ Nem... Sans compter les disques auxquels participèrent des dizaines de musiciens/ciennes, incluant pas mal d'extraits, dont ceux d'Un Drame Musical Instantané évidemment...
Sur la page d'accueil Radio Drame égrène ainsi chansons, jazz, rock, musique symphonique, électronique, improvisations, évocations radiophoniques, etc. De quoi tenir un siège sans se lasser !

Radio Drame, radio aléatoire de 157 heures de musique exclusive et gratuite, et qui le restera même après le confinement !
→ 40 de ces albums sont également sur Bandcamp au format .aif

samedi 21 mars 2020

L'homme à la caméra sur Musique Machine


Premier article sur la réédition de L'homme à la caméra d'Un Drame Musical Instantané avec en bonus l'inédit La glace à trois faces, l'un et l'autre pour grand orchestre... Jusqu'ici jamais édités en CD, merci Klanggalerie !

Next in Klanggalerie series of reissues from French avant collective Un Drame Musical Instantané here is the band's fifth album 1984’s L'Homme À La Caméra. It finds the collective deepening & expanding both their dissonant modern classic & the more bizarre theatrical leanings, yet still keeping alive their general avant genre-mixing & matching. Also featured on this reissue is a second never released album La Glace A Trois Faces- all bringing this new releases runtime up to seventy-six minutes.

This CD is the third reissue of the band's work from the label, and before this, we had the band 1980’s debut Rideau! & it’s 1982 follow-up À Travail Égal Salaire Égal. This recent reissue is presented a glossy red, grey & black color schemed mini gatefold- this takes in a list of albums impressive sonic line, full credits, and shape/ collage-based artwork. I’m not sure about the pressing of this, but I’d imagine it’s not huge- so if you enjoyed the other Un Drame Musical Instantané albums, act sooner than later!.

The bands centered around Jean-Jacques Birgé, Bernard Vitet, & Francis Gorgé- and for each of the albums, they are joined by twelve other musicians playing a mix of classical & non-classical wind instrumentation, violins/ cellos/ viola, and various percussive based instrumentation. The first album here is the group's 1984 album L'Homme À La Caméra- it takes in eleven pieces in all, with the key members taking on the following tasks- Birgé conductor, synth, tapes, flutes, piano, jew harp & vocals. Vitet- conductor, trumpet, flute & Vocals. And Gorgé- Conductor, guitar, and variable. Though the album is broken up into eleven tracks- it feels much more of a flowing & developing single-track album- as the fifteen strong project dart all over the place. It would foolish/ madness to try & chart/ review everything here, as it really does shift all over the place- but here’s a little idea of what we get. We begin with “Ouverture À L'Iris” this opens in the very dissonant and clashing manner with manic sawing string, dramatic crashing-at-times-stumbling percussion, and baying horn work- fairly soon this works it’s self up into a noise crescendo. Next we drop into a pared-back & moody blend of wavering flute harmonics, scuttling percussion, and awkward string twangs & plays which are fairly soon joined by a selection guttural mouth sounds. Before drifting into a blend wailing female harmonizing,brooding horn wonders meet grim string swoon, & what sounds like seagulls, before shifting in its last-minute into thick darts of off-key jazz organ. By the album, midpoint we come to “Consinus” and here we find a collision of what sounds like bright orchestratal comedy music, spiraling bright electronics, weird theatrical chatter & male/ female call receive, and wondering horn. The albums final track "Le Spectacle Est Dans La Salle" attempts to bring together playful jazz flute, brooding male choirs, weird snoring & creaks, and sudden darts of disconnected orchestrate & angular rock stylings. L'Homme À La Caméra is a bizarre, wholly unpredictable, and largely enjoyable music journey.

The second half of the CD is taken up by the eight tracks of unreleased album La Glace A Trois Faces- and once again this is orchestrate based, but jumps all over the place genre-wise- though maybe not as much as the first release. We go from the trad Jazz meets playful Avant jazz of “Bohème”, onto the clear strumming guitar meets wondering horn & awkward sing-song vocals “L'Invitation Au Voyage”, through to simmering dissonant blend of multi piping/ sawing orchestrate, banging keys, and brooding wind sounds of the final track "Perfect Crimes".

In all this is a great double-headed sonic adventure of a release that is prime perfect for those who enjoy there Avant-grade genre mixed, unpredictable & daring. I very much look forward to the next Un Drame Musical Instantané reissue from Klanggalerie.

jeudi 19 mars 2020

Rivages de Matinier & Seddiki


La Poste a beau exploiter ses vacataires en leur imposant de cibler des tournées impossibles, le facteur est fidèle au poste. Le confinement n'empêche pas de recevoir du courrier et le chroniqueur découvre un lien supplémentaire avec l'extérieur, le service de presse. Ainsi hier tombait dans ma boîte une enveloppe matelassée contenant un disque pressé parfaitement adapté à une après-midi cloîtré. Rivages de l'accordéoniste Jean-Louis Matinier et du guitariste Kevin Seddiki n'a rien de soporifique, mais il convient très bien à la sieste que je remets sans cesse au lendemain, attaché à mon clavier, nettoyé pour les circonstances au produit à vitres.


Rivages est un album apaisant en cette époque où le temps s'étire bizarrement. Les lames de l'accordéon font vibrer une veine mélodramatique sans nostalgie. Les cordes de la guitare ont une rondeur charnelle sans être mièvres. Au milieu de leurs propres compositions, les deux compères ont discrètement glissé Les berceaux de Fauré et La chanson d'Hélène de Sarde qui se fondent dans la fausse chaleur d'un début de printemps. Les vagues déferlent sans heurts au gré des heures, paressant comme souvent les disques paraissant sur le label ECM, tandis que je joue avec les mots comme d'autres font des châteaux de sable au risque de se faire verbaliser. Il y a longtemps qu'en tapant on ne fait plus de pâtés...

→ Jean-Louis Matinier & Kevin Seddiki, Rivages, cd ECM, dist. Universal, sortie le 17 avril 2020 - concert le 23 avril si nous ne sommes plus assignés à résidence

mardi 17 mars 2020

Alors, y a personne, dans la rue...


À la mort de la chanteuse Colette Magny en 1997, j'avais choisi d'interpréter, avec Bernard Vitet, À l'écoute que notre amie avait composé à partir d'un tableau de Sylvie Dubal. Cette chanson m'a toujours bouleversé. Aujourd'hui elle résonne bizarrement dans ma tête. Les musiciens, qui ont l'habitude de partager leur passion, se retrouvent cantonnés chez eux, comme tout le monde. Ainsi l'orchestre de Jannis Kounellis joue tout seul. Et la guitare sommaire de Molette Cagny, comme elle signait souvent ses lettres, vibre dans le silence de la ville...


Tu as vu quelqu'un ?
As-tu vu quelqu'un ?
Tu as vu quelqu'un ?
Personne
Alors, y a personne ?
Quelqu'un...
Je les prendrai tous
Y a quelqu'un ?
Personne
Y a quelqu'un ?
Personne
Alors y a personne ?
Mais si y a quelqu'un
Mais non y a personne
On les collera tous au mur
Au coin de la rue y a un manège
Mais tu ne l'as pas vu
Les fourmis dévalent
Les abeilles travaillent
Y a quelqu'un ?
Alors comme ça t'es sûr y a personne dans la ville ?
Mais enfin puisque je te dis qu'il y a tous les copains
Tu vois bien
Personne... Dans la rue... En ville
Enfin c'est ridicule écoute, regarde bien, tu vois bien
Je te dis y a tous les copains
Alors, y a personne dans la rue...
Enfin, c'est formidable, regarde bien
Je te dis y a tous les copains
Y a plus personne : alors je vois plus rien

mercredi 11 mars 2020

Le son d'Omni-Vermille


Anne-Sarah Le Meur a structuré Omni-Vermille, son installation générative pour 6 écrans en 7 interludes et 7 parties. J'ai suivi sa structure en conservant une unité sur les parties longues (5 minutes chacune) et en variant les interludes (2 minutes chacun). L'ensemble d'environ 52 minutes est projeté en boucle sur 4 mètres de haut et 18 mètres de la façade du ZKM à Karlsruhe en Allemagne. Elle se voit de loin sur la place piétonne, mais il faut évidemment s'approcher pour entendre la musique, d'autant qu'elle est programmée de 18h à minuit pendant plusieurs semaines. J'ai enregistré en une seule prise chacun des 14 mouvements. Les 7 parties sont jouées au clavier avec le moteur Kontakt et des sonorités électro-acoustiques. Les 7 interludes passent du clavier à la Machine à rêves de Leonardo da Vinci, et de la flûte à la trompette à anche. Les instruments acoustiques sont transformés par un effet que j'ai programmé sur l'Eventide H3000. J'ai cherché à créer des mouvements amples et contemplatifs, ce qui me change de mes habitudes !



Le public peut percevoir ou pas les transitions, visuelles ou musicales, cela n'a pas d'importance. La sensation dépend de la distance d'où l'on regarde les écrans et de la sensibilité de chacun/e. Anne-Sarah, par exemple, a fait en sorte que quelqu'un passant chaque jour à l'heure pile à proximité de la vitrine verra un spectacle différent. De toute manière la générativité joue sans cesse de ses variations de couleurs et de formes. La musique, dont les 14 éléments sont déclenchés successivement par l'ordinateur, joue ainsi du synchronisme accidentel que j'adore, en particulier par rapport aux plissés imprévisibles des images. Pendant que j'y étais, j'ai commis un petit mixage adapté à l'écoute pure, ce qui constitue le 82e album virtuel, soit la 1064e pièce et la 157e heure exclusivement en ligne du site drame.org et des Disques GRRR...

→ Jean-Jacques Birgé, Omni-Vermille, album en ligne en écoute et téléchargement gratuits (comme 81 autres albums inédits ; par contre, une quarantaine de CD et vinyles sont commandables sur le site et certains sur Bandcamp)

lundi 9 mars 2020

Charlie Parker, oiseau de bon augure


Je n'écoute plus beaucoup de jazz au sens strict du terme, et si cela m'arrive je préfère choisir ceux et celles qui ont fait l'histoire plutôt que celles et ceux qui la récitent. Heureusement, de temps en temps, de jeunes musiciens et chanteurs me surprennent par la manière de s'approprier le passé pour envisager l'avenir. En fait ils sont aujourd'hui assez nombreux en France à s'y reconnaître sans tenter de mimer vainement les anciens. J'avais l'habitude de dire que lorsque le jazz français est bon, c'est que ce n'est pas du jazz. Depuis que la question de l'influence américaine n'est plus à l'ordre du jour, ils et elles ont trouvé leurs voix, qu'ils se préoccupent du swing ou qu'ils s'en moquent. Ainsi le jazz est devenu une manière d'envisager la musique plus qu'un genre. L'expression individuelle, l'improvisation et la liberté d'invention en sont des marqueurs. Le rock est plus une musique de groupe ou de chanteurs, la musique dite contemporaine la continuité du classique, le rap une chronique de la rue, la chanson française un texte, etc. Il faudrait décortiquer les préjugés, les communautarismes, les stratégies de vente, etc. Je schématise évidemment.
D'abord, parce que le disque Ornithologie du trombone Fidel Fourneyron et Un Poco Loco, trio formé avec le saxophoniste ténor Geoffroy Gesser et le contrebassiste Sébastien Beliah, est une petite merveille qui suit fidèlement les volutes, les saccades et les brisures de l'original tout en sonnant actuelle, je ne sais par quel miracle ? Quel plaisir de sentir mes jambes remuer en écoutant Salt Peanuts ! Le timbre est grave, mais la musique est légère, légère. On se sent voler.


Comme si cela ne suffisait pas, je découvre l'album collectif The Passion of Charlie Parker sorti en 2017. Le projet me rappelle un peu ceux de Hal Willner, habitué des hommages qui prennent de la distance pour mieux honorer ses idoles. Produit par Larry Klein sur des paroles orignales de David Baerwald, il rassemble une belle brochette de chanteurs et chanteuses racontant la vie de l'oiseau compositeur et saxophoniste alto. Le comédien Jeffrey Wright tandis que se succèdent Gregory Porter, Madeleine Peyroux, Melody Gardot, Barbara Hannigan, Luciana Souza, Kurt Elling et Camille Bertault. Ils et elles sont accompagnés par Donny McCaslin au sax ténor (pas d'alto ici ni dans le disque de Fourneyron), Ben Monder à la guitare, Craig Taborn au piano, Larry Grenadier ou Scott Colley à la contrebasse et Eric Harland à la batterie. Le sax (excellent et varié), le guitariste et le batteur faisaient partie de l'orchestre de Black Star, dernier disque de David Bowie, celui que je préfère, peut-être parce qu'explicitement marqué par Scott Walker !
Le résultat pourrait être du genre des trucs mous que je reçois régulièrement, je me demande pourquoi on me les envoie, et surtout pourquoi ces artistes s'y fourvoient, mais non, c'est une belle histoire, agréable et surprenante, enfin pas toujours, mais d'un niveau plus qu'honorable. Madeleine Peyroux entame d'emblée l'histoire avec des paroles explicites soulignant la distance avec le sujet. Je suis ensuite heureusement surpris de découvrir Barbara Hannigan dont la présence indique l'ouverture de l'entreprise. Après sa prestation aussi barjo qu'espérée, tout coule de source, même si je préfère Porter, Wright et Elling aux chanteuses blanches qui se la jouent noires. Je suis injuste, elles sont ici très convaincantes, ma préférence allant à Gardot. La Passion de Charlie Parker fait probablement référence au chemin de croix du camé génial, mais elle exprime ce que les "modernes" doivent au compositeur dont l'agilité tenait aussi bien de son cerveau que de ses doigts.

→ Fidel Fourneyron & Un Poco Loco, Ornithologie, CD Umlaut Records, LA C.A.D. / L'Autre Distribution, 12€
The Passion of Charlie Parker, CD / 2LP Impulse!/Universal, 15€