Par Jean-Jacques Birgé,
vendredi 27 septembre 2024 à 08:58 ::Musique
Le concept de La Démesure du pas me plaît beaucoup, soit composer et interpréter des pièces en marchant, conçues comme telles. Cela me rappelle les musiques de marche des Sud-Africains parcourant des kilomètres pour aller travailler que m'avait montrées Johnny Clegg, dans mon film Idir & Johnny Clegg a capella, rythmant ses pas avec un concertina. Le saxophoniste Matthieu Prual suit la mesure des pas et la respiration du corps pour trouver le son juste, alternant des marches en solo, duo et quartet. Il invite alors la clarinettiste Carol Robinson, le saxophoniste Gabriel Lemaire, le clarinettiste Joris Rühl ou le percussionniste Toma Gouband à faire ensemble un bout de chemin. Comme nous sommes en plein air, on entend les oiseaux, le matin ou dans la chaleur de l'été, ou encore l'espace réverbéré de la base sous-marine de Saint-Nazaire. Parfois les musiciens plongent leurs instruments dans l'eau, pavillons des vents, pierres frappées, entrechoquées. L'exercice pousse à l'écoute, pas seulement celle de l'ingénieur du son Christophe Havard. On sent l'air qui nous entoure, le souffle, le vent, la distance. Le disque me fait l'effet d'une séance de yoga loin du tumulte des villes.
→ La démesure du pas (musique migratoire - enregistrement nomade), CD / LP / numérique avec les partitions graphiques de Matthieu Prual en petit dans le livret ou luxueusement dans une édition limitée, Les Mouflons, sortie le 27 septembre 2024
Par Jean-Jacques Birgé,
jeudi 26 septembre 2024 à 00:51 ::Musique
En écho à mon article du 20 septembre sur l'IA, Lê Quan Ninh m'envoie un lien vers la Ursonate interprétée par des voix générées par l'intelligence artificielle et des instruments dont j'ignore s'ils sont réels ou synthétisés. Le travail de la compositrice irlandaise Jennifer Walshe apporte de l'eau à mon moulin lorsque je répétais que l'IA est simplement un nouvel outil pour un artiste qui s'y entend. Un professionnel chevronné sait déjouer les accords tout faits d'un orgue électrique, pervertir les styles de l'arrangeur MIDI Band-in-a-Box, utiliser les samples du commerce ou s'approprier le moindre instrument, qu'il soit récent ou ancestral.
Je ne suis pas fan de la musique de Jennifer Walshe qui tire beaucoup vers le metal, le folklore irlandais et les éructations à la Diamanda Galás, mais c'est une vraie proposition, personnelle, et un beau travail d'intégration de différentes techniques, parmi lesquels le monstre IA qui divise le monde entre ceux qui la craignent (à juste titre) et ceux qui l'encensent (à juste titre).
Même si Walshe connaît bien la célèbre poésie phonétique de Kurt Schwitters composée entre 1922 et 1932, il me semble que son texte est plus un prétexte qu'une nouvelle lecture dadaïste. La découverte de l'IA pousse à tester les genres (mes premiers pas en attestent !). Ainsi l'Irlandaise, souvent chanteuse de ses propres œuvres, arpente rock, punk, hyperpop, trap, jazz, thrash metal, new age, folk, industriel, etc., perdant le propos de Schwitters. Si je reste donc extérieur au traitement de la Ursonate, le résultat n'en est pas moins épatant.
URSONATE%24 est présentée à l'exposition Musica Ex Machina du Pavillon de l'EPFL de Lausanne en Suisse jusqu'au 29 juin 2025. L’exposition retrace l’évolution de la musique au gré des progrès technologiques, illustrant comment les découvertes scientifiques et techniques de chaque époque ont façonné la manière dont elle est composée et performée.
De mon côté j'ai commencé à étudier les possibilités de l'IA dans le cadre de mon travail, en particulier le futur album d'Un Drame Musical Instantané dédié à Philip K. Dick, avec Francis Gorgé et l'écrivain Dominique Meens...
Pour rappel, je recopie tout de même ci-dessous la Ursonate originale enregistrée en 1932 :
→ Kurt Schwitters / Jennifer Walshe, URSONATE%24, sur Bandcamp, et 7€ en numérique 24 bits/48 kHz.
Tous les bénéfices sont reversés à Music Generation, le programme irlandais d'éducation musicale. La mission de Music Generation est de veiller à ce que tous les enfants et les jeunes aient accès à des cours de musique et aient la possibilité de s'impliquer dans la musique. Prenons en de la graine !
Par Jean-Jacques Birgé,
mardi 24 septembre 2024 à 03:34 ::Musique
Outer Spaceways Incorporated : Kronos Quartet & Friends Meet Sun Ra est le quatrième album d'une série dédiée à la musique et à la pensée de Sun Ra, produite par Red Hot. Cette compagnie américaine à but non lucratif s'est fixée de promouvoir des projets de santé publique pour tous, au départ centrés sur le SIDA. Fondée en 1990 par Leigh Blake et John Carlin, elle a choisi d'éduquer les auditeurs en combattant les stéréotypes sur un plan d'égalité envers les différentes communautés, soit en produisant des évènements et des objets culturels, en particulier une vingtaine de compilations musicales composées d'œuvres originales. La liste d'artistes y ayant contribué est impressionnante. L'idée est cette fois de valoriser Sun Ra comme l'un des grands compositeurs américains du XXe siècle.
Les trois premiers albums sont Red Hot & Ra: Nuclear War avec Georgia Anne Muldrow, Irreversible Entanglements, Angel Bat Dawid, Malcolm Jiyane Tree-o (Nuclear War est une pièce contre les armes nucléaires écrite après l'accident de Three Miles Island en 1979 près de Philadelphie, foyer de l'Arkestra) et ses remix, Red Hot & Ra : Solar - Sun Ra in Brazil (pont entre le passé et le futur de la population noire), Red Hot + Ra: Magic City re-composé par Meshell Ndegeocello !
J'ai commencé par la fin, c'est-à-dire le quatrième, parce que j'ignorais encore l'existence des précédents, et qu'il rassemblait des artistes qui font partie de ceux que je ne perds jamais de vue : le Kronos Quartet, Laurie Anderson et Terry Riley, avec, comme pour celui de Ndegeocello, le vétéran centenaire Marshall Allen. On retrouve les exquises mélodies de Sun Ra, ses musiques interplanétaires, les incursions électroniques, sa liberté de ton.
Lorsque je pense à Riley, c'est d'abord A Rainbow in Curved Air et Poppy Nogood and the Phantom Band qui me viennent à l'esprit, même si son style a beaucoup évolué depuis, en particulier en se consacrant majoritairement à de nombreuses pièces pour le Kronos. À sa sortie en 1969, ce disque avait considérablement influencé mon jeu à l'orgue électrique. Je me souviens que mon père, tandis que je passais en boucle sa musique "répétitive" dans ma chambre, l'avait comparé, un peu énervé, aux ondes courtes de Radio Londres ! Laurie Anderson est liée pour moi à son tube O Superman dans l'album Big Science de 1982, à son film Home of the Brave de 1986 et à son CD-Rom martien Puppet Motel qui en 1994 m'orienta opportunément vers ce media interactif. Quant au Kronos, que je suis depuis leurs débuts jazz sur Thelonious Monk et Bill Evans en 1985 et 1986, je reste scotché par leur version de Different Trains de Steve Reich, même si je possède l'intégralité de leur discographie. Ajoutez la claque produite par l'Arkestra de Sun Ra le 3 août 1970 à la Fondation Maeght que j'ai déjà racontée et vous comprendrez pourquoi cet album m'intéressait. Y participent beaucoup d'autres musiciens que je ne connais pas et le résultat est très sympathique, mais celui-ci n'égale pas l'émotion et l'excitation de certains disques de Sun Ra lui-même.
Même si Space is the Place, je suis revenu en arrière par la porte du temps qu'on nomme Internet, suivant l'ordre de publication, et j'ai écouté Red Hot & Ra: Nuclear War tout à fait dans l'air de l'époque d'origine, avec Angel Bat Dawid qui glisse vers un long a capella avant qu'Irreversible Entanglements reprenne le flmbeau. Pour Nuclear War : The Remixes Dennis Bovell, Oui Ennui, Moon Medicin, Joel Tharman et le Kronos suivent le mouvement. Solar - Sun Ra In Brasil possède la fantaisie dansante des Brésiliens inventifs (Ubiratan Marques, Munir Hossn, Metá Metá & Edgar, Fabrício Boliveira & Edbrass Brasil, Xuxa Levy, Max de Castro). The Magic City est une œuvre à part entière de Meshell Ndegeocello, une magnifique re-création neo-soul-jazz avec Marshall Allen, Pink Siifu, Immanuel Wilkins, Darius Jones, Justin Hicks, etc. Mes deux volumes préférés.
Les cinq albums constituent un hommage formidable au génie de Sun Ra, formant un projet homogène car il suit avec dévotion l'enseignement de ce compositeur, auteur de plus de cent disques, tout en se l'appropriant. L'ensemble est du niveau des compilations que j'adore de feu Hal Willner ou du label nato. La liberté d'interprétation de tous ces artistes confère à Sun Ra son aura de grand compositeur américain du XXe siècle.
Par Jean-Jacques Birgé,
jeudi 19 septembre 2024 à 05:53 ::Musique
Ce genre d'objet n'est destiné qu'aux fans ou aux historiens de la musique. Il est intéressant de constater que tel artiste composait et enregistrait beaucoup plus de morceaux qu'il n'en publiait. Après leur mort, les fonds de tiroir sortent, éclairant l'œuvre en décortiquant ses composantes. Certains y verront un livre de recettes !
Pour l'amateur précoce de Captain Beefheart que je fus, c'est évidemment une joie de découvrir ces archives... À mon retour des États Unis en 1968, j'étais passé voir Adrien Nataf chez Pan, son magasin du Quartier Latin, et lui avais demandé s'il avait des trucs du genre des Mothers of Invention. Il m'avait vendu Strictly Personal. Je suis évidemment allé à tous les concerts du Magic Band, depuis le Festival d'Amougies, où j'avais tenté de lui parler, à celui du Bataclan. Vers 1973, pris par la musique contemporaine et classique, ainsi que par le free jazz, j'avais un peu lâché après The Spotlight Kid et Clear Spot, et puis j'y suis revenu il y a une dizaine d'années pour voir comment avait évolué mon héros de Trout Mask Replica. Je réécoute tout cela comme on regarde les photos jaunies de son enfance.
" Cette collection n'est pas un bootleg (enregistrement pirate) disponible dans le commerce. Il a circulé parmi un certain nombre de collectionneurs de Beefheart et peut être téléchargé via certains sites de bittorrents. [...] Toutes les outtakes (prises alternatives) des années productives 1971 et 1972, sauvées des coffres de Warner Reprise, ont été rassemblées. Beaucoup de ces chansons et instrumentaux sont apparus sur des bootlegs au fil des ans, et quelques-uns ont même été publiés légitimement, mais c'est la première fois qu'ils sont disponibles tous ensemble. C'est un aperçu de la façon dont certaines chansons ont été créées par le Magic Band au cours de longues jams. Des riffs familiers peuvent être entendus ici avant d'être repérés par Don pour être retravaillés et développés. Certains des instrumentaux sont des pistes d'accompagnement complètes, d'autres semblent être des riffs répétitifs, des idées simples qui ne vont nulle part, d'autres encore sont les premières versions de chansons qui apparaîtront plusieurs années plus tard sur Shiny Beast, Doc At The Radar Station ou Ice Cream For Crow. Compilée par un fan engagé, cette collection définitive de 41 outtakes a été réalisée à partir des meilleures sources disponibles."
Par Jean-Jacques Birgé,
mercredi 18 septembre 2024 à 07:06 ::Musique
Kapr Code est un opéra documentaire de Lucie Králová sur le compositeur tchèque Jan Kapr, communiste convaincu ayant reçu le Prix Staline en 1951 pour le rendre en 1968 après l'invasion de son pays par les troupes soviétiques. Ses compositions musicales suivront ce revirement politique, passant des consignes du réalisme socialiste à des formes plus libres et expérimentales. Ce glissement progressif du plaisir ressemble de fait à une sorte de miroir renversé de l'Histoire. En 2019 j'avais trouvé formidable l'exposition Rouge au Grand Palais qui partait de la Révolution de 1917 jusqu'en 1953. Les utopies avaient été rapidement étouffées, formatant les consciences au diktat des nouveaux maîtres. À cette date charnière, Kapr fit le chemin inverse, retrouvant une inventivité réprimée par le stalinisme.
La cinéaste Lucie Králová réussit à réaliser un film très personnel en collaboration avec la compositrice Petra Šuško musicalisant les archives de Jan Kapr avec le Chœur Philharmonique de Brno, et de l'auteur de théâtre Jiří Adámek Austerlitz qui participe au scénario et prend en charge les parties en sprechgesang. Elle crée ainsi un opéra cinématographique contemporain mettant en scène l'ascension et la chute du compositeur aux yeux du pouvoir, ou plus justement l'affranchissement d'un homme prenant conscience de son asservissement. En mêlant les archives privées de Kapr, cinéaste amateur, et ses propres images, elle dépeint, souvent de manière facétieuse, la tragédie d'un artiste dont les convictions politiques influent directement sur ses créations.
Ce documentaire de création particulièrement réussi sera projeté le 11 octobre 2024 au Centre Pompidou dans le cadre de De vive voix / Les yeux doc à midi (Entrée libre, dans la limite des places disponibles).
Par Jean-Jacques Birgé,
jeudi 12 septembre 2024 à 06:28 ::Musique
Pour cette rentrée de septembre, un nouvel album est en écoute et téléchargement gratuits sur le site drame.org, enregistré en public dimanche dernier, 8 septembre 2024, au Studio GRRR par mes soins ! Dès lundi je mixais, masterisais, réalisais la pochette et les notes correspondant aux dix compositions instantanées jouées avec mes deux invitées, la violoniste Fabiana Striffler et la saxophoniste-flûtiste Léa Ciechelski. Cet Apéro Labo 4 est seulement le troisième cette année, mais pas le dernier. Les prochaines rencontres s'ajouteront aux deux CD qui seront publiés au mois d'octobre, soit un disque inédit de 2000 d'Un Drame Musical Instantané intitulé TCHAK (chez KlangGalerie) et mon Animal Opera (chez GRRR) sur lequel Étienne Mineur planche actuellement sur la pochette.
Ce fut encore une partie de plaisir, tant pour le trio que pour la trentaine de spectateurs venus nous rejoindre. Mes deux comparses s'en donnèrent à cœur joie et cela se sent merveilleusement à l'écoute. Fabiana Striffler, avec qui j'avais enregistré l'album *** en 2022 avec le guitariste Csaba Palotaï, m'a même emprunté mon harmonica pour Is it finished ?, une des cartes du jeu de Brian Eno et Peter Schmidt, leurs Oblique Strategies nous servant une fois de plus de thèmes imposés. Pour ce nouvel album, je désirais transmettre l'ambiance chaleureuse de l'aventure, aussi ai-je conservé chaque introduction où le public choisit au hasard une des cartes, avec leurs commentaires et leurs rires. Ont donc été également interprétées Use an unacceptable colour / Decorate, decorate / Do nothing for as long as possible / Towards the insignificant / Discard an axiom / Cut a vital connection / Is it finished? / Which elements can be grouped? / Accretion / Une chacun.e. Comme chaque fois je les ai laissées dans l'ordre où elles furent jouées. Pour composer le mixage je remets toutes les pistes à plat et rééquilibre les voix en fonction de la découverte sensible du moment. L'ivresse du jeu ne me permet jamais de percevoir le rendu définitif avant cette étape.
Ni Fabiana ni moi ne connaissions Léa, mais la complicité naquit instantanément. Un des spectatrices, Juliette Dupuy nous envoya une petite aquarelle prise sur le vif. Quant à la photo nous la devons à Dominique Greussay, habituée de ses sessions intimes où la proximité avec les artistes crée une impression magique qui fait défaut aux salles de spectacle. Dernière facétie, il s'agit de deviner combien de pélicans sont sur la couverture de l'album, photo que j'ai prise cet été dans le port de Callao au Pérou !
Par Jean-Jacques Birgé,
mardi 10 septembre 2024 à 02:56 ::Musique
J'aime bien les disques d'Alban Darche, mais j'ai souvent eu du mal à les chroniquer, les trouvant un peu trop proprets. Les concepts me plaisent, mais j'espère toujours que ça décolle. Alors j'attends une meilleure occasion, qui finit par se présenter avec son Verdi Remix qu'il cosigne avec le corniste Emmanuel Bénèche. Le projet est forcément ambitieux d'adapter la musique de Giuseppe Verdi pour Le Mirifique Orchestra. L'orchestration est proche de celle de Charlie Haden et Carla Bley dans The Ballad of The Fallen, mais les solistes n'ont probablement pas la liberté des Américains. Or, après la fanfare de la Messe du Requiem, La Valse a des airs de Nino Rota tout à fait surprenants. Les fanfares de Darche et Bénèche confèrent à Verdi une légèreté qui sied bien à ses pompes et circonstances.
Et puis j'adore le cor d'harmonie (French horn in English) trop peu utilisé dans le jazz. Pendant longtemps je ne connaissais que Julius Watkins, Gunther Schuller et Sharon Freeman, comme par hasard trois arrangeurs de talent. De même, avoir travaillé avec Nicolas Chedmail, fondateur du Spat' sonore fut une expérience passionnante lorsque nous enregistrâmes La preuve de Poudingue ! Le cor se mêle parfaitement aux cordes dans les orchestres symphoniques. Et ici, pour Verdi Remix, ceux de Bénèche et Pierre-Yves Le Masne, donnent un moelleux au Mirifique auquel participent également Darche au sax alto, le flûtiste Thomas Saulet, le clarinettiste Nicolas fargeix, le trompettiste Hervé Michelet, le tubiste Matthias Quilbault, le guitariste Alexis Thérain et Meivelyan Jacquot à la batterie.
J'écoute plusieurs fois de suite avec énormément de plaisir Di quelle pira, Pietà rispetto amore, Ante Requiem, Condotta ell'era in ceppi, les variations sur Aïda et La Forza del Destino, Va pensiero, Il mistero, Libiamo ne' lieti calici, etc. Verdi à Plovdiv de Darche diffuse l'humour léger de Rota, typique de ces arrangements ludiques. On y sent l'air chaud de l'été italien. Encore une fois, cela n'a rien d'étonnant : à la fin du Guépard de Lucchino Visconti, c'est Nino Rota qui avait arrangé la valse inédite en fa majeur de Verdi. Darche et Bénèche peuvent aujourd'hui revendiquer l'héritage que Verdi tenait lui-même de Gioachino Rossini. L'album Verdi Remix sonne pour moi comme une panacotta, dessert qu'adorait Verdi, les deux compositeurs italiens étant aussi de fins gastronomes !
→ Le Mirifique Orchestra, Verdi Remix, CD Pépin&Plume, dist. L'autre distribution/Believe, sortie le 11 octobre 2024
Par Jean-Jacques Birgé,
jeudi 5 septembre 2024 à 00:01 ::Musique
C'était il y a 25 ans. Je crois me souvenir que la première fois que j'ai demandé à Philippe Deschepper de se joindre à nous, c'était en 1998 pour l'album Machiavel d'Un Drame Musical Instantané. Mais j'ai l'impression de l'avoir toujours connu. Comment ne pas adorer ce musicien instinctif dont la sensibilité ressemble à un bijou ciselé ? Comme son autre métier d'art (l'œuvre reproduite sur la pochette est de lui), il sculpte le son avec ses six cordes. Peut-être parce que sa posture ressemblait à celle de Francis Gorgé avec qui j'avais joué de 1970 à 1992, penché sur sa guitare, tout à la musique, peu importe la scène ! On avait enchaîné avec le disque Un petit tour d'Aki Onda dont j'assurais la direction artistique, le film 1+1 une histoire naturelle du sexe dont j'avais composé la musique et la dernière mouture du Drame qui sortira d'ailleurs en octobre 2024 sur le label autrichien KlangGalerie sous le titre TCHAK (avec Bernard Vitet et Nem). Deux ou trois ans, assez pour apprécier l'homme autant que l'artiste. En 2021, lorsque François Corneloup me proposa de l'inviter pour un Pique-nique au labo, j'ai sauté sur l'occasion et bondi de joie, et cela a donné Exotica.
D'apprendre que Stéphane Berland l'enregistrait pour Ayler Records en duo avec un autre guitariste que j'aimais beaucoup, mais avec qui je n'avais pourtant jamais joué excitait ma curiosité, convaincu que la rencontre ferait forcément des étincelles, de celles qui brillent sur les gâteaux d'anniversaire. J'avais découvert Noël Akchoté au début des Recyclers, aussi inventif que ses deux acolytes, Benoît Delbecq et Steve Arguëlles. Je l'avais enregistré pour Sarajevo Suite, un autre album dont j'assurais la direction artistique, tandis qu'il faisait partie du quintet de Henri Texier, ce cher Henri dont ils reprennnent Nebbia sur MMXXIV AD. C'est le titre du disque de ce duo magique.
Ils improvisent aussi sur des morceaux de Paul Motian, Steve Swallow, Ornette Coleman comme sur les leurs. Treize pièces tissées à douze cordes, six pour la trame, six pour la chaîne. Le jeu des deux guitaristes est très différent, mais l'alliage prend merveilleusement, comme lorsque l'on rencontre un nouvel ami et que l'on sait immédiatement que cela va coller...
→ Philippe Deschepper & Noël Akchoté, MMXXIV AD, CD Ayler Records, dist. Orkhêstra, sortie le 6 septembre 2024
--- 20e année ---
Créé en août 2005
Plus de 5700 articles + en miroir sur Mediapart
chronique solidaire et militante
non je ne suis pas journaliste
Contact: jjbirge(at)drame.org
LIVE IN VIVO
Apéro Labo 5 avec
avec Hélène Duret et Alexandre Saada
Studio GRRR, 13 octobre
Perspectives du XXIIe siècle avec Amandine Casadamont plus le film réalisé par Nicolas Clauss, Sonia Cruchon, Valéry Faidherbe, Jacques Perconte, Eric Vernhes, John Sanborn et JJB MEG, Genève, 31 octobre
Apéro Labo 6, avec Roberto Negro et Catherine Delaunay
Studio GRRR, 8 décembre
CD À VENIR
TCHAK, CD inédit d'Un Drame Musical Instantané enregistré en 2000, label Klanggalerie, octobre 2024
Animal Opera Birgé (en partie avec A. Schmitt) enregistré sur GRRR, oct. 2024
K. Dick, CD inédit d'Un Drame Musical Instantané enregistré sur GRRR, 2025
ALBUMS RÉCENTS
Apéro Labo 4 live au Studio GRRR avec Fabiana Striffler et Léa Ciechelski à paraître fin septembre
CDPerspectives du XXIIe siècle avecN.Chedmail, J-F. Vrod, A-T. Hoang, S. Lemêtre... (MEG-AIMP, dist.Word and Sound)
Double CD Pique-nique au labo avec 29 musiciennes et musiciens
(GRRR, dist. Les Allumés du Jazz) Également sur Bandcamp Le superbe vinyleFictions duo avec Lionel Martin sérigraphie d'Ella & Pitr est sur Bandcamp
Reformation du Drame avec F.Gorgé et D.Meens Plumes et poils - 2022 CD GRRR, sur Bandcamp
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