lundi 30 décembre 2024
Torticolis
Par Jean-Jacques Birgé,
lundi 30 décembre 2024 à 08:03 :: Perso

Devant déplacer des poids lourds j'ai protégé mon dos en oubliant mon cou. Voilà donc une semaine que je suis terrassé par un torticolis aigu dont la douleur est permanente. Cela ne remonte pas à hier puisqu'en 1532 Rabelais l'écrivait déjà tortycolly ! Après être allé chercher une minerve en haut du placard j'ai pris mon mal en patience, le tramadol-paracétamol ne faisant étonnamment que peu d'effet, tout comme le massage à la gaulthérie couchée. J'ai tout essayé, le tube de Ketum et le bâton de moxa. Cela fait si mal, et sans interruption, que j'ai l'impression de vivre derrière un rideau de fumée, un filtre que tout, absolument tout, traverse, ouaté. Ma vue et mon ouïe s'en trouvent affectées. J'entends moins bien, comme éloigné de la réalité. Il m'est indispensable de me concentrer pour oublier la douleur lancinante, effort paradoxal puisque j'ai un mal fou à me concentrer sur quoi que ce soit. J'y pense et puis j'oublie, mais j'y pense beaucoup plus que je n'oublie. Il est étrange que la douleur aiguë à droite ait changé de côté pour devenir sourde à gauche. Je me fais l'effet d'un échassier, le cou raide, mon mètre de couturière s'étant métamorphosé en mètre pliant. La minerve me tient droit, mais je dois l'ôter la nuit où le moindre mouvement est particulièrement pénible. Étrange symptôme, la douleur se déplace de jour en jour, d'abord aiguë à droite elle a migré sourde à gauche, avant de produire de terribles crampes dans le cou. Mais elle ne passe pas. Je garde un calme olympien en attendant un rendez-vous osthéopathique, espérant qu'étudier la douleur l'apprivoise jusqu'à la faire disparaître, comme j'ai appris à le faire à vingt ans en lisant Bras cassé de Henri Michaux.