70 Pratique - juillet 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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dimanche 9 juillet 2006

Appuyez là où ça fait mal !


Passé le massage de confort, je n'ai jamais compris comment ça fonctionnait. L'ostéopathie reste assez mystérieuse, en particulier l'ostéopathie crânienne. Les praticiens ont du mal à l'expliquer lorsqu'on leur pose des questions. Bien sûr que c'est efficace, mais pourquoi ? Au pire, on vous sert un discours baba de comptoir où se croisent méridiens et énergie. Pour les patients, il y a les kinés, jugés souvent basiques, et les ostéos qui font craquer ou pas, mais craquer quoi ? Les termes sont souvent impropres, on ne se déplace pas une vertèbre sans se retrouver en chaise roulante. On peut se coincer un nerf, mais la plupart du temps ce sont des micro-entorses, des tensions musculaires qui vous font prendre des positions antalgiques, de quoi ressembler à un bonzaï. Le bruit serait simplement du gaz accumulé entre les articulations. Que les spécialistes m'écrivent, ils ont gagné. Comprendre, nous ne demandons que cela.
Lorsque j'avais 18 ans, je portais ma sono qui pesait 60 kilos par élément de 1,80m. Il m'arrivait de me faire mal en chargeant la voiture en porte-à-faux et ça passait en deux ou trois jours. À 31, à la fin d'une répétition vers 4 heures du matin, je me suis coincé le dos pour la première fois. Les ennuis avaient commencé. J'ai d'abord accumulé les séances de kiné, puis chaque mois je voyais un ostéo crânien, mais ça ne m'empêchait pas de me retrouver par terre, à genoux, avec un grand cri japonais. Mes amis me disaient que j'en avais plein le dos, qu'il fallait que je change de vie. On me traitait d'hypocondriaque, on sous-entendait que c'était psychologique jusqu'à ce que je passe radios et scanner. Bilan des courses : une hernie discale et trois disques écrasés. Il y a dix ans, mon lumbago a fini par me ficher la paix, lorsqu'un médecin-kiné m'indiqua quelques mouvements simples à effectuer au coucher et au réveil. Il m'est encore arrivé de me faire très mal, mais de plus en plus rarement, et je ne manque plus jamais de faire mes exercices sans me mettre en danger. Je vois de temps en temps un ostéo ou un kiné (variation géographique) pour la révision des 10 000, mais j'ai surtout fait l'expérience du massage chinois. Voilà, on y vient.

Le massage chinois n'a rien à voir avec les pratiques occidentales. Madame J., qui opère à domicile, appuie là où ça fait mal. La douleur est insupportable, il arrive que l'on crie, il paraît même que les chinois hurlent tandis que les occidentaux se retiennent en soufflant comme des phoques. Madame J. attendrie la bidoche comme le boucher avec le bifteck. Elle s'y prend à deux mains en glissant sur la peau, enfonçant ses doigts aux nœuds de tension et malaxant jusqu'à ce que ça lâche. Difficile de résister, Madame J. rit tout le temps, d'un rire bienveillant qui rassure. On en ressort complètement lessivé, et le lendemain courbaturé comme si on avait pratiqué le triathlon pour la première fois. Certains camarades, car Madame J. est un secret que l'on se repasse entre musiciens comme si c'était un trésor vivant, se sont retrouvés avec d'énormes bleus. N'y voyez aucun masochisme refoulé, car trois jours après vous gambadez sans plus aucun souvenir de la douleur, ni celle de la séance de torture, ni surtout celle qui vous a fait crier au secours. Et Madame J. de sourire en vous expliquant les "kolok kolok" par un "quand bruit, mal". J'ai essayé de pratiquer cette technique sur moi-même et ma compagne, ça fonctionne plutôt bien : chercher les tensions avec le maximum d'écoute et masser longtemps jusqu'à ce que le muscle lâche. C'est tout simple, rien de mystique, pas besoin d'y croire : la gym pour l'entretien, l'attendrissement pour les coups durs ! Bon, d'accord, n'excluez pas la visite à un spécialiste lorsque votre cas semble sans espoir... C'est un peu comme l'homéopathie qui est une médecine formidable, mais en cas de crise aigue mieux vaut, par exemple, avoir recours tout de même aux antibiotiques. Chacun doit trouver ce qui lui convient. Un de ces jours, je ferai un article sur l'homéopathie, ça nous changera ! Et puis, j'en ferai un autre sur la douleur, comment la maîtriser en l'apprivoisant...

La photo représente différents objets du culte (physique) permettant de détendre le corps : trois différents tapis à picots (réflexothérapie, absolument géniale, au fonctionnement plus proche de l'acuponcture, tous les méridiens passant par la voûte plantaire, et par les oreilles, mais là, c'est raté, vous aurez beau écouter le train arriver en vous penchant sur les rails, ce n'est pas très pratique pour le massage des oreilles), cylindres pour les pieds toujours (très utile en avion), matchi-pouli (là j'ai des doutes, trop d'efforts des bras pour masser le dos), petits ustensiles pour frapper les endroits douloureux (font partie du quotidien asiatique, mais moi, je ne m'y fais pas), araignée pour la tête (un cadeau exquis trouvé chez Nature & Découverte), moquette (pour la gym), Syntol, Huile de massage et Baume du Tigre (ça soigne tout, des courbatures au mal de tête ou de ventre, c'est l'aspirine de l'Asie), etc. Une véritable panoplie SM (euh, Soins Massage) !

jeudi 6 juillet 2006

Babylone Babil Home


En lisant allongé l'imposant catalogue de l'exposition Edgard Varèse présentée au Musée Tinguely à Bâle (Suisse) jusqu'au 27 août, je pense qu'il faut que j'insiste lourdement (le poids du livre sur mon ventre ?) et rappeler l'événement et la somme encyclopédique que représente cette somptueuse publication (508 pages, 250 illustrations dont la plupart en couleurs, 39.95 € ; édition anglaise : Boydell & Brewer, Melton, Suffolk).
Plus tard, en regardant quelques films de l'Intégrale Norman McLaren, je me dis à nouveau que je n'ai pas assez enfoncé le clou : pour tout amateur de cinéma d'animation, c'est l'achat incontournable (7 DVD, moins de 100 € port inclus). Hier soir, je découvre que McLaren est, en plus, un des pères de la musique interactive, pas du tout dans son interactivité puisque les films sont par essence linéaires, mais par le résultat produit. Dessinant à même la pellicule images et sons (sur la piste optique) et travaillant sur leur synchronisme, le cinéaste canadien construit, par ses effets mécaniques, une forme musicale que l'on retrouvera dans la sonorisation des mouvements des œuvres multimédia où le son sert souvent à valider le geste. Les mélodies de McLaren rappellent également les mélodies aléatoires que le designer sonore fabrique pour échapper à la monotonie de la machine ! Ces familiarités avec mon propre travail électronique sont tout à fait troublantes.
En me réveillant, j'hésite à rédiger ce billet sur tous les indispensables que je souhaite conseiller à mes bienveillants lecteurs. La tâche est ardue et mérite qu'on s'y reprenne en plusieurs fois. Combien de films, de livres, de disques, d'endroits à visiter, de mets à goûter, d'outils à posséder ?! Les dictionnaires et encyclopédies me semblent un bon début. La Toile (aide Google, Google t'aidera) est la première, puisqu'elle me permet de communiquer avec vous et de rechercher instantanément toutes les informations désirées. Sur Mac, le logiciel Sherlock est d'une aide précieuse car il peut traduire plus efficacement les articles écrits en langues étrangères. Mais la recherche en ligne ne répond pas à toutes les questions. D'abord, il est nécessaire de croiser différentes réponses pour en vérifier la fiabilité des sources. Ensuite, auncun site ne vaut un bon dictionnaire papier ou un atlas grand format !
Commençons par le Petit Robert, deux volumes : pratique pour vérifier une orthographe, une étymologie, un sens méconnu, une biographie succincte, pour trouver un titre, chercher un synonyme, etc. Ensuite, il y a des Robert spécialisés pour les maniaques du verbe : Expressions et locutions, Proverbes, Synonymes, Etymologique... J'utilisais parfois le Larousse des Rimes orales et écrites lorsque j'écrivais des paroles de chansons : je n'en ai jamais trouvé une seule qui me sied, mais l'exercice me décoinçait chaque fois... Le Grévisse (Le bon usage de la langue française, ed. Duculot) peut être également d'une aide précieuse, encore que je n'ai pratiquement jamais pensé l'ouvrir, préférant les divagations poétiques du Dictionnaire de l'Argot ou celui des Mots de la musique (remarquable ouvrage de Jacques Siron aux Éditions Outre Mesure). Sur mon bureau, sont encore alignés les trois volumes du Dictionnaire historique de la langue française (un truc bourré d'histoires formidables sur le sens des mots dans leur chronologie, comment ils en sont arrivés là, ça fait rêver) et les quatre Harrap's grand format pour traduire français et anglais dans les deux sens. Je suis particulièrement attaché à toute cette littérature depuis qu'à l'âge de neuf ans j'ai lu le Petit Larousse illustré de A à Z. On ne naît pas obsessionnel, mais on le devient très tôt !
Fuyant mon bureau, je glisse vers la bibliothèque où sont rangés les livres de musique. Les trois volumes du Dictionnaire biographique des Musiciens (classiques) côtoient ceux du Rock (2 volumes) et du Jazz, le tout édité dans la collection Bouquins. C'est un tel plaisir de découvrir la biographie d'un auteur ou d'un groupe qu'on a adoré sans souvent en connaître l'hsitoire. De même, au premier étage, la bibliothèque des livres de cinéma commence par le Dictionnaire du Cinéma de Jacques Lourcelles et le Guide des Films de Jean Tulard (toujours coll. Bouquins), ainsi que le Dictionnaire du Cinéma de Jean-Loup Passek chez Larousse (coll. In Extenso). Les détails sont autrement plus fournis que le très utile site d'imdb, lorsque l'on cherche des renseignements sur un film ou un cinéaste...
Aucun dictionnaire, aucune encyclopédie n'est jamais complète, mais entre le Web et tout ce papier on finit souvent par trouver son bonheur. Les versions numériques de l'Encyclopedia Universalis et du Petit Robert sont d'autres modèles du genre dont je ne me sépare jamais. J'ai toujours mon Atlas Mondial du Reader's Digest dont, adolescent, j'ai dévoré chaque page comme un explorateur de terres inconnues, je suis resté des heures devant les photographies d'aurore polaire, de tornade et de déserts. Je regardais avec autant de stupeur la double page sur les races humaines. À côté de lui, est rangé l'Atlas routier Michelin, sans oublier quelques guides touristiques au gré des voyages lointains ou des déambulations parisiennes.
Je pense qu'au jeu de l'île déserte, ce sont les livres que j'emporterai. Je peux les lire et les relire éternellement. Ils sont sources de rêves et excitent mon imagination. En les feuilletant, j'entends mes musiques préférées, je fantasme des films que je n'ai pas encore vus, je voyage dans des contrées insoupçonnées, je découvre des mots qui m'émeuvent... Si j'en faisais une compression à la César, peut-être prendraient-ils la forme d'un Faucon maltais, derniers mots du film de Huston en référence à Shakespeare, what the dreams are made of (ce dont sont faits les rêves)...