70 Voyage - août 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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lundi 25 août 2008

Insectes à gogo


Il y a un an, Mathilde m'avait indiqué le blog de Marieaunet qui a le don de dégotter des trucs marrants grapillés ici et là sur le Net. Le butinage claustrophobique n'est pas vraiment ma tasse de thé, préférant en général les aventuriers qui expriment leurs points de vue ou affichent leurs propres créations, mais la jeune illustratrice a le don pour trouver des images ou des histoires vraiment sympathiques. Voilà t'y pas que Mariaunet tend ses fils sur un nouveau blog qui me dirige vers le site anglais Edible, une boutique en ligne proposant maints insectes à grignoter. Vous connaissez mon goût pour ce genre d'aventures, ma salive inonde de ma gorge aux sinus. Sucettes à la menthe et aux fourmis, scorpions enrobés de chocolat, abeille géante au miel, criquets au curry, vers mopani, etc. Le site propose également des aphrodisiaques tels que sucettes à la poudre d'or, vin au gecko, poussière de perles, et d'autres curiosités comme ce thé cueilli sur les hauteurs par des singes ou ce café régurgité par des belettes ! La liste se clôt sur des produits parapharmaceutiques, sperme de baleine relaxant, gelée de reine fourmi pour les peaux grasses, extrait de scorpion analgésique... Je commanderais bien un échantillon de tout le magasin si les prix ne me retenaient pas : cinq euros la sucette ou le scorpion, quinze le pot de miel, dix-sept les vingt-cinq grammes de fourmis géantes grillées... Ajoutez le port (il n'est pas free pour autant), c'est une petite folie qu'il faut savoir canaliser. Je promets de vous tenir au courant lorsque j'aurai craqué ma tire-lire et goûté ces mets enchanteurs...

dimanche 17 août 2008

Pour voir


On a beau savoir que derrière le monticule se cache une anse d'eau bleu marine, il n'est pas toujours facile de gravir la pente escarpée. On s'y esquintera les mains et les genoux pour que le vertige nous guette au sommet. Arrivé en haut, on ne pourra encore jouir que de la vue, car l'à pic interdit la plongée. Et on continue, pour voir.

jeudi 7 août 2008

Intermède bucolique


Même de dos, la cane me surveille du coin de l'œil. Elle a surtout du mouron à se faire pour protéger ses onze canetons contre leurs cinq aînés qui ne rêvent que de les noyer. La mère canard y va du bec sans hésitation, elle pince et leur vole dans les plumes. Au milieu de la nuit, on entend parfois un grand plouf. Pas d'angoisse, tout le monde se jette à l'eau en attendant que le matou soit passé. Le jour, toute la marmaille court dans l'herbe pour gober les insectes ou creuser les tomates. Lorsque leur bac à grains est vide, les grands caquètent, les petits piaillent. Difficile de prendre une photo qui ne soit pas floue, les petits s'activant sans cesse par mouvements tremblés. Nous quittons ces scènes bucoliques pour le train à grande vitesse et la flotte sans sel du bassin parisien.

mercredi 6 août 2008

Tout nus tout cuits


Malgré des coups de soleil à des endroits rarement exposés, la journée de lundi a été merveilleuse. Maurice nous a emmenés au Cap Sicié avec son pointu dont le nom lui va comme une paire de palmes. Le spectacle sous-marin était aussi fabuleux que la côté déchiquetée où nous avons accosté pour pique-niquer avec dégustation d'arapèdes (appelées berniques en Bretagne) et de spécialités locales. Ayant dû plonger sous le bateau, je suis très fier d'avoir réussi à réparer un boute en train de se sectionner au-dessus de l'ancre, retrouvant ainsi mon apnée juvénile. Nous avons ensuite plongé autour des Deux frères, deux gros rochers au large où vient brouter toute la faune sous-marine. Retour de manivelle à Fabrégas pour treuiller la barque sur ses rails en cale sèche après avoir réenfilé nos calcifs. Ce petit tour en mer, comme dirait Yves Afonso dans Maine Océan, m'a donné envie d'acheter un bateau alors que je ne sais même pas en conduire. Françoise a le permis, c'est déjà ça ! Mais puisque j'aime le silence et la mer, la flotte et le désert, la faune et la flore sous-marine, la migration et le changement, je me demande sérieusement si une maison est bien adaptée à mes rêves de futur vacancier.

mardi 5 août 2008

Le pêcheur de poissons vivants


En revenant d'une baignade en mer, nous nous sommes amarrés le long du Barbe d'or, le bateau de Gérard Carrodano (au centre sur la photo), ex-vice champion du monde de chasse sous-marine reconverti en pêcheur de poissons vivants. C'est d'ailleurs le nom de son site et c'est par Internet qu'il communique avec ses clients, aquariums privés ou publics. Le téléchargement du reportage tourné par France 3 est riche d'enseignement, mais pas autant que la visite de ses grandes cuves remplies des poissons qu'il a remontés palier par palier, pour leur permettre de décompresser. Il faut 48 heures à certaines espèces pour faire les 30 mètres qui les séparent de la surface, sinon leur vessie natatoire explose ou leurs viscères sont endommagés. Gérard leur permet de retrouver un équilibre avant des les expédier en UPS à travers l'Europe. Le palangre et la grande épuisette sont ses outils, mais il a inventé tout un système de bonbonnes pour faire remonter doucement les poissons. Il sait aussi crever la vessie natatoire sans les blesser et à la surface, il leur prodigue tous les soins nécessaires (antibiotiques, etc.) pour les déstresser et leur faire accepter leur nouvel environnement. À chaque espèce correspond un traitement particulier.


Gérard nous montre comment il caresse barracudas et murènes comme tous ceux qu'il a apprivoisés. Si certaines grosses pièces ne trouvent pas rapidement preneur, il les relâche plutôt que de s'en faire un petit frichti. Il a élu domicile dans un des baraquements containers au bout du quai de la Ciotat où il vit parmi ses oursins crayons, ses gigales de mer, ses poissons soldats, ses mendoles, ses grondins perdons (photo de l'animal qui déploie ses nageoires bordées de turquoise dès que l'on passe la main au-dessus de lui), ses chiens et les canards que Rosette et Jean-Claude lui ont donnés pour animer le port. Lorsque j'avais fait de la plongée aux Antilles, j'avais découvert ce monde fabuleux du fond des mers, jardins extraordinaires dont les habitants sont joueurs, tendres et libres.