70 Théâtre - novembre 2024 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 14 novembre 2024

Ceux qui rougissent sur Arte.tv


Elsa me conseille de regarder une mini-série diffusée gratuitement sur Arte.tv intitulée Ceux qui rougissent, huit épisodes de 10 minutes chacun, fiction avec des ados en terminale ayant choisi l'option "théâtre". Cette petite merveille réalisée par Johan Rouveyre, Louise Silverio et Julien Gaspar-Oliveri, qui joue le rôle du prof remplaçant, meneur de jeu, met en scène une alternative chamboulant intelligemment et sensiblement la normalisation de l'enseignement et de l'apprentissage de la vie. Lorsqu'on enseigne ou l'on transmet, que rêver de mieux que de réveiller les jeunes esprits ? Il existe d'excellents films sur la direction d'acteurs comme, par exemple, le court-métrage de Jean Renoir avec Gisèle Braunberger ou Elvire Jouvet 40 de Brigitte Jacques (filmé par Benoît Jacquot), mais Ceux qui rougissent, que j'ai failli appeler Ceux qui rugissent, déborde le sujet. Le désarroi de la jeunesse s'y exprime autant que son potentiel formidable. Cette mini-série de fiction, qui s'inspire des véritables cours de théâtre de Julien Gaspar-Oliveri, est carrément bouleversante, montant en crescendo au fur et à mesure des 8 épisodes.


Comme je n'ai pas envie de la divulgâcher, je vous exhorte simplement à la regarder. Vous m'en direz des nouvelles !

mardi 12 novembre 2024

Six pieds sous ciel de Jacques Rebotier


La nouvelle pièce de Jacques Rebotier se joue au Théâtre de La Colline jusqu'au 24 novembre. En sortant, toutes les phrases que nous entendons ou lisons semblent être de l'auteur : "ça fait dix minutes que je t'attends !", "quelle sauce vous voulez ?", "fatal error", "réfléchissez mieux sans réfléchir plus", etc. Rebotier presse les tics de langage pour profiter de leur suc, il tord les us et coutumes de notre quotidien en les répétant tant qu'il en révèle l'absurde. Sa prosodie à trois voix parlées, souvent à l'unisson, rythmique très personnelle qu'il utilise depuis (presque) toujours, produit l'hilarité de la salle. Ciselé au rasoir sur du papier de vers à musique, le texte se moque de l'époque, critique ses à-peu-près et ses paradoxes. En 2012 j'avais vu Les Trois parques m'attendent dans le parking aux Amandiers de Nanterre, déjà trois filles à roulettes. La même année je lui avais donné la réplique tandis qu'il improvisait sa Revue de presse. Sa nouvelle pièce, Six pieds sous ciel, s'appuie évidemment sur l'actualité récente, comme découpée dans le journal du jour ou glanée au gré de la promenade. Le quotidien est la source principale de toute l'œuvre de Rebotier. Il le souligne au marqueur fluo en faisant ressortir les phrases du silence. Dans les haut-parleurs Bernard Vallèry diffuse des sons qui font glisser le documentaire dans la fiction, c'est bien de cela dont il s'agite. Au salut, Anne Gouraud, Aurélia Labayle et Émilie Launay-Bobillot soulèvent le cerveau, créé par Katell Lucas, qu'elles ont porté tout au long du spectacle. C'est délicieux avec un filet de citron. Acide.