Comédies
Par Jean-Jacques Birgé, dimanche 15 janvier 2006 à 15:47 :: Cinéma & DVD :: #30 :: rss
Coup sur coup, plusieurs films nous font passer une excellente soirée de distraction et de détente. Ne boudons pas notre plaisir d'esthètes intellos. Pas facile de dégoter des comédies sympas qui ne soient pas débiles.
Le dernier film de Valérie Lemercier ne remporte pas tous les suffrages, loin de là, même si c'est un gros succès public. Probablement parce qu'il échappe au classement habituel, mélangeant les gros gags bien lourds à l'esprit le plus vif. Fallait choisir, semble susurrer la critique. Dommage, Palais Royal est nettement au-dessus de ce qui se fait habituellement en France en matière de comédie. On avait déjà beaucoup apprécié Quadrille et Le derrière... Peut-être que les gags d'une réalisatrice font grincer les dents de la macho-critique ?
Argh, les doigts dans la prise : un gag toutes les 10 secondes, il n'y a qu'Hellzapoppin pour rivaliser avec 1, 2, 3, film de Billy Wilder de 1961, qui passe à la télé sur Ciné-Cinémas... Le réalisateur choisit l'acteur capable de débiter son texte à la cadence d'une mitrailleuse, James Cagney, sublime en président de Coca Cola à Berlin chargé de surveiller la fille de son patron qui ne trouve rien d'autre que de s'amouracher d'un jeune berlinois de l'Est ! Anti-communisme primaire, anti-capitalisme primaire, anti-allemand primaire, la critique est hilarante... Ça vaut Ninotschka de Lubitsch qui passe le même soir sur une autre chaîne ! J'enregistre tout sur mon graveur dvd de salon, qu'aurai-je le droit d'en faire si la loi passe ? Pour l'instant, aucun verrou ne m'en empêche. Et si j'en faisais une copie à ma fille, deviendrais-je un délinquant ?
Anny nous prête un film récent, La face cachée de la lune du Québecquois Robert Lepage. Du cinéma comme on n'en fait plus beaucoup. Vision d'auteur, réflexion sérieuse, humour très fin, montage astucieux, cadrages et lumière superbes, effets spéciaux parfaitement adaptés au sujet... Un croisement entre Denys Arcand (pour la direction d'acteurs) et Spike Jonze (celui de Being John Malkovitch) ou Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind). Le cinéma québecquois est toujours à redécouvrir. Le film de cet acteur-réalisateur drôlement original semble introuvable à l'achat, épuisé sur Amazon, inacessible sur la Toile... Vais-je en être réduit à le copier illicitement pour le faire circuler et le sortir de sa clandestinité ? On sait que les copies illégales de logiciels profitent souvent aux constructeurs qui étendent ainsi leur emprise et visent même parfois le monopole.
Enfin, deux comédies sympas, on me demande souvent de projeter des comédies, et ce n'est pas si facile de ne pas sombrer dans les débilités, il y a bien les films de Jean-Pierre Mocky qui resortent presqu'aussi vite qu'il en filme de nouveaux, mais tous ne sont pas des chefs d'œuvre (on a revu avec joie Snobs, Les dragueurs, La cité de l'indicible peur...), alors cette fois Blind Date, de Blake Edwards (Boire et déboires, 1987), et surtout The Stepford Wives (Et l'homme créa... la femme, 2004), de Frank Oz, avec l'excellente Nicole Kidman... Vivement conseillé. On ne sait pas vraiment si le prêt sera toujours toléré. Comment fonctionneront les médiathèques et les discothèques si la loi sur la copie privée passe à l'Assemblée ?
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