samedi 27 mars 2010
À vendre île déserte
Par Jean-Jacques Birgé,
samedi 27 mars 2010 à 06:34 :: Voyage
Contrairement à celle qui est incorporée à mon mur orange, j'apprécie très modérément que ma boîte aux lettres virtuelle soit encombrée, voire saturée de pubs, spams, hoax, phishing, etc. Pourtant hier matin, j'ai cru rêver. Qui n'a jamais rêvé se retirer sur un île déserte pour y vivre d'amour et d'eau fraîche ? J'avoue que cela a toujours été l'un de mes fantasmes, à condition que l'île soit véritablement isolée, en pleine nature, offrant tant d'attrait que mes amis n'aient qu'une idée, celle de m'y rejoindre. Peu bricoleur, je me projette mal en Robinson. Comme je ne suis pas Marlon Brando le conte de fée restera à l'état de carte postale, mais je n'ai pu m'empêcher d'aller jeter un coup d'œil à la proposition d'achat d'un petit pied à terre en Polynésie puisque la publicité m'exhorte à "investir dans ce cadre paradisiaque et authentique". J'ai craqué illico pour ce bien "disponible" montré sur la photo à Bora Bora : à vendre îlots et atoll
d'une surface de 9 500
m2 pour la modique somme de 5 millions d'euros, une affaire ! Mon budget ne me permettant pas cette folie, je me suis rabattu sur "26 769 m2 de paradis sur le Motu dont 110 mètres de plage de sable blanc", avec vue d'un côté sur le lagon, de l'autre sur l'océan, et ce pour seulement 1 400 000 €. Alors je fais des comptes. Si je vends la maison, avec un apport de Françoise et un bon emprunt, voyons... Le problème, c'est qu'il faut ajouter le prix de la construction, le bateau ou l'hélicoptère. Non, ça ne marchera pas. Il vaut mieux que j'oublie. L'agence fait pourtant miroiter de nombreux avantages, le placement financier, la promotion immobilière, la défiscalisation (la Loi Girardin doit plaire aux autochtones !)... Mais Nicolas, qui avait déjà chaussé son masque et ses palmes, me fait justement remarquer qu'avec la montée des eaux ce n'est peut-être pas un si bon placement.
Dommage ! "Les températures air/mer restent comprises entre 24° et 32°C, on y parle le français et l'anglais en plus du tahitien, le système de santé est excellent, il y a seulement 11 heures de décalage entre Paris et Papeete, les banques sont ouvertes de 7h45 à 15h30 sans interruption, certaines jusqu'à 17h, du lundi au vendredi", ah non, là ce n'est pas possible, il semble que les communications téléphoniques ne soient pas gratuites depuis ma FreeBox et tout à coup je me demande comment je pourrais bloguer chaque matin depuis mon île... En passant le long du boulevard périphérique où sont garées quantité d'épaves servant d'abris aux SDF qui font sécher leur linge sur les grillages, je me demande quel métier exercent les chanceux qui n'auront besoin d'emporter que des vêtements légers, puisque "le soir, la décontraction est de mise, même dans les réceptions un peu mondaines. Un lainage sera utile pour les soirées qui peuvent être fraîches, ou dans les endroits climatisés." Il y a peut-être plus près ? Ce petit délire m'aura tout de même permis de m'aérer le temps de ces lignes. Et je vais de ce pas creuser un trou au fond du jardin pour voir si quelque trésor n'y serait pas enfoui...