70 Pratique - août 2007 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 24 août 2007

Morphée


Les fantômes évoqués la veille se révélèrent ailés quand la nuit fut venue. Le bourdonnement qui nous réveille disparaît aussitôt la lumière allumée. Nous avons beau dix fois scruter les murs immaculés, on n'y voit que du feu, à l'instar de l'inflammation épidermique causée par la piqûre. Pour désenvoûter notre chambre habitée, nous n'avons d'autre solution que d'accrocher, près du lustre vénitien, un voilage rouge sang que Pascale a cousu de ses blanches menottes. La nuit suivante, le leurre fait son effet. Seul le vent nous pousse. Notre radeau deguisé en fantôme aborde les sauvages contrées peuplées des créatures qui illustraient nos palabres du jour. Le ballet des petits moteurs volants ne peut plus nous atteindre. Nous sombrons dans les bras de Morphée. Hououou !

mercredi 15 août 2007

La zone


Comme chacun, je suis toujours inquiet de changer de système. L'acquisition d'un MacBook Pro ne m'avait pas trop donné de soucis jusque là. Or la puce Intel rend impossible la lecture de DVD d'autres zones que la nôtre et rend inefficace MacTheRipper qui aurait permis de faire sauter la protection imbécile dont n'importe quel lecteur de salon dézoné ou multizones d'origine se moque. Il est toujours possible de changer de zone sur son lecteur, mais ce changement limité à 5 passes rend caduque toute velléité de slalomer entre les zones. La miraculeuse petite application vlc reste sourde aux dvd achetés lors de mes pérégrinations sur les autres continents (zone 1 aux USA et Japon, Zone 3 en Corée, etc.). Sur mes ordinateurs plus anciens, tout fonctionnait à merveille (vlc, MacTheRipper) avec tous les films que les éditeurs français ou européens n'ont pas l'idée ou les moyens de sortir. Ces restrictions, comme les DRM pour la musique, ont la vertu de pousser les utilisateurs vers des solutions pirates, disques déplombés, etc., même si le mp3 ou le divX sont des formats vraiment dégueulasses. Pour regarder un film inédit que l'on cherche depuis trente ans, les pâles reproductions trouvées sur YouTube ou DailyMotion sont des bénédictions. Que voulez-vous, c'est mieux que rien.

vendredi 10 août 2007

Remue / ménage


Le mois d'août rime avec écoute et le temps de ne rien faire avec s'affaire. Ainsi je rattrape mon retard sur les disques que je n'ai pas encore entendus. Mais dans quelles conditions ? En accompagnement ou en ne faisant rien d'autre ? Depuis quelques mois, les disques tournent sur la platine pendant que je tape. Ou bien je tape tandis que tournent les disques. De quoi je parle ? De ce que j'entends ou de ce que cela m'inspire indirectement ? Je rêvais d'un fauteuil comme celui qu'essaye Françoise dans l'appartement du Corbusier. À Würzburg, Jürgen Königer en avait un qui trônait, solitaire, au milieu de sa pièce d'écoute. Regarder des films le soir est la seule activité qui m'empêche encore de m'activer dans tous les sens. Son "assise" conviendrait-elle ? Il m'arrive de m'endormir devant l'écran. J'en suis un peu contrarié, mais je ne suis pas le seul. Lorsque je résiste, j'ai des énervements dans les jambes qui risquent de se perpétuer si je vais me coucher dans mon lit. Parfois toute l'assistance roupille. C'est cocasse. Comme la fois au cinéma où je me suis retourné sur mon siège pendant une séance d'un film en 3D : toute la salle portait des lunettes noires. Avec le temps qu'il fait on n'en a pas besoin, mais on a celui de regarder des films... On en parle demain.

lundi 6 août 2007

La passion des plantes


Dimanche, il faisait beau.
J'ai terminé de traiter les fichiers du lapin italien avant le dîner ; j'avais commencé à 7 heures du matin. La première livraison en compte un bon millier, j'aurais mis moins de trois jours, je vais de plus en plus vite...
En arrachant les palmes fanées du yucca qui grimpe maintenant à plus de deux mètres devant la fenêtre de la cuisine, Caroline a dévoilé ses racines. Elle espère faire repartir dans son jardin celle qu'elle a coupée. Encore un alien végétal. Si les piquants repoussent chaque fois que je les taille pour éviter qu'on s'y pique douloureusement, sa chair est très tendre. Chaque année il produit une grappe de fleurs blanches immense qui pousse en son cœur. L'ancien propriétaire raconte qu'il a tenté de s'en débarrasser avec de l'acide, mais qu'au contraire cela l'a fortifié ! Je rampe par terre pour admirer le travail. C'était le jour pour bricoler dehors, Françoise et Jonathan ont réparé deux chaises avec de la fourrure synthétique rose fluo. Il paraît que la semaine va être pluvieuse. Le tonnerre gronde déjà. Le soleil reviendra à Pâques ou à la Trinité. On ne sait plus où on en est. Le mois d'août est déstabilisant. C'est bien.
J'ai photographié le palmier à l'exposition Kiefer. Comme touché par la foudre. Il renaît de ses cendres par la grâce de l'artiste qui lui a confectionné un appui-tête. J'espère aller voir celle d'Annette Messager ce soir au Centre Pompidou... Si j'ai terminé de découper les fichiers du gourou, encore deux cents aujourd'hui...
Je m'y mets de ce pas.

samedi 4 août 2007

L'invasion des profanateurs de toiture


Les bambous atteindront huit mètres cette année. La jungle gagne sans cesse du terrain. J'ai choisi de quitter Paris pour voir les arbres pousser et sentir les saisons se succéder. C'est une farce, la lisière est à trois cents mètres ! Sous l'assaut des plus vivaces, les espèces se raréfient. D'autres apparaissent, graines apportées par le vent et les oiseaux. Je n'aimais pas tailler les branches, mais j'ai fini par accepter comment la nature fonctionne. Malgré tous les conseils m'exhortant à empêcher le lierre de s'accrocher à la maison, je l'ai laissé proliférer. Je pensais qu'il lui faudrait du temps avant qu'il n'arrive à attaquer la pierre et que son manteau de verdure m'éviterait de ravaler les quatre hauts murs. Tout semblait rouler comme sur des roulettes jusqu'à ce que le lierre atteigne le toit, envahissant la gouttière et soulevant les tuiles. Plus le choix ! J'ai commencé à sectionner les branches au rez-de-chaussée, à arracher celles qui adhèrent à la façade, à me tordre dans tous les sens, m'esquintant une fois de plus les doigts. Je dois encore emprunter une échelle ou un harnais pour repousser l'invasion de la toiture. Ce n'est pas gagné. Françoise est inquiète que je grimpe à plus de dix mètres en hauteur. Je crains pourtant moins l'escalade que l'arrachage... Entre les bambous et le lierre, c'est auquel sera le plus coriace. Je regretterai l'épaisse toison qui donnait à la maison un air champêtre hiver comme été. Maintenant la reprise du crépis semble inévitable. J'ai toujours rêvé repeindre la maison d'une couleur flashy, je ne me suis jamais décidé pour laquelle...