vendredi 24 mai 2013
L'origine du mal
Par Jean-Jacques Birgé,
vendredi 24 mai 2013 à 07:18 :: Pratique
Me lisant handicapé par un lumbago persistant, de bonnes âmes m'ont écrit pour me conseiller diverses pratiques de guérison. Soulagé momentanément par les bons soins de la masseuse chinoise, de l'ostéopathe, du réflexologue et de la nouvelle pharmacopée, en l'occurrence de l'Ixprim, savant cocktail de tramadol et de paracétamol, mais néanmoins bloqué en position allongée depuis trois semaines, j'ai eu tout le loisir de lire Healing Back Pain en anglais dans le texte, le best-seller du Docteur John E. Sarno. Le médecin américain y livre son intuition sur l'origine du mal au dos et comment s'en débarrasser définitivement, même affecté comme je le suis par une hernie discale et trois disques écrasés !
L'hypothèse formulée par le médecin américain tient du bon sens, mais son style est celui d'un auteur à succès s'adressant à une large population plutôt inculte en matière psychanalytique. Dès lors que l'on considère que la majorité de nos afflictions proviennent de la somatisation, ou du moins que notre mental a une influence indéniable sur les maladies que nous attrapons, pourquoi ne pourrait-on guérir par ce qui provoqua le mal ? D'où sa suggestion de soigner les TMS (Tension Myositis Syndrome, en français Troubles musculosquelettiques) sans médicaments, ni chirurgie, ni exercice physique, mais par le seul pouvoir du cerveau... Si l'I.R.M. montre une lésion vertébrale, Sarno prétend que ce n'est pas elle qui provoque la douleur. Il est question de manque d'oxygénation des tissus, mais je ne vais pas réécrire ici son bouquin. Le stress et la colère rentrée seraient à l'origine du mal, comme on peut se fabriquer un cancer, un ulcère à l'estomac, de l'asthme, quelque maladie dermatologique, etc., la liste est longue. Pour avoir envisagé moi-même depuis fort longtemps cette théorie et l'avoir testée avec succès, la lecture confirme mon hypothèse. On peut évidemment atténuer la douleur et la faire disparaître en l'apprivoisant, de même on peut très bien guérir de moult maladies par un travail psychologique ou psychanalytique, tout dépend de l'ampleur des dégâts. L'inconscient est hélas plus puissant que la concentration volontariste et la relaxation philosophique, aussi n'est-ce pas toujours facile, particulièrement en période de crise aiguë. Sur tous les terrains il est fondamental de juguler la peur.
Là où Sarno est léger, c'est évidemment dans la guérison miraculeuse qui tient, malgré ses dires, plus d'une sorte de conviction à laquelle je ne peux adhérer, n'ayant pas en son temps acquis la petite croix Vitafor qui guérit tout, peines du corps et peines du cœur, il suffit d'envoyer le bon de commande, ici un petit livre de poche à quelques euros, je ne me suis pas ruiné. Le pouvoir de suggestion des praticiens ayant recours à la méthode du médecin américain est certainement la clef de leurs succès, mais j'ai beau avoir suivi, ou plus justement précédé à la lettre, les conseils avisés prescrits, soit traiter l'affaire par le mépris, je me suis tout de même coincé le dos après trois ans et demi de rémission alors que je pensais être sorti de là ! Cela fait trente ans que ma cinquième lombaire joue le rôle de mon talon d'Achille. Si le ciboulot est souvent à l'origine du mal, s'il est possible de s'en débarrasser par un travail psychique, il n'en reste pas moins que le best-seller qui aurait soigné des milliers de personnes de par le monde tient par son style d'une entreprise commerciale juteuse qui laisse planer le doute sur les intentions philanthropiques de son auteur. Ouvrage de vulgarisation sur le pouvoir de l'inconscient, il n'empêchera pas chacun de morfler et de trouver également l'issue qui lui convient...