Il ne reste plus qu'à recevoir la confirmation du notaire pour valider notre divorce. C'est mon deuxième. Je me suis chaque fois marié pour des raisons techniques et qui ne m'incombaient pas directement. L'amour n'a rien à y faire, même si j'étais follement amoureux des deux femmes en question. Le mariage n'est que l'assentiment de la société, administratif et dans le regard des autres, la famille, les amis, les collègues, cela dépend des milieux. Plus le mariage est simple, plus le divorce le sera. S'il a lieu, ce n'est heureusement pas obligatoire, qu'on me comprenne. J'envisage pourtant toujours la rupture au début de chaque association, qu'elle soit amoureuse ou professionnelle. Si cela craque, tout est réglé sans trop de chamailleries. Je crains que les jeunes gens qui dépensent des fortunes pour leur mariage n'aient pas fini de payer leur emprunt avant de se séparer ! Mes deux divorces se sont donc passés à l'amiable, formule simplifiée comme on l'appelle aujourd'hui, 960 euros le menu pour deux personnes, service compris. Ce n'est pas donné, mais ce n'est pas une catastrophe. Si c'en est une, ce n'est pas là qu'elle se situe. J'ai vécu treize ans avec la mère de ma fille, plus de quinze avec Françoise, longtemps parfois avec d'autres, avant et entre temps.
Après quelques semaines plutôt déstabilisantes, j'ai tranquillement accepté mon sort et envisagé une vie nouvelle. Pour me consoler, ma fille m'a dit que j'allais rajeunir et perdre quelques mauvaises habitudes. J'ai en effet changé de régime, perdu les six kilos qui me transformaient en homme enceint, marché tous les matins à jeun, je suis sorti autant que possible. J'ai d'abord regardé les filles comme un ivrogne qui suit des yeux la bouteille qui passe dans un restaurant. J'ai testé sans succès les sites de rencontres pendant un mois avant de m'en désinscrire, mais je pourrais écrire une thèse sur le sujet. J'y reviendrai ici certainement, cela en dit long sur l'évolution de la société.
Il vaut mieux retrouver son calme. Django et Oulala n'ont jamais été aussi câlins. Les amis sont adorables. C'est une question de rythme. Au jeu des chaises musicales chaque chose retrouve sa place. Le romantisme fleur bleue oblige à ne pas s'installer dans un confort célibataire que le conflit bienveillant du couple bouscule heureusement. Celles et ceux qui tiennent à nous émettent des critiques fondamentalement positives. Le collectif est tellement plus marrant que le solo, exercice bien pâlichon en regard des modes associatifs. On privilégiera la dialectique. Le fatalisme, n'empêchant nullement mes facultés de résistance et de révolte permanentes (qui n'ont rien à voir avec ma situation sentimentale à laquelle je ne fais aucune allusion pour une fois dans ce billet), m'a dicté une petite samba le jour où j'ai cassé un objet auquel je tenais. Il n'y a que dans les films de Cocteau que l'on peut remonter le temps...
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé…
Y a pas moyen
D’rembobiner
Pour recoller
Les sentiments
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé…
Y a plus qu'à vivre
Au jour le jour
Car c'est l’amour
Qui nous rend ivre
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé
Quand c’est cassé c’est cassé…
Vous entendez les maracas ?