70 Voyage - juillet 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 29 juillet 2006

Architecture navale


Ce n'est pas l'angle auquel j'avais pensé, j'aurais préféré prendre le cliché d'un peu plus loin pour qu'on aperçoive aussi la ville, depuis l'autre côté du chenal, devant l'ancienne mairie transformée aujourd'hui en musée - la nouvelle est une immense bâtisse hideuse qui n'arrive pourtant pas à défigurer la beauté du site, le chantier naval désaffecté et le golfe transformé en joli port de plaisance - mais nous nous sommes retrouvés au bout du quai pour dîner. C'est étonnant comme on mange mal dans le sud-est de la France. Trouver un restaurant correct à La Ciotat tient du pari stupide. J'étais tout de même content de pouvoir prendre les grues et les ponts devant les Trois Secs, les gros rochers qui se jettent dans la mer. Michel Simon y possédait une maison isolée, repérée depuis les hauteurs du Chemin de Sainte-Croix. J'ai eu la chance de le voir jouer Du vent dans les branches de sassafras avec Caroline Cellier à ses débuts au Théâtre Grammont en 1965, mes premiers émois amoureux. On peut se rendre compte de la taille des installations près des hangars qui, à côté, semblent minuscules. Colossal, comme avait dit mon correspondant allemand devant la Tour Montparnasse fraîchement construite !

mercredi 26 juillet 2006

David et Goliath


Dans la petite barque de profil en bas à droite, rame Jean-Claude, le père de Françoise. Il embarquait souvent sa fille regarder les mises à l'eau. Le port de La Ciotat a été désarmé, les chantiers fermés, la ville communiste est passée à droite. Il reste de nombreuses traces de cette période d'intense activité. Les grues sont toujours là. Il faudrait les classer monument historique avec le reste des installations monumentales toujours en place. J'essaierai d'en faire une photo ces jours-ci, aucune carte postale ne les montre comme elles sont, surplombant la ville de toute leur majesté. Le long de la plage, il n'y a pas une seule construction de plus de trois étages, ça tranche avec le reste de la côte. La Ciotat n'est pas encore défigurée par le tourisme comme sa voisine Cassis. Les navires ont disparu, mais Jean-Claude continue de pêcher avec son nouveau pointu. La dernière fois, Françoise et moi avons joué à la pêche miraculeuse, dix kilos de sévereaux, nous étions fiers comme Artaban.

dimanche 23 juillet 2006

Le jardin des délices (1)


C'est une tarte à la crème, mais elle a goût de tomate, chaude et sucrée. Impossible de trouver ce parfum sur les marchés. À vouloir calibrer les formes, on a fait disparaître le goût. Sur les hauteurs qui surplombent la mer, nous dévorons les fruits avec un appétit sexuel que l'été suscite avec ses abandons de sieste, chair moite et veloutée, rougeurs éclatantes. Le suc vous en dégouline des commissures des lèvres, coule le long du menton et caresse le ventre. Arrêtons là les métaphores que susurre ce jardin des délices, nous risquerions de sombrer dans le superlatif, perversions polymorphes et concours puérils, tant la taille des légumes est impressionnante : courgettes, aubergines, potimarrons, poivrons, oignons, tomates et les flagrances enivrantes... Nous cueillons les figues et les amandes fraîches, les prunes japonaises, les raisins verts, les derniers abricots, les premières noisettes... Et nous nous endormons.

Suite le 17 août !

vendredi 21 juillet 2006

Une ferme en plein centre ville


On n'entend que le chant assourdissant des cigales ponctué de quelques roucoulements des tourterelles venues voler le grain des canards. De temps en temps, les cols verts et les espagnols s'appellent ou s'intimident les uns les autres. Les canes protègent leurs petits des mâles assassins. Ce matin, nous étions inquiets de leur approche lorsque nous assistâmes à une volte face paradoxale. Une des canes dirigeait ses canetons comme un capitaine exhortant ses troupes à l'assaut des envahisseurs. C'était à croquer. Les trois adultes furent repoussés hors de la mare. À force de travail patient et obstiné, les 3000 mètres carrés de terrain vague avec mobile home et cabanon sont devenus verger et potager devant trois maisons souriantes. Il y a même une piscine gonflable pour se rafraîchir. La canicule est certainement plus supportable ici que dans le Nord. Près des ruches gît une 2CV fourgonnette abandonnée qui donne une touche définitivement campagnarde à ce miracle ciotaden. Nous sommes à deux pas de la mer où nous pouvons descendre en maillots de bain, et nul ne pourrait imaginer un tel havre de paix au sein de la ville.

jeudi 20 juillet 2006

La cigale ayant chanté tout l'été


La Ciotat, le jour.
L'image du son.

jeudi 13 juillet 2006

Farniente


36° à l'ombre. La chaleur aussi, c'est les vacances. Mardi, la Méditerranée était à 25°. Hier, la piscine marquait 30°.
Libération annonçait la mort de Syd Barrett, 60 ans. On ne l'imagine pas autrement que jeune adolescent torturé. L'année dernière, j'avais fini par acheter le coffret, quatre disques envoûtants où sa voix grave et chaude cache les angoisses vertigineuses qui l'ont éloigné de la scène et de Pink Floyd, dont il fut l'un des cofondateurs et le premier guide, pour retourner vivre chez sa mère d'où il ne sortait plus. Depuis plus de trente ans.
Au centre du journal, huit pages sur Godard et son expo, pas mal, sans plus, à bout de souffle. Sa mauvaise foi a été autrement plus productive. Attendre, sans impatience - des fois que ce soit encore ajourné, la sortie DVD des Histoire(s) du cinéma. J'imagine que JLG doit se coltiner de sacrés problèmes de droits d'auteur, allez savoir, cinq heures de citations, des milliers d'emprunts, pour une digestion exemplaire. Je termine mon article Îles licites du numéro des Allumés qui vient de sortir par son évocation. J'y tiens, entre autres, une chronique DVD régulière sous la rubrique Sur l'écran noir de vos nuits blanches.
Je retourne me baigner. Le temps se couvre, mais trois gouttes n'arrangeront rien à l'affaire. J'ai toujours été attiré par l'eau. Faute de mer, je passe mon temps dans la piscine. Faute de piscine, j'adopte la baignoire. Faute de baignoire, je me noie dans un verre d'eau. Petit, j'aurais bien aimé être goutteur d'eau. J'aime l'eau, mais la douche n'est pas l'océan, c'est la pluie. La pluie, c'est cool, mais le soleil c'est mieux. Je n'aime pourtant pas le feu autant que l'eau. Coup de soleil. L'eau calme ma soif... Sur les rares photos de moi enfant, je suis tout au bord avec seulement la main de ma mère qui entre dans le champ pour me retenir de ne pas plonger. Amniotique.

mercredi 12 juillet 2006

Palavas-les-Flots


L'horizon respire les vacances, l'horizon, c'est le signe. Je pourrais rester des heures à le contempler. Des voiles emportent des anges harnachés vers le ciel, d'autres disparaissent derrière la courbure de la terre engloutie. La Maguelone n'est pas la plage des familles, les tous nus et les emmaillotés s'y croisent sans questions, épilés et bikinis, crânes rasés et chevelus, enfants et vieillards. L'atmosphère est douce, détendue, le vent atténue la canicule. Les filles parlent d'amour. Comme d'habitude, il n'y a personne dans l'eau. La mer est à nous. Mare Nostrum.