70 septembre 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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samedi 30 septembre 2006

Le magazine Repérages accompagne chaque DVD


Chaque numéro du magazine Repérages accompagne un DVD, et c'est chaque fois un ravissement, particulièrement les compilations de courts métrages et de films d'animation. Sont déjà sortis 2 volumes de nouvelles images, Expérience(01) et (02), 3 volumes Animatic, un double des 25 ans du Festival de Clermont-Ferrand abritant L'île aux fleurs de Furtado, Essai d’ouverture de Moullet, Lune froide de Bouchitey, Foutaises de Jeunet, Copy Shop de Widrich, etc. Le dernier numéro annonçant un autre regard sur le 11 septembre et intitulé Under Ground Zero est par contre très décevant. Une suite d'exercices de style stériles relatent l'événement sans apporter aucun regard original ; aucune réflexion politique ne revient sur ses circonstances ou ses conséquences. Et si c'est pour jouer l'émotion, on est de toute façon bien en deça de ce qu'a représenté le direct. Sans réflexion personnelle ou travail d'investigation (Loose Change), 9/11 est un sujet empoisonné.
Mieux vaut revenir sur les précédents numéros... Dans l'avant-dernier, Animatic Volume 3, l'agit prop What Barry Says du Britannique Simon Robson est autrement plus convainquant, dans son message comme dans son traitement. Le baroque surchargé de The Legendary Rise and Fall of Anglobilly Feverson du Hollandais Rosto donne le vertige, l'élégance art déco de T.r.a.n.s.i.t. nous transporte, les ombres chinoises du clip de Joris Clerté illustrent Ce que je suis de Holden tandis que les traitements numériques opérés sur de vieilles images dans The Def Song du collectif Kaktus Hunters génèrent la mélancolie du futur... Après Carlitopolis, le Professeur Nieto présente une nouvelle conférence (Festival Nemo), Far West, tour d'illusionniste simulant la réalisation en direct d'un film d'animation en papier découpé, et Gaëlle Denis montre un joli travail avec City Paradise. Le coup de projecteur sur le gratteur de pellicule Thomas Hicks révèle enfin un véritable auteur avec cinq courts métrages épatants.

Boycott & boy skirt


Hier matin, lorsque la chaîne Fox a fait son direct depuis le Rabbit Theater, il s'est passé un truc étrange, la probabilité était faible, mais c'est arrivé. Nos lapins sont restés muets, inertes et éteints ! La journaliste a choisi le moment de la boucle entre la fin du cycle de 25 minutes et le début du suivant. Hilares, nous en avons conclu : "French rabbits fear Fox in the Bush!" (les lapins craignent le renard chez Bush). À part ça, devant l'afflux du public, les responsables de la sécurité ont décidé d'ériger une barrière devant notre assemblée de Nabaztag. Les deux mots les plus entendus : cute et weird. Je photographie un autoportrait d'Antoine et moi qui ressemble à notre entreprise : un lapin c'est mignon, mais cent cela devient inquiétant.


Après une visite au Guggenheim, nous repartons magasiner comme disent les Québécois. Les Levi's sont moitié moins chers qu'en France, les ceintures en cuir de couleur coûtent trois dollars pièce, les Chinois vendent toujours le T-shirt rouge avec faucille et marteau que j'ai promis de rapporter à Bernard et je trouve enfin chaussures et chaussettes pour aller avec mon nouveau kilt. Le soir, nous retrouvons Flo, Pierre et Julien pour un cocktail sur la terrasse d'un gratte-ciel et un repas de délicieux sushis.

vendredi 29 septembre 2006

Les arpenteurs


Nous avons beaucoup marché. D'abord de Grand Central, pour aller voir les galeries de Chelsea. À la Gallery Paula Cooper, Céleste Boursier-Mougenot présente Harmonichaos soit une douzaine d'aspirateurs jouant de l'harmonica, un air de famille avec notre opéra de lapins ! À la Kitchen, nous écoutons la Terre comme si c'était un disque et les sons invisibles du quartier (Invisible Geographies: New Sound Art from Germany par Jens Brand, Christina Kubisch, Stefan Rummel et Jan-Peter E.R. Sonntag). Nous faisons une visite au centre d'art technologique Eyebeam. et échouons dans un restaurant végétarien. Nous retrouvons Françoise au Musée Rubin pour une belle exposition sur les Sikhs, I see no stranger. Sur 8th Street, j'achète deux chemises originales et un kilt ! Je me demande quel genre de chaussures et chaussettes iraient avec...


Maÿlis nous rejoint avant le dîner à Chinatown avec Olivier et Rafi, délicieux canard laqué à la Peking Duck House. Nous discutons du nouveau Nabaztag, et en fin de soirée, nous remontons jusqu'au Public Theater où Françoise était partie rejoindre Xana et ses amis. Il est enfin temps d'héler un taxi pour rentrer nous coucher. Nous avons mal aux pieds. Il est tard à New York, tôt à Paris.

jeudi 28 septembre 2006

Un théâtre de lapins à New York


Nabaz'mob est présenté à New York par Atari dans une nouvelle scénographie, un hémicycle qui rappelle certains hauts lieux de la démocratie. Notre meute essaye donc désespérément de s'entendre pour jouer tous ensemble, mais elle se confronte aux difficultés que cette tentative engendre. Dans l'atmosphère survoltée du Wired NextFest, nous avons été obligés de sonoriser les 100 Nabaztag de Violet installés sur des gradins : une vingtaine de micros PZM reprennent le son diffusé par quatre haut-parleurs. En nous approchant, on entend bien que le son sort de leurs petits ventres blancs où cinq points de couleur changeantes figurent leurs entrailles. Quatre néons rouge sang rajoutent un léger contre-champ. Devrais-je écrire un contre-chant tant l'unanimité fait rage ? Nos bestioles, toujours aussi indisciplinées, sont vaccinées et nous pouvons enfin jouir du spectacle dans le cylindre noir qui leur sert de clapier.


Le NextFest est un événement grand public. Après l'inauguartion d'hier soir, 20000 écoliers sont attendus aujourd'hui, suivront trois jours ouverts au public. Le Rabbit Theater a beaucoup de succès, malgré le manque d'explications sur la finalité des lapins communicants (objet wi-fi connecté à Internet, délivrant toute une variété de services... et l'opéra lui-même, une œuvre s'en démarquant avec l'assentiment de ses concepteurs dont Antoine et moi faisons également partie !). Je réponds aux équipes de France 2 (Le Journal) et Discovery, en attendant la matinée de vendredi où la Fox viendra faire son émission en direct.


Nous nous faisons tirer le portrait en infra-rouge (patience !) et arpentons ce "Salon du Futur" sans grande surprise. Beaucoup de robots évidemment puisque c'est l'Année des robots, mais ils répondent tous à des fantasmes mâles éculés. Kokoro est une superbe Stepford wive japonaise : seuls une certaine fébrilité et ses yeux la trahissent ; ils ont beau suivre ses interlocuteurs, ils restent rivés sur la ligne bleue des Vosges. Pas mal de trucs sympas, mais trop peu d'arrière-pensées et aucune nouveauté technologique... Les applications industrielles, assez abouties, occupent la majeure partie de l'espace, au détriment des artistes et chercheurs. Retrouvant les émotions du Salon de l'enfance, nous passons tout de même un bon moment.

mercredi 27 septembre 2006

Culture Machine


L'affiche simule un grand écran, mais c'est dans les détails que gît le sens recherché : Culture Machine barre la route. Hier en sortant du chantier du NextFest, une sorte de Salon du Futur inauguré ce soir, nous marchons des heures à travers Soho, Chinatown, Little Italy, Nolita et l'East Village où nous atterrissons finalement dans le restaurant japonais de l'Avenue A. Culture Machine, partout des robots, des écrans, des objets hi-tech, et dans la rue des joggers avec leur i-pod, les autres avec un téléphone vissé à l'oreille, des types accroupis qui ont trouvé une connexion wi-fi pour leur portable... Sur les genoux. Chaque quartier a sa propre identité, une ambiance à soi. À Midtown il n'y a pas de soleil. Les gratte-ciel font de l'ombre aux rues étroites. Pas de silence. Les systèmes d'air conditionné bourdonnent sans arrêt, on les perçoit bien lorsque c'est la nuit. On s'habitue. Il y a aussi les pelouses où les gens bronzent, les terrasses, parce qu'il fait beau. Les New-Yorkais sont à la fois cool et pressés. Il semble qu'il y ait moins de mendiants qu'à Paris, mais nous sommes à Manhattan. Culture Machine, je tape sur mon clavier après avoir choisi l'image du jour. Vue depuis le Javits Center. Rendez-vous à 9 heures pour faire le son des lapins...

mardi 26 septembre 2006

Take me to the movies


Au coin d'une rue, la réalité rejoint la fiction. On s'attend à ce que Bruce Willis sorte du taxi embouti. Aux USA, le colonisé reconnaît partout les lieux de tournage du cinéma américain. C'est souvent drôle ou émouvant, parfois ça fait peur.


Grand Central Station. Nous nous cassons le nez à l'Oyster Restaurant. La plupart des restaurants de New York ne servent plus après 21h30 ! Ou bien ils sont ouverts 24h/24... C'est ici que Cary Grant achetait ses billets de chemin de fer lorsqu'il avait la mort aux trousses. Mais demain, c'est à 100 lapins que nous donnerons la vie, 100 Nabaztag...

lundi 25 septembre 2006

Home Page


Nous nous envolons aujourd'hui pour New York. Partir, revenir. Les deux mouvements me sont aussi agréables. Laisser la maison à des amis me rassure. Je vais devoir changer de poste de travail. Next stop, le Dylan Hotel à Manhattan. Sur la photo prise par Joan pendant que je rédigeais mon blog, on aperçoit Scotch en rond sur le fauteuil. Il préfère rester à la maison. La table est mise pour nos convives venus d'Edimbourg. Un courant d'air passe d'un jardin à l'autre, faisant tinter les u-rin accrochés un peu partout pour couvrir les sons de la ville. Je vais essayer d'en rapporter de Corée puisque j'enchaînerai New York et Séoul avec une halte de seulement vingt-quatre heures à Paris. D'ici là il y a le temps...

dimanche 24 septembre 2006

Les machines de Servovalve


Après le Marteleur, Servovalve offre une nouvelle machine à musique, Semuta, en libre téléchargement. Le Marteleur est une sorte de boîte à rythmes divisée en deux pistes synchronisées, tandis que Semuta est un générateur de nappes électroniques. Elles fonctionnent en OSX et en PC.
Servovalve réunit le graphiste et musicien Grégory Pignot et Allia, DJ passée VJ. Grégory programme depuis longtemps lui-même images et sons de ses animations génératives, uniques en leur genre. Le duo Servovalve réalise des performances où les œuvres vivent en direct. Techno minimale d'une rigueur absolue, les œuvres de Servovalve sont exemplaires et rendent caduques quantité des productions du genre, tant graphiquement que musicalement. Ses animations évoluent souvent en prenant leur matériel dans la séquence présente pour le digérer et le transformer dans la suivante. En offrant au public ces deux machines, Servovalve fait entrer les musiciens en herbe dans ses délires hypnotiques enfumés, tout en visant la quadrature du cercle.

samedi 23 septembre 2006

100 lapins prennent la relève


En 1962, György Ligeti écrivait son Poème Symphonique pour 100 métronomes. En 1995, le sculpteur Gilles Lacombe mit au point un mécanisme qui en facilitera les représentations. C'est la version qu'Arte en proposa il y a une dizaine d'années (photogramme ci-dessus ; plus bas Ligeti et Françoise Terrioux par Markus Bollen).
Si Antoine et moi avons bien pensé à Cage, Nancarrow, Reich et Ligeti, en composant Nabaz'mob, notre opéra pour 100 lapins communicants, ni lui ni moi ne nous sommes rappelés le Poème Symphonique. Une centaine d'objets mécaniques ne peuvent pourtant pas tomber si facilement dans une faille de l'inconscient. Il nous semblerait juste aujourd'hui de dédier Nabaz'mob à l'un des plus grands compositeurs du XXième siècle, disparu le 12 juin dernier.
Très proche alors de George Maciunas et Nam June Paik, Ligeti était en pleine période Fluxus lorsqu'il composa le Poème. En lisant ses notes dans le livret du CD de l'Édition Sony, Mechanical Music, on apprend que les conditions de mise en place ne furent pas si différentes des nôtres : déballer les métronomes, dévider le mécanisme remonté à fond lors de la livraison, détacher les clefs colées dessous, etc. Pour Violet, c'est Maÿlis qui se charge de conformer tous les lapins. 100, ça fait du monde ! En 1963, la première représentation qui eut lieu à Hilversum aux Pays Bas fit un tel scandale que le film de l'événement programmé à la télévision hollandaise deux jours plus tard fut remplacé sans prévenir par un match de football. En composant ce happening, Ligeti "songeait à de nombreuses grilles superposées, des figures moirées, qui donneraient ensuite naissance à des structures rythmiques mouvantes... Une grille rythmique si dense d'abord qu'elle en paraîtrait presque continue : ce qui implique brouillage et désordre. Pour ce faire, il (lui) fallait un nombre suffisant de métronomes, le chiffre de cent ne représentant qu'une estimation... Le désordre régulier du début s'appelle en jargon de théoriciens de la communication (et en thermodynamique) une "entropie maximale". Les structures de grille irrégulières qui se mettent progressivement en place réduisent l'entropie, car l'uniformité initiale donne naissance à des organisations imprévues..."
Ligeti joue sur les différences de tempo et l'épuisement du remontoir qui ne laisse entendre qu'un seul métronome à la fin de l'œuvre. Nos lapins sont évidemment infatigables et leur partition est pour tous identique. Les décalages sont créés par les difficultés du wi-fi à envoyer l'information en même temps à tous, et l'entropie présente à la fin de chacun des trois mouvements provient d'une indiscipline informatique incontrôlable qui est le sujet même de notre opéra, le désir d'être ensemble et la difficulté pour y parvenir. Comme pour Ligeti, l'influence de John Cage est claire.

Pour New York, nous avons réécrit le troisième mouvement avec des percussions et des rythmes, histoire de construire un chaos ou de déconstruire la tentative de nos bestioles de s'organiser enfin. Il y a toujours une grande impatience chez les compositeurs qui ne découvriront leur œuvre que lorsque tous les interprètes seront réunis. La création au Centre Pompidou était frontale dans un dispositif de concert. Au NextFest organisé par le magazine Wired (Javits Center), la nouvelle version sera jouée en boucle pendant cinq jours dans un cylindre noir de dix mètres de diamètre. La proximité du public avec les lapins fera ressortir le dispositif acoustique des 100 haut-parleurs cachés dans le ventre de chaque Nabaztag...

Ben Laden, mort-né


Les agences de presse racontent que Ben Laden serait mort depuis quelque temps. Comment en douter ? Peu importe qu'il soit mort l'année dernière ou la semaine prochaine, Ben Laden ne pouvait (ré)apparaître sans mettre à mal l'intoxication de masse fomentée par le gouvernement américain. Dix ans agent de la CIA lorsque les USA soutenaient les Talibans contre les Soviétiques, il aurait retourné sa veste pour diriger la Jihad contre les mécréants de l'occident chrétien. On ne connaît de lui que des cassettes dont la mise en scène rappelle les plus mauvaises séries américaines, décor de carton pâte, texte récité, caricature pleine de contradictions s'il était censé suivre les préceptes que son interprétation de l'Islam lui ordonne. Quelle que soit l'efficacité de la plus puissante armée du monde (cough ! cough !), il ne pouvait apparaître au grand jour sans risquer de faire chuter le bel édifice de mensonges que l'on tente de nous faire avaler depuis cinq ans. Sa mort arrange tout le monde, les Américains comme les Arabes. Le diable ne parlera pas et le héros devient un mythe. Dans ce scénario catastrophe du plus mauvais goût, le terroriste Ben Laden était condamné à mort, depuis le premier épisode, par ses concepteurs-mêmes.

P.S.: Ben Laden ne sera officiellement mort que lorsque ceux qui l'ont nommé se seront trouvé un nouveau méchant.

vendredi 22 septembre 2006

Du nanan !


Ce fabuleux outil n'est pas seulement un CD-Rom, le Trésor de la Langue Française Informatisé est en ligne, accessible à tous. Un exemple, Sonia me demande hier ce que c'est que du nanan (voir mon article d'hier !), alors le TLFI me répond :
NANAN, subst. masc.
A. Lang. enf., vieilli. Friandises. On l'avait assise sur une table! Chacune lui donnait des débris de déjeuner et elle tendait avidement les doigts, bredouillant : nanan, pour Pauline, ça ? (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.170).
B. P. métaph. ou au fig., fam. Bonnes choses. Synon. régal. Le numéro sensationnel (d'un des concerts donnés au Cirque d'Été), le clou, le nanan promis, c'était l'exécution presque intégrale du deuxième tableau du troisième acte (...) (des) Maîtres Chanteurs de Nuremberg (WILLY, Entre deux airs, 1895, p.194). V. bonbon ex. 5, droguer2 B ex. de Balzac.
Loc. C'est du nanan. C'est très bon, très recherché. Mon cher Ducaisne, j'ai lu tous vos articles depuis votre retour; c'est du nanan (AUGIER, Beau mariage, 1859, p.247). Cette bonhomie soigneusement mise au point divertissait délicieusement les infirmières, toutes distinguées, de son service. Elles attendaient chaque matin, ces mignonnes, le moment de se réjouir des manifestations de sa haute gentillesse, c'était du nanan (CÉLINE, Voyage, 1932, p.113).
C'est très facile. Synon. c'est du gâteau*. Si vous n'aviez rien valu, je me serais battu quand même, mais, maintenant, permettez, c'est du nanan (GIONO, Bonh. fou, 1957, p.118).
REM. Nanane, subst. masc., région. (Canada), synon. a) Friandises. Veux-tu me donner des sous pour acheter des nananes ? (Canada 1930). b) P. métaph. ou au fig., fam. Elles viennent de manger assez de misère ; ces chères populations, que vous n'aurez qu'à leur donner un peu de nanane, comme ces allocations familiales dont on parle parfois (Néol. Canad. t.1 1976).
Prononc. et Orth.: La 1re syllabe s'assimile à la seconde dans l'usage familier, par une sorte d'attraction, et l'on entend (...) nan-nan (MART. Comment prononce 1913, p.39). Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1640 du Nanan, ... de la viande (OUDIN); 1649-50 «friandise» (Mazarinades ds DG); 1727 fig. c'est du nanan (MARIVAUX, Le Prince travesti ds Théâtre, III, 385); 1835 «toute chose délicieuse» (BALZAC, loc. cit.). D'un rad. onomatopéique nann-, qui appartient essentiellement au lang. enfantin (v. FEW t.7, pp.4-7). Fréq. abs. littér.: 19. Bbg. MORIN (Y. Ch.). The Phonology of echo-words in French. Language. Baltimore. 1972, t.48, p.106. SAIN. Sources t.1 1972 (1925) p.407, 440, 442, 444.
Essayez-le, il y a même une recherche phonétique qui corrige les approximations !

jeudi 21 septembre 2006

Comme des mouches autour de la Liberté


Ce matin, j'ai du mal à me concentrer. Je suis probablement déjà parti. Ne pas avoir de gros boulot à rendre m'explose façon puzzle. Les phases de travail et d'inactivité ne sont plus délimitées. On s'arrête seulement pour entamer un nouveau truc. D'un côté on boucle les affaires en suspens, de l'autre on appâte le poisson, lançant des lignes à tours de bras, dans toutes les directions. C'est une technique, laisser flotter le bouchon en attendant que ça morde. Il faut beaucoup de canes. Ça tombe bien, la forêt de bambous s'épaissit chaque année dans le jardin. Je donne le feuillage à manger aux cochons d'Inde de Caro et Loulou, et j'épluche les tiges. Dans une journée, les urgences ne manquent pas de se déclarer. Y répondre au fur et à mesure pour ne pas laisser les piles s'accumuler. Il faut plus de méthode que de patience. Jamais de repos. Mauvaise conscience de s'arrêter avant d'avoir ramené un gros poisson dans ses filets.
Je termine les sons d'un nouveau jeu pour le site des P'tits Repères, cette fois un morpion. À cause de mon départ, je dois imaginer l'action et fabriquer le son en amont. Cela donnera des effets différents puisque Mika est obligé de coller ses animations sur mes bruits, mais Sonia (surletoit) prépare toujours le travail de telle manière que c'est du nanan. Quel plaisir de péter, roter, éternuer, tousser dans le micro ! À la fin de la prise, je n'ai plus de voix.
Avec Antoine, nous ajustons le nouveau troisième mouvement de Nabaz'mob, l'opéra des lapins que nous présentons la semaine prochaine à New York, au Wired NextFest. Même collaboration facile. Quel plaisir de bosser avec des personnes responsables qui mettent leur c?ur à l'ouvrage !
Dernières touches au Journal n°17 des Allumés du Jazz. Terminé plusieurs articles, les dessins de Vercors, la rubrique DVD, l'entretien avec Claude Barthélémy, un encart sur Route One / USA pour le Cours du Temps avec Barre Phillips, rendez-vous fin octobre avec Le Querrec qui s'envole pour le Festival Minneapolis-sur-Seine organisé par Jean Rochard et Sara Rennke, etc.
Dernières touches au CD d'inédits du Drame qui accompagnera le n°3 de la revue acoustellaire Sextant dont je partage l'affiche avec le violoncelliste Vincent Courtois. Là aussi, beau travail d'amateurs bien plus pros que les pros. Des heures et des heures d'entretiens. Bernard, Nicolas, Antoine sont de la partie. Curieux de voir le résultat. Pour l'écoute, le CD sera en libre téléchargement sur le site de la revue. Alléchant. Un trio de 1983 avec Francis, deux chansons avec Elsa lorsqu'elle avait six et neuf ans, un live au Glaz'art en 1998 avec une ribambelle d'invités, un duo électro de l'année suivante avec Bernard et une musique de film...
J'essaye de joindre Michel depuis que j'ai reçu l'autorisation de Flammarion de produire le CD de notre duo. Réunir les photos pour le livret. Ce serait bien de lui donner la forme d'un livre pour le diffuser en librairies.
Je pourrais énumérer tout ce qu'il reste à faire sans ne jamais m'arrêter. Pourtant j'ai l'impression d'être dés?uvré. La trésorerie est maîtresse. L'inquiétude de l'avenir. Mieux vaut en effet penser à la semaine prochaine. Les voyages forment la jeunesse. Retour à la photo.
La Liberté est une statue. Encore moins cernable qu'un fantôme. Depuis le 11 septembre, les hélicoptères tournent autour comme de grosses mouches vertes. On dirait Alcatraz, ou Guantanamo. Les indigènes ont besoin du soutien extérieur. On se sent des airs de Lafayette quand ce n'est que l'expression de la faillite. Celui qui fit détruire la Bastille déclara "l'insurrection est le plus sain des devoirs, lorsque l'oppression et la servitude rendent une révolution nécessaire."

mercredi 20 septembre 2006

Route One / USA


Dernier jour de l'été, dernière photo de La Ciotat prise au téléphone, la traversée de l'Atlantique déjà à l'esprit. On se croirait à Miami ou Los Angeles. Faux-semblant, vérité des aveugles, la température vient de chuter brutalement, on pense loin, ailleurs. Hier soir, je regardais la première partie du film de Robert Kramer, Route One / USA. Nous emprunterons un bout du trajet dans quelque temps. Sur son site, depuis le 10 novembre 1999, quelqu'un a rajouté le bouton Sortie, bifurcation prématurée, il avait 60 ans.
Kramer filme l'autre Amérique, celle dont on parle peu, parce qu'elle vit à l'ombre des autoroutes, le long des nationales. C'était il y a une quinzaine d'années. Kramer s'étonne que rien n'a changé depuis les années 70, mais rien n'a bougé depuis le tournage. La misère a continué d'être chassée du centre ville pour mieux se répandre dans ses banlieues. Fachos embrigadés par l'église, résistants dont les utopies se sont envolées, ghettos blacks, réserves indiennes... Le cinéma a pris soin de camoufler ce pays pour que le rêve américain puisse se perpétuer. Kramer est un militant armé d'une caméra. Il tourne en Super 16 qu'il gonfle en 35. Route One / USA, 4 heures, se retrouve en DVD (Éditions Montparnasse) avec Dear Doc, un court, lettre à son double, et un CD inédit, conçu pour l'occasion par le contrebassiste Barre Phillips à partir des prises non retenues qu'il a composé pour le film. Sur son clavier Michel Petrucciani égrène de tendres grappes, le percussionniste Pierre Favre colle ses timbres tout en couleurs, John Surman, à la clarinette basse ou au soprano, dessine de lyriques arabesques, tandis que l’archet ou les pizz mènent le bal...
La musique ne souligne jamais l'action. Elle prend ses distances. Recul nécessaire pour voir et comprendre ce qui nous pend au nez. Les musiciens improvisent, du presque rien n°1 à la composition. Daniel Deshays enregistre les musiciens qui jouent en regardant le film. Sur deux cents morceaux, soixante-dix-huit seront utilisés. Barre Phillips travaille avec Kramer depuis Guns en 1980, rencontré grâce à la comédienne Juliet Berto. À se battre sur tous les fronts, Kramer est forcément bien entouré. Son chef op, Richard Copans, tient le rôle de son producteur. Vieille amitié, la fidélité est l'apanage de l'engagement. Copans, qui dirige Les Films d'Ici, est aussi le producteur de Luc Moullet, tiens tiens...
Après la guérilla vénézuélienne, le Vietnam, la révolution des œillets, la chute du Mur, la mondialisation, le globe-trotter revient à la maison. Going home, pas going back home, juste un passage avant de reprendre son chemin. Le long de la route n°1, la plus ancienne des États Unis, du nord au sud, du Maine à la Floride, s'étalent trois cents ans d'histoire d'un pays jeune qui n'en finit pas de s'abîmer. Il ne vieillit pas prématurément, il meurt jeune, grillant ses cartouches à la conquête d'un Eldorado qui n'existe que dans les vapeurs de l'alcool, de la poudre, aux yeux ou dans le pif, dans ses écrans omniprésents qui infligent l'oubli. Récession, chômage. Tous les Américains semblent "de passage".

mardi 19 septembre 2006

The Stepford Wives


Le billet du 15 janvier intitulé Comédies signalait la version de Frank Oz de 2004 avec Nicole Kidman, Matthew Broderick, Bette Midler, Christopher Walken et Glenn Close, dont le titre a été traduit en français Et l'homme créa la femme. C'est une comédie de science-fiction avec des acteurs formidables et un scénario plein de rebondissements. Or il existe une première version tournée en 1975 par le britannique Bryan Forbes avec Katharine Ross et Paula Prentiss, plus inquiétante et tout aussi passionnante.
Double comparaison, entre l'original et son remake, et ce même original et un autre film tourné la même année, Anatomie d'un rapport, film de Luc Moullet et Antonietta Pizzorno chroniqué ici il y a deux jours. Leur film expose la revendication des femmes dans leur droit à la jouissance tandis que celui de Forbes, d'après Ira Levin, l'auteur de Rosemary's Baby, met en scène le fantasme masculin de posséder des femmes objets qui ne revendiquent surtout pas le féminisme à la mode en 1975. Les deux films ont valeur de pamphlet, l'un dans le registre comique (Moullet), l'autre dans celui du thriller d'épouvante (tout de même très soft).
Les deux versions cinématographiques de The Stepford Wives atténuent la noirceur du roman de Levin, mais à l'atmosphère pesante de la première version répond un scénario beaucoup plus complexe de son remake. Au fur et à mesure des nouvelles adaptations, l'angoisse s'atténue jusqu'à une happy end chez Oz, qui n'en néglige pas pour autant la critique sociale, plus fine que celle de Forbes (le monde de la télévision ; le rôle du gay tenu par Roger Bart, le pharmacien pervers de Desperate Housewives...). Stepford, petite ville du Connecticut, ressemble d'ailleurs à celle du feuilleton à la mode, la Wisteria Lane des femmes désespérées. Même ambiance de banlieue friquée et lobotomisée où les hommes s'activent et où les femmes s'ennuieraient sans l'aide d'un bon scénariste. Les maris de Stepford sont simplement nettement plus réacs lorsqu'ils défendent leurs prérogatives de mâles chauvinistes en adhérant à un étrange club... La fin de la version d'Oz a peut-être été soufflée par Revenge of the Stepford Wives de 1980 ou Stepford Children de 1987, deux précédents remakes TV réalisés avant le Stepford Husbands de 1996 !
Il faudrait que je commence à constituer un petit inventaire des films où les femmes ne sont pas traitées comme des sous-hommes. La révolte gronde aussi bien chez les réalisateurs que chez les réalisatrices. Ces films sont pourtant souvent sujets à méprise. Ainsi certain(e)s ont cru voir un film misogyne alors que celui de Forbes est fondamentalement féministe, avec une fin qui a le mérite de poser question freudienne. Même quiproquo avec les films de Neil Labute... Comment peut-on se tromper à ce point dans leur lecture si ce n'est parce que l'évidence reste intolérable ? Possession, le dernier Labute sorti en DVD (zone 2, donc commercialisé sous nos latitudes), n'échappe à la règle. Les hommes y sont montrés toujours plus lâches que les femmes qui doivent se battre pour leur échapper ou s'affranchir de leurs légitimes réserves.
Ces préoccupations sont plus souvent exprimées par les filles que par les garçons, mais il serait plus que temps de retourner au cinéma avec cette perspective sociale en tête. La place des femmes dans les films est le reflet d'une situation toujours aussi réactionnaire dans le réel. Pendant des siècles et dans tous les domaines, les hommes ont (ré)écrit l'histoire de l'humanité à leur avantage. Combien de temps faudra-t-il à toutes les femmes pour échapper à leur aliénation sans se croire obliger d'imiter les hommes ?

lundi 18 septembre 2006

On ne choisit pas ses parents



Les Histoire(s) du cinéma passent en boucle sur le petit écran installé près de la chaîne hi-fi. C'est plus simple que d'installer la salle de projection, et très agréable pour diffuser les clips et les films musicaux dans le salon, comme un Scopitone new look. Avant-hier soir, nous nous sommes aperçus que nos bruits domestiques se fondaient dans la partition de Jean-Luc Godard. Fourchettes, sonnerie de téléphone, chants d'oiseaux... Notre présent venait s'inscrire en douce dans les réminiscences du passé. Comme si ce n'était déjà plus maintenant, mais avant. Avant que le cinéma ne soit absorbé par tous les bruits du monde, avant la télévision déversant son fleuve d'inepties et de lieux communs. Mais ici chaque instant partagé avec le film, auquel on ne prête plus attention, devient magique dès que l'on se laisse attrapé, par une phrase, un son, une image, fixe ou mobile... Nous sommes happés par l'intelligence du film, sa poésie d'écorché vif, sa musique...
À peu près à la même époque où JLG terminait son Histoire(s), nous composions, avec Antoine Schmitt, le scratch interactif Machiavel (photogrammes ci-dessus), 111 boucles vidéo à zapper avec la souris. Nous voulions montrer ce qu'il y a de plus beau et de plus terrible sur la planète. Profusion d'images et de sons, tant de sens possibles, toutes les interprétations que l'objet comportemental programmé par Antoine suscite. La partie CD-Rom revendiquait l'héritage d'Antonioni pour Blow Up et celle de Ferdinand Khittl pour La route parallèle, mais nous aurions pu nous apercevoir que nous n'étions que les enfants de Godard. Sauf qu'il n'y a rien de pire que les Godardiens. Comme Berio en musique, il est difficile de passer derrière Godard, puisqu'il rassemble toute la mémoire du monde, toutes les interrogations, les digérant et les recrachant à la figure de l'humanité.
Plus on écoute les boucles de Machiavel, plus on les regarde, plus les détails font surface jusqu'à prendre toute la place. La répétition agit comme les agrandissements du photographe de Blow Up. Zoom psycho-cinématographique. Comme leurs durées ne sont pas tout à fait semblables, les boucles image et son se désynchronisent l'une par rapport à l'autre au fur et à mesure. Glissement des effets de sens. Panoramique du décalage. Le montage réalisé par chaque spectateur avec sa souris produit de nouveaux effets qui le renvoie à sa propre histoire, à son inconscient. Machiavel réagit et prend parfois la main en fonction des gestes de celui ou celle qui se prête au jeu. L'effet "clébard". Il vient vous titiller, même et surtout si on le néglige. Dans le film de Khittl, les participants ont trois jours pour saisir ce que signifient les courts métrages que leur projette un meneur de jeu. Faute de comprendre, ils y passeront !
Machiavel était une lecture poétique du Monde Diplomatique. La théorie du complot est inspirante, parce qu'elle se vérifie chaque fois qu'on libère le secret défense. La démocratie est un leurre. Rien n'a changé fondamentalement. Sans respect pour l'environnement, quelques riches exploitent la masse des pauvres, vol à main armée, du court terme qui sombre progressivement dans le néant. Les pays riches affament le tiers monde par leurs pratiques égoïstes, les crimes contre l'humanité précèdent le suicide programmé. Heureusement, il y a les catastrophes naturelles, les cycles de l'histoire, les ratés, la famine, qui permettent d'envisager d'autres scénarios que ceux écrits par les propriétaires. Entendez, ceux qui se sont appropriés les richesses.
Enfants, rejetez l'héritage en connaissance de cause, ce monde n'est pas le vôtre. Imaginez le suivant ! Chaque génération a son histoire et dessine une nouvelle strate.

dimanche 17 septembre 2006

Luc Moullet, cinéaste unique à découvrir absolument

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Après avoir édité La comédie du travail, blaq out sort un coffret de 6 films de Luc Moullet, cinéaste dont la réflexion critique est doublée d'un humour rare et décalé. Je connaissais quelques uns de ses hilarants courts métrages comme Essai d'ouverture (l'épreuve de la bouteille de Coca), Ma première brasse (tourné à La Ciotat), Barres (comment resquiller dans le métro), Cabale des Oursins (sur les terrils du nord)... et surtout son chef d'œuvre, Genèse d'un repas, présent dans le coffret.
Pour ce long métrage de 1978, Moullet part d'une omelette, d'une boîte de thon et d'une banane qu'il a dans son assiette pour remonter toute la chaîne de production jusqu'au (pays) producteur. La rigueur du documentaire n'est jamais mise à mal par son traitement humoristique tant la sincérité de l'auteur est entière. Moullet met en scène ses reportages comme des fictions dont il est souvent le principal protagoniste, soit physiquement, soit par sa voix qui commente l'action dans une saine autodérision. Jean-Marie Straub le considère comme l'unique héritier de Buñuel et Tati. La filiation est juste côté français, mais signalons le Palestinien Elia Suleiman (Chronique d'une disparition, Intervention divine) ou le Brésilien Jorge Furtado de L'île aux fleurs (Ilha das Flores, dvd 25 ans de courts métrages, Repérages), court métrage extraordinaire évoqué avec Luc Moullet lors de notre rencontre au Forum des Images l'an passé.
Si Genèse d'un repas est un film marxiste exemplaire, aussi grave que drôle, Anatomie d'un rapport est un film féministe, mêmes adjectifs, tourné deux ans auparavant. La coréalisation d'Antonietta Pizzorno, sa compagne, a apporté au film une lucidité rare pour l'époque, même si la relation qu'entretiennent les hommes et les femmes avec leur sexualité n'a hélas pas beaucoup changé depuis trente ans ! Le film avait alors été interdit au moins de 18 ans. Dommage, tant les jeunes gens des deux sexes pourraient en apprendre les uns des autres, de l'égoïsme des garçons comme de la jouissance des filles. La réussite de l'entreprise tient à la liberté absolue que les deux réalisateurs (ci-dessus dans Genèse d'un repas) se sont octroyés l'un par rapport à l'autre.
Ce qui est formidable dans ces récits plus ou moins autobiographiques, c'est la franchise de Moullet à se mettre en scène sans complaisance. On retrouve cette sincérité impudique et loufoque dans le grinçant Thème Je de Françoise Romand, autofiction encore inédite en salles, son meilleur film depuis son premier long métrage, Mix-Up (sorti chez Lowave l'année dernière). Le critique américain Jonathan Rosenbaum avait d'ailleurs rapproché les deux films, Anatomie d'un rapport et Mix-Up, dans un article du Chicago Reader de 1988.
J'ai maintenant hâte de découvrir les autres films de Luc Moullet, présents dans le coffret, dont j'ai longtemps entendu parler et que je n'ai encore jamais vus, Brigitte et Brigitte, Parpaillon, Les contrebandières, Les aventures de Billy le Kid et Les sièges de l'Alcazar qui justifieront certainement un nouveau billet...

samedi 16 septembre 2006

La fuite en avant


Pour ce blog j'ai imaginé une forme créative de journal, un feuilleton dynamisé par ce nouveau mode de diffusion et d'échange. J'ai rédigé quelques billets, pour voir. Une image en amont du billet facilite la lecture. J'ai toujours aimé inventer des titres pour mes copains et moi. J'ai supprimé les chapeaux pour que mes lecteurs n'aient pas à cliquer pour lire l'intégralité du texte. Et puis j'ai continué.
J'ai été déçu par les commentaires parce que j'attendais plus de retours. Ils existent, mais en privé. D'autres, anonymes, ont produit quelques débordements. Je dois remercier Étienne Mineur et Pierre Wendling, d'incandescence, qui m'ont initié techniquement, le blog d'Étienne m'a servi de modèle, Pierre m'a aidé à installer quelques plugins dont le mode d'emploi me semblait obscur. L'impact de l'expérience fut inattendu (billet du 17 mai intitulé Blog on Blog). J'évalue humblement mes lecteurs réguliers à une centaine, mais leur nombre ne fait que grandir.
Tout a basculé en mars dernier lorsque j'ai décidé de publier un article chaque matin 7 jours sur 7. L'exemple d'Étienne m'a encouragé. Le défi de forçat s'est avéré un épanouissement. Mettre en ligne quotidiennement un article avec titre et photo est un des meilleurs moments de ma journée. Comme j'ai l'habitude de m'interroger avec quelque inquiétude sur mon avenir, sur le genre de métier que j'exercerai l'année prochaine, je m'aperçois que ce sport pourrait devenir lucratif, à condition de trouver un moyen de le rentabiliser, forcément en l'adaptant à un modèle économique plus ou moins déjà existant. Y réfléchir. Toutes les propositions sont les bienvenues !
Quelques uns de mes lecteurs ont raconté que mon travail de bloggeur était une œuvre à part entière. La quantité impressionne toujours et légitimise la démarche. Un journal abordant les sujets les plus divers, forme encyclopédique mêlée de parti pris, correspond bien à mes aspirations créatives. Mes sujets jouent le rôle de citations ou de samples, se répondant d'une catégorie à l'autre. Le ton change selon les circonstances. Je ne suis satisfait d'un billet que dans le contexte global du blog. Je pensais faire mes gammes, je dessinais déjà le cadre. N'est-ce pas ainsi que tout commence ? La passion précède la maîtrise. L'expérimentation s'organise et cette prise de conscience m'ouvre de nouvelles perspectives. En découvrant son plaisir, on reconnaît son chemin. J'ignore, à cet instant, comment faire évoluer ce travail de fourmi.
Je rêve toujours d'inventer une musique inouïe, de tourner un nouveau film, d'imaginer de nouvelles installations d'art contemporain et bien d'autres élucubrations que la marée déposera sur le sable. Mais je tiens ici une forme qui me convient, qui fonctionne en autodiscipline, qui m'amuse et m'excite sans faillir, jour après jour.

vendredi 15 septembre 2006

Hélène Sage, femme orchestre et luthière iconoclaste

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Hélène Sage a composé la musique du ballet de Heddy Maalem, Un champ de forces, vidéo de Samuel Dravet, actuellement en tournée en Italie, et bientôt en France (Limoges les 30 septembre et 1er octobre, et en 2007 à Paris et région parisienne, en Avignon...).
Hélène tourne également son nouveau spectacle, Le monde à l'envers, en duo avec Anne-Marie Charles, sur des textes du juge Eva Joly (l'affaire Elf !) et de Louisa Paulin (Villeurbanne le 22 septembre, etc.).
Les photos sont respectivement de Patrick Fabre et de Philippe Dujardin.
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J'ai rencontré Hélène en 1981, juste avant qu'Un Drame Musical Instantané ne monte son orchestre de 15 musiciennes et musiciens. J'ai tout de suite été séduit par cette grande fille qui passait son temps couchée sous sa Mercedes à la réparer. Le reste du temps, elle essayait d'écraser la danseuse et chorégraphe Lulla Card, devenue depuis Lulla Chourlin, en chantant dans un mégaphone accroché sur le toit. Hélène est polyinstrumentiste, chantant et jouant de la contrebasse, de toutes les flûtes, du sax, de la clarinette basse, des claviers et de mille autres objets bizarres qu'elle a inventés comme sa bouilloire à anche qu'elle fait tourner au-dessus de sa tête, ses tabourets à archet, ses percussions d'eau, et bien d'autres instruments ressemblant à des sculptures de Marcel Duchamp. N'empêche que ça sonne bien !
Hélène Sage a le goût des timbres originaux comme des modes de jeux les plus hirsutes, se concentrant sur l'acoustique plus que sur l'électronique. C'est une improvisatrice hors pair et une compositrice qui marche les pieds au plafond. Elle vit à Toulouse où elle a repris ses activités après quelques années de pause. Hélène a longtemps composé pour le ballet (Karine Saporta, Mark Tomkins, Jean Gaudin, Josef Nadj, Graziella Martinez, Charlotte Delaporte...). Elle fut certainement la musicienne la plus proche du Drame, se joignant au trio d'origine pour former un quartet, remplaçant l'un ou l'autre absent, participant au grand orchestre, etc. Notre dernière collaboration en duo est Techno-bazar, mais avant cela, nous avons pas mal joué ensemble, comme par exemple pour ses deux remarquables CD, Comme une image et Les araignées, tous deux parus chez GRRR.

jeudi 14 septembre 2006

Histoire(s) du cinéma, édition japonaise


J'avoue, j'ai craqué ! Désespéré par une édition française de plus en plus improbable, j'ai commandé le chef d'œuvre en 8 parties et 5 DVD de Jean-Luc Godard sur Amazon.co.jp, ici au premier plan. Comme je ne lis pas le japonais, à côté des films évidemment en français, je peux difficilement profiter de l'admirable système de référencement numérique de cette édition. Cela me permet tout de même de me repérer un peu dans ce foisonnement d'informations, textes, images, films, musiques... Les deux autres éditions, discographique et littéraire, forment un excellent complément, puisque la première, bande son remixée spécialement pour le coffret de 5 CD paru en 1999 chez ECM, livre l'intégralité des textes, et que la seconde, publiée un an auparavant par Gallimard en 4 volumes, offre de magnifiques illustrations en couleurs.
Il ne me reste plus qu'à faire ce que j'ai toujours préconisé, diffuser en boucle cette encyclopédie unique et boulimique sans y faire vraiment attention, en me laissant imprégner par les mots, les images et les sons. Dans cette auberge espagnole chacun peut ainsi retrouver ses émotions passées jusqu'à se sentir personnellement visé. À cet égard, l'exposition au Centre Pompidou fut la sobre continuation de cette démarche. Une sensation d'intimité éternelle, universelle, me gagne ainsi doucement, comme lorsque j'écoute la Radiophonie de Lacan... Révélation de l'inconscient, impression d'avoir toujours su ce qui est raconté et montré, et pourtant comme si c'était la première fois, comme si enfin le monde nous était révélé dans sa complexité et sa simplicité...
Les huit parties sont titrées Toutes les histoire(s), Une histoire seule, Seul le cinéma, Fatale beauté, La monnaie de l'absolu, Une vague nouvelle, Le contrôle de l'univers, Les signes parmi nous.
Histoire(s) du cinéma n'est pas seulement le chef d'œuvre de Jean-Luc Godard, film(s) dans le film, c'est probablement la meilleure œuvre critique qui n'est jamais été produite sur le sujet ; raconter ce qu'est ou fut le cinématographe en laissant à chacune et chacun le privilège de son interprétation en fait le film le plus emblématique de toute son histoire.

mercredi 13 septembre 2006

Histoire naturelle


La grenouille est un monsieur, dit notre hôtesse en le posant sur le dos de sa main. À quoi, à qui pense la fille en rouge qui le regarde dans les yeux ? Il est si petit, si frêle, humide... Monsieur Grenouille vit dans les plantes vertes de l'appartement. Il écoute sans bruit la conversation qui porte sur les rencontres réussies du site Meetic.
Nous évoquons plusieurs couples heureux de nos connaissances qui se sont rencontrés ainsi. Passé le cercle social dans lequel on évolue, il n'est pas toujours facile de croiser des personnes qui partagent nos goûts ou nos aspirations. De plus en plus de gens travaillent à la maison. Draguer dans la rue ou aller danser dans un club ne correspond pas forcément à tous les caractères. Si vous lisez ces lignes, c'est que vous êtes un ou une habituée(e) du Web ; chercher l'âme sœur sur le Net ne vous choquera probablement pas, mais certain(e)s jugent sévèrement les sites de rencontres. Pourtant, nous connaissons des ami(e)s d'âges très différents qui ont eu recours à cette pratique. Avoir trente ans, quarante, cinquante, soixante et se retrouver seul(e) est souvent l'occasion de sauter le pas. Il y en a évidemment qui ne recherchent qu'un coup de cidre, pourquoi pas ? Il paraît que cela fonctionne très bien. Mais d'autres souhaitent simplement rencontrer quelqu'un qui leur corresponde. Il semble que cela fonctionne mieux à Paris qu'en province. L'offre masculine y est plus large ! Sans révéler leurs identités, disons qu'ils sont nombreux et nombreuses à avoir trouver le bonheur, ou du moins ce que ce mot a l'habitude de revêtir, et que ça dure.
Bien qu'il soit très mignon, la fille en rouge n'a pas osé poser ses lèvres sur Monsieur Grenouille. Elle dit ne plus croire aux miracles. C'est une fille de son temps. Elle est rentrée seule chez elle, mais s'est tout de même installée devant l'écran de son ordinateur.

mardi 12 septembre 2006

Chostakovitch en 27 CD pour 57 euros


Après les intégrales Mozart et Bach dont je ne me suis pas soucié, est apparu sur le marché un coffret (moins cher sur le site de la Fnac, 3 semaines de délai) réunissant les symphonies, concertos, suites, quatuors et une partie de la musique de chambre de Dimitri Chostakovitch (Brillant Classics 8128). S'il existe probablement de meilleures interprétations de certaines des œuvres, c'est l'occasion de découvrir nombreuses partitions de cet immense compositeur russe, d'autant que l'ensemble est de très bonne tenue. Je n'ai évidemment pas eu le temps de tout écouter avant de rédiger ce billet, mais l'impression d'ensemble est excellente. Les symphonies sont interprétées par Rudolf Barshaï, les concertos pour piano par Cristina Ortiz et Paavo Berglund, pour violon par David Oistrakh et Gennady Rozhdestvensky, pour violoncelle par Alexander Ivashkin et Valeri Polyansky, les suites de jazz, de ballet et de film par Theodore Kuchar, les quatuors par le Rubio Quartet. Un DVD d'entretien avec Barshaï, en allemand sous-titré, accompagne les 27 CD.
J'en profite pour rappeler l'existence d'un superbe coffret de 14 CD d'enregistrements historiques de Hanns Eisler (Berlin Classics 9006 - AD210) que j'avais acquis pour une bouchée de pain également, mais dont je n'arrive plus à trouver la trace sur les sites de vente.

lundi 11 septembre 2006

Découpe


L'escalier attire d'abord mon regard. Quatre à quatre. Toujours. Jusqu'au tournis. Escher. On pose sur les marches ce que l'on a besoin d'emporter avec ses jambes pour ne pas grimper les mains vides. La finesse de la rambarde est inattendue. Métal contre ciment. Donc certainement pas un bateau. Du solide. Je recule pour voir la fenêtre. Regarder au travers. Traverser. Le voyeur. Poli. Dépoli au niveau du bas ventre. Zoom sur le paysage. Déjà un souvenir. La côte. Horizontale vue d'une verticale. Le soir ?

dimanche 10 septembre 2006

Le mur de la honte


Mon voisin est charmant. Cela ne l'empêche pas d'être bruyant. Il m'a réveillé ce dimanche matin pour me demander l'autorisation de planter des piquets dans notre mur mitoyen pour remplacer la haie de cyprès qu'il a supprimée par un grillage de 1,20m de haut. Son coupeur de bois était prêt à percer le toit de notre garage pour que ce soit dans l'alignement ! J'ai bien entendu refusé pour ne pas fragiliser le mur ni transformer le bac-acier du garage en caisse de résonance quand les ballons de foot viendront frapper. De plus, c'est le chemin de ronde de Scotch, un de ses postes d'observation favoris. J'ai donc suggéré à mon voisin qu'il plante de grands piquets dans son propre jardin pour soutenir son grillage. Nous aurions évidemment trouvé plus élégant qu'il laisse grandir sa haie touffue constituant un tampon isophonique et d'un vert plus souriant que le métal tressé.
Comme je demandais si je pouvais récupérer un des troncs d'arbre pour en faire un socle de sculpture pour Anna, le bûcheron a tenté de le négocier contre ses fichus piquets. Désolé, Anna !
Mon charmant voisin m'a expliqué qu'il avait arraché son superbe peuplier à cause des racines qui déformaient son allée dallée et mettaient en danger sa maison, et qu'il avait l'intention de remplacer la haie de conifères par des fruitiers. Des fruitiers si près du mur ? Et puis, ça ne pousse pas vite. Il évoque des citronniers, des amandiers... J'ai suggéré des grimpants pour éviter que sa grille rappelle trop un camp de concentration. Il pense faire pousser des petits arbres tout autour de son terrain pour cacher le vis-à-vis avec l'immeuble de lofts qui se construit en face...
On est parfois mal conseillé.

samedi 9 septembre 2006

À l'assassin !


Notre voisin possédait deux grands arbres magnifiques, un cèdre et un peuplier qui participaient tous deux au charme du quartier. Il a fait couper le peuplier, probablement parce qu'il leur faisait de l'ombre. Il aurait pu l'élaguer comme le fit son prédécesseur. Il a préféré tout raser. Un massacre. Tout le voisinage l'a vécu comme un crime. Aujourd'hui silence. Les corbeaux, les tourterelles, les pies, tous les oiseaux de passage y faisaient halte. Un silence de mort.
Armé de sa tronçonneuse, ivre de destruction, il n'a pas pu s'arrêter là. Il a supprimé l'intégralité de la haie de conifères mitoyenne. Un désert. Un désert urbain. Pourquoi couper la haie qui faisait un effet tampon aussi profitable à lui qu'à nous, absorbant les nuisances sonores et, de notre côté, évitant aux ballons de foot de ses gamins de venir écraser nos fleurs et en casser les pots ? Mystère. Il y a des gens qui n'aiment pas ce qui leur rappelle la terre. Là où passe l'homme la nature trépasse. Nous sommes aussi furieux que s'il avait abattu son chien. Nous sommes aussi tristes que si nous avions perdu un ami. Combien de temps faut-il pour grandir, combien en faut-il pour mourir ?

Hier, certains me faisaient remarquer que si ce voisin ne vivait pas renfermé sur son communautarisme, on aurait pu en discuter avant qu'il ne commette l'irréparable. Quatre vingt ans effacés en quelques heures. Dans la rue, ce poumon appartenait à tous. Je me souviens des images de coupe au début du film Le diable probablement de Robert Bresson. Ce n'était pas la première fois, pourtant, en voyant les arbres qui s'abattent, en entendant la plainte du bois qui grince, les larmes me montent aux yeux et la colère en moi.

vendredi 8 septembre 2006

Neil Labute, un réalisateur américain méconnu


J'ai récemment parlé ici de Nurse Betty sorti en 2000, comédie pimpante au scénario surprenant. J'ai depuis reçu des États Unis les DVD de deux autres films, Your Friends and Neighbours (Entre voisins et amis, 1998) et The Shape of Things (Fausses apparences, 2003). Nous sommes en présence d'un véritable auteur, auteur de théâtre d'abord, car Neil Labute adapte souvent ses propres pièces à l'écran, comme Bash: Latter-Day Plays transposé pour la télévision. En recherchant des informations sur le Net, je découvre que le réalisateur est très imprégné de son appartenance à l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, un culte américain qui échappe certainement aux lecteurs français comme moi. En essayant de comprendre en quoi consiste les croyances des Mormons, on s'aperçoit que Neil Labute est un sacré rebelle qui fait exploser les fondements mêmes de son église comme la loi de chasteté, l'homosexualité et surtout "l'abstinence de rapports sexuels sauf entre un homme et une femme légalement mariés" ! Il semble en effet peu probable que ses films soient des dénonciations de la liberté sexuelle ; ils montreraient plutôt, et de façon extrêmement critique, la différence entre les hommes et les femmes. Je les vois comme des blasphèmes, provocateurs aussi bien pour sa congrégation que pour qui que ce soit, même les spectateurs les plus athées. Cela vaudra évidemment au réalisateur d'être mis à l'écart par ses Mormons. Aux USA, ses films ont toujours été controversés, certains voyant par exemple dans In the Company of Men une apologie de la misogynie, d'autres du féminisme. Ses œuvres suivantes ne laissent aucun doute de ce côté là, mais interroge la cruauté de son regard sur la faiblesse des hommes et la puissance des femmes. Les hommes restent des petits garçons, assez lâches, tandis que les femmes gardent la tête froide, manipulatrices libérées de leur désir. Le sado-masochisme semble sous-jacent. Les jeux de l'amour mis en scène par Labute sont sans hasard. Les parties carrées n'y sont pas rares. Ses personnages ont du mal à trouver leur équilibre dans une société hypocrite qui a faussé la donne.
Si Your Friends and Neighbours est dépourvue de musique et que tout se joue dans une espèce de silence morbide, chaque nouvelle séquence de The Shape of Things est ponctuée par les chansons d'Elvis Costello. Ici, pas de sirop à l'américaine. Ni dans la bande-son, ni dans les propos. Si Nurse Betty reste mon préféré (le seul dont il n'a pas écrit le scénario et le plus drôle), je suis resté abasourdi par The Shape of Things. Les scénarios sont toujours riches en rebondissements (j'évite toujours ici de les déflorer), les acteurs formidables. Il me reste maintenant à découvrir son premier long métrage, In the Company of Men (En compagnie des hommes, 1997, en coffret avec Maria pleine de grâce et Les flambeurs sur le site de la Fnac) et Possession (2002, disponible sur Amazon.fr), et courir au cinéma découvrir The Wicker, avec Nicolas Cage, si jamais il sort en France...

jeudi 7 septembre 2006

Netvibes, une page d'infos à soi


Grâce à Antoine qui me l'a indiqué, j'ai organisé ma page Netvibes ce matin. Netvibes rassemble sur une seule page tous les sites et blogs que vous avez l'habitude de visiter et, surtout, leurs mises à jour. Il vous permet d'être informé de tout nouveau billet publié. En faisant votre propre mise en page vous embrassez en un clin d'œil tous les titres des billets récemment ajoutés. Génial ! Une start-up française dont on reparlera... Connectez-vous, déplacez les cadres en tenant la touche Alt appuyée, ajoutez des flux RSS, des sites d'infos, vos mails, la météo, un coup d'œil sur eBay, etc., c'est tout simple. Aussi indispensable aux accros du Web que de relever ses mails chaque fois que l'on passe à proximité de son écran. Pour s'en dégager, une seule solution, fuyez les poches vides (sans portable d'aucune sorte, s'entend), mais les yeux et les oreilles grand ouverts !

mercredi 6 septembre 2006

La théorie du complot (enfin à la télévision)


Loose Change passe sur Planète ce soir à 20h45 en version française. Voir billet du 29 mars dernier. À Libération ou Télérama comme ailleurs, les journalistes supportent mal d'être pris de court et critiquent toutes les enquêtes qui leur a échappé en tentant de les discréditer. En France, la liberté de la presse serait-elle finalement tributaire de ses sponsors et des organes gouvernementaux qui l'informe ? Ou bien, simplement, la vérité est trop incroyable ? Comme les élections truquées qui ont mis Bush Jr sur le trône, l'intox de l'anthrax ou les prétendues armes de destructions massives en Afghanistan et en Irak... Croyez-vous qu'ils admettraient leurs erreurs ? Non, ces "professionnels" donnent simplement l'information du jour, comme si de rien n'était ! Devant le succès rencontré par ce film aux USA et qui pose tant de questions qu'ils ont négligées, ils n'ont plus que le choix que d'annoncer, évidemment avec la réserve des mauvais joueurs, le meilleur film réalisé sur le 11 septembre 2001.
Rediffusions les 8 septembre à 13h30, le 9 à 14h05, le 14 à 13h25 et le 26 à 13h30.

La sauvagerie oisive de Outkast


Enfin un peu de musique ! Des disques comme je les aime, surprise garantie à tous les index. À classer juste derrière leur précédent double album, Speakerboxxx / The Love Album, chef d'œuvre à rapprocher du Carnival de Wyclef Jean, ou mieux, du Back on the Block de Quincy Jones, parce qu'avec Idlewild Outkast s'enfonce dans l'histoire du jazz en lui donnant un sacré coup de jeune, à commencer par un sample emprunté à l'une de mes idoles, le sous-estimé Cab Calloway dont les trépidations hante l'album. C'est la seule musique qui mempêche de rester assis. Je saute sur place. Mes pieds s'envolent. Ici, le rap croise le fer avec le blues, le jazz répond aux mélodies soul des voix noires. C'est monté comme la bande-son d'un film, le film éponyme d'où est tirée toute cette musique qui swingue et vous redonnerait le moral pour cette rentrée sinistre (rien de personnel, pas d'affolement !).
Album kaléidoscopique où l'on ne sait pas vraiment qui fait quoi, shaker secoué dans tous les sens, des glaçons qui donnent chaud, effets de studio, cuivres en guise de blings, drums ou percussions électroniques, guitare saturée contre piano bastringue, tout cela s'agite au service des voix explosives de la Great Black Music. Le groupe formé par Andre "3000" Benjamin et Antwan "Big Boi" Patton est le duo le plus énigmatique de la scène "pop" depuis l'association Lennon-McCartney. Qui fait quoi de ces deux frères ennemis, de ces deux potes où chacun est l'ombre de l'autre, son miroir et son contraire ? Je m'y perds, et cela n'a aucune importance, parce que seul compte le résultat, la transmutation du travail en très or. Je crains le pire pour leur film, un peu comme les velléités pourpres du petit Prince de Minneapolis incapable de dessiner un mouton. Si leurs clips étaient hyper décevants, le hip hop de ces Blackbirds of 2006 est toujours aussi élégant !

mardi 5 septembre 2006

Hommage à "La lune et les étoiles"


Mes images pourraient-elles devenir une échappatoire au diabolique billet quotidien ? Mais, dans cette perspective, il faudrait probablement que je sois un peu moins casanier. Il ne suffit pas de se regarder dans la glace. Bouger. Changer d'angle. Je vais devoir réapprendre des gestes simples. J'ai longtemps rêvé d'un mode d'expression qui me permette de voyager. De voyager léger. Prendre l'air.
Je me photographie seulement pour me voir sans lunettes. Sur le moment, tout était flou, pire, absent. Je devine à peine l'appareil que je tiens à la main. Il faut viser l'à peu près. La presbytie est la marque irrémédiable du temps. De loin, tout est clair. Je prends du recul.
Il y a quatre ans en Arles, comme je mettais en musique le montage réalisé par Olivier Koechlin pour la projection dans le Théâtre Antique, j'avais été épaté par le courage des photographes qui se relayaient sur le site de Patrick Morelli, La lune et les étoiles, à raison d'un par an, mais d'une photographie mise en ligne chaque jour. Y ont participé Marie Paule Nègre, Alain Longuet, Arnaud Baumann, Xavier Lambours, Pascal Dolémieux, Aude Sirvain, Andréa Taos, Stéphanie Tetu, et ça continue avec Philippe Salaün. Ce Crépuscule des jours, blog commencé dès 1999, est accompagné de textes de Patrick Morelli, Andréa Taos et Philippe Pujas. Belle leçon de rêve et de ténacité !

lundi 4 septembre 2006

Weeds, future coqueluche


Si vous recevez Canal+ et que vous avez aimé la série télévisée Six Feet Under, ne manquez surtout pas les deux premiers épisodes de Weeds qui passent jeudi prochain à 22h15, juste après la nouvelle saison de Desperate Housewives. La barre est haute pour les futures séries américaines qui doivent s'affranchir de leurs aînées. Par son invention scénaristique et sa critique de la société américaine, Weeds réussit superbement son pari. Ça vole haut.
Weeds signifie l'herbe, la marijuana. Dis Tonton, pourquoi tu tousses ? Lors de sa présentation au MIP-TV à Cannes, la douane française avait saisi tous les T-shirts et casquettes promotionnels sous prétexte qu'y était imprimé "Weeds High on Season 2" (la saison 2 vous fera planer) ! Pour en dévoiler le moins possible, sachez simplement que c'est l'histoire d'une jeune mère de famille, qui, après la mort accidentelle de son mari, deale du cannabis dans son quartier de Los Angeles pour ne pas renoncer à son train de vie. Comme d'habitude, le travail des acteurs est remarquable. C'est peut-être parfois tourné un peu trop télé (je n'ai, pour cette raison, jamais pu entrer vraiment dans Les Sopranos - lumière mochedingue, un peu claustro...), mais l'auteur, Jenji Kohan, manie avec la plus grande dextérité provocation, humour, sexe et politique.
La première saison compte dix épisodes de trente minutes, écrits et tournés chaque fois par un scénariste et un réalisateur différents. C'est court, mais c'est dense. Les dialogues fusent, les situations rebondissent, les allusions à l'actualité sont efficaces, ça défonce. Rien à voir avec la gentille comédie anglaise, Saving Grace, où Brenda Blethyn interprète une veuve qui passe à la culture en serre pour payer ses dettes. Dès le générique, formidable encore cette fois, on comprend que Weeds s'attaque au conformisme et à l'hypocrisie d'une société impitoyable, enfermée dans "des petites boîtes".
Acquis sur Amazon.com, le coffret de deux DVD Zone 1, rempli de bonus amoureusement réalisés (enquête sur le chanvre et la marijuana, sur les lotissements en banlieue, des entretiens amusants, 12 recettes de cuisine précieuses, etc.), ne comprend pas de sous-titres français, mais il est évident que cela sortira en France d'ici l'été prochain, le temps que ça pousse.

dimanche 3 septembre 2006

Name Dropping


Hier, après avoir mis en ligne mon billet, je me suis souvenu du passage de relais de mon Nikon relativement discret au Nokia quasi invisible. C'était l'année dernière à New York. Françoise faisait partie du jury des longs métrages de fiction au TriBeCa Festival fondé par Robert De Niro au lendemain de 9/11 pour redonner un peu d'éclat à son quartier ravagé par la catastrophe. Au premier étage du TriBeCa Grill, autour de notre table étaient réunis l'acteur le plus timide que j'ai jamais rencontré (copropriétaire du restau et de quelques autres du quartier où nous mangerons les jours suivants dont le célèbre Nobu), à sa gauche la chanteuse Sheryl Crow, le réalisateur Darren Aronofsky (Requiem for a Dream), Françoise (Romand), Griffin Dunne (acteur principal d'After Hours), Peter Scarlet (ex-directeur de la Cinémathèque française et actuel directeur du TriBeCa Film Festival), le producteur Mitch Glazer (Lost in translation), Mirsad Purivatra (directeur du festival de cinéma de Sarajevo), son épouse et deux autres pièces rapportées, Grace Hightower (Mme De Niro) et Bibi fricotant avec son petit appareil... Ce sont les trois premiers que l'on voit sur la photo, devant des toiles de Robert De Niro Senior qui encerclent la cinquantaine de convives répartis autour des autres tables. Ce sont évidemment les deux dernières avec qui j'ai discuté tout au long du déjeuner. Nokia, principal sponsor du festival, offrit ce jour-là à chacun d'entre nous un 7610 ! Les jurys devaient concourir eux-mêmes en réalisant un petit film collectif et Françoise fut la lucky winner, gagnant le 6682, resté, semble-t-il, à l'état de prototype. Son portable (3 millions de pixels) lui permet de tourner jusqu'à 45 minutes de film, ce dont elle ne se prive pas.
Comme je suis le seul inconnu de la tablée, De Niro s'adresse à moi pour briser la glace qui gèle l'ensemble des célébrités assises avec lui. J'évite soigneusement tout sujet cinématographique et ne parle que des très beaux tableaux de son papa, de nos enfants, et de musique puisqu'il a l'amabilité de s'adresser à moi. Comme Apple (encore un cadeau, c'est dingue le nombre de trucs que Françoise a rapportés, les plus chouettes étant le siège de massage qui trône au milieu de notre salon et les paires de Nike que nous avons customisées !) sollicite nos goûts musicaux par un petit questionnaire à remplir, je me permets une indiscrétion en découvrant que "Bob" a choisi en n°1 la musique du Dernier Tango à Paris composée et interprétée par Gato Barbieri. Magnifique B.O. en effet, qui bouge le cœur pour peu qu'on le sollicite ! Revenu à Paris, je commençai à prendre des photos avec mon téléphone.
J'ai omis de raconter que j'étais moi-même à New York pour travailler sur le mixage d'un disque du chanteur mahorais Baco et que cela se passait dans une banlieue 100% noire où je jouais l'unique rôle du blanc avec Nico. Le contraste entre les fastes de Manhattan et le rap de Brooklyn était saisissant, mais ça c'est une autre histoire...

samedi 2 septembre 2006

Autoportrait dans les toilettes du TGV


Le tiers de mes photos est réalisé avec mon téléphone, le reste avec un petit Nikon dont l’écran est pivotable. J’ai l’impression que mes meilleurs clichés ont été réalisés avec le portable à 2 millions de pixels, tandis que l’autre, avec ses 5 millions, offre un piqué largement dépassé par des appareils plus récents.
Avoir en permanence mon cellulaire dans la poche droite de mon jean est évidemment la solution la plus pratique. Il suffit que je pisse avant de faire le beau. Ayant une petite vessie, j’aurais du mal à attendre. Pas facile de viser comme ça, dans le train qui bouge tout le temps, mais je m’applique, question d’évaluation, de balistique.
Mes mains semblent énormes, des mains de musicien, d’autant que Françoise me fait remarquer que j’ai souvent le doigt sur l’objectif. L’index se devine d'ailleurs en bas à droite de l’image.
Dans les photos, j’essaie souvent d’avoir l’air énigmatique, un petit sourire sérieux, les lèvres sur le point de s’ouvrir pour que la parole reprenne le dessus.
Comme je passe inconsciemment en apnée dès qu’une mauvaise odeur pourrait m’assaillir, je retiens ici mon souffle, évitant le flou. Tiens la, tiens là je m’aime bien.

vendredi 1 septembre 2006

Guerre en Orient ou paix en Méditerranée ?


Remarquable article du philosophe Étienne Balibar et du physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, paru dans Le Monde le 18 août dernier.