Bateau pointu contre accent pointu, la nuance est pointue. Les vagues font mal aux fesses. Le ciel se couvre. Les vacances sont terminées. Nous reprenons la route vers le nord. J'avais emporté de quoi travailler, studio mobile, ordinateurs, sonothèque et tutti quanti, mais j'ai réussi à m'en abstraire en me plongeant dans la lecture de livres policiers. Des bouquins qui m'accaparent suffisamment pour que j'en oublie le reste, avais-je précisé au vendeur de la librairie Sauramps à Montpellier.
Il avait posé dans mon panier 13 heures du Sud-Africain Deon Meyer, L'homme inquiet du Suédois Henning Mankell et Le léopard du Norvégien Jo Nesbø, format poche. J'ai enchaîné avec À la trace de Meyer, Les cafards de Nesbø et Glacé de Bernard Minier, conseillé par la libraire de Luchon, d'autant que l'action se passe à l'endroit exact où nous avons passé trois semaines perchés dans la montagne. J'ai lu d'autres ouvrages, dans des genres différents, mais les polars ont un parfum de vacance plus puissant que les autres, même si tous ont toujours un fond de critique sociale prononcé, le territoire de prédilection des gauchistes, ce qui n'a rien pour me déplaire évidemment. Ma préférence va à 13 heures, me rappelant mes deux séjours en Afrique du Sud, avant et après Mandela. J'ai également retrouvé Bangkok avec Les cafards. Rien ne sert d'évoquer quoi que ce soit de toutes ces lectures cannibales, ça se lit facilement et l'on se laisse agréablement surprendre, au point de dévorer chaque fois huit cents pages en deux jours.
Hier soir nous avons pris la mer une dernière fois avec Serge et Maurice. Ils pêchent tandis que nous regardons les nuages. Un arc-en-ciel sur la Sainte-Baume. Les gabians volent les rusquiers d'autres plaisanciers qui hurlent pour les faire s'envoler avant qu'ils n'aient attrapé le poisson pris à l'hameçon, le pain qui sert d'appât ou le flotteur en polystyrène. Le temps a changé. Il est temps de rentrer. Leonardo da Vinci, la Famille Fantôme et une animation d'architecture m'attendent. Nous emprunterons tout de même le chemin des écoliers pour éviter la sordide Autoroute du Soleil. Reste à glisser l'ordi dans le coffre et nous voilà repartis pour de nouvelles aventures...