Hier, après avoir mis en ligne mon billet, je me suis souvenu du passage de relais de mon Nikon relativement discret au Nokia quasi invisible. C'était l'année dernière à New York. Françoise faisait partie du jury des longs métrages de fiction au TriBeCa Festival fondé par Robert De Niro au lendemain de 9/11 pour redonner un peu d'éclat à son quartier ravagé par la catastrophe. Au premier étage du TriBeCa Grill, autour de notre table étaient réunis l'acteur le plus timide que j'ai jamais rencontré (copropriétaire du restau et de quelques autres du quartier où nous mangerons les jours suivants dont le célèbre Nobu), à sa gauche la chanteuse Sheryl Crow, le réalisateur Darren Aronofsky (Requiem for a Dream), Françoise (Romand), Griffin Dunne (acteur principal d'After Hours), Peter Scarlet (ex-directeur de la Cinémathèque française et actuel directeur du TriBeCa Film Festival), le producteur Mitch Glazer (Lost in translation), Mirsad Purivatra (directeur du festival de cinéma de Sarajevo), son épouse et deux autres pièces rapportées, Grace Hightower (Mme De Niro) et Bibi fricotant avec son petit appareil... Ce sont les trois premiers que l'on voit sur la photo, devant des toiles de Robert De Niro Senior qui encerclent la cinquantaine de convives répartis autour des autres tables. Ce sont évidemment les deux dernières avec qui j'ai discuté tout au long du déjeuner. Nokia, principal sponsor du festival, offrit ce jour-là à chacun d'entre nous un 7610 ! Les jurys devaient concourir eux-mêmes en réalisant un petit film collectif et Françoise fut la lucky winner, gagnant le 6682, resté, semble-t-il, à l'état de prototype. Son portable (3 millions de pixels) lui permet de tourner jusqu'à 45 minutes de film, ce dont elle ne se prive pas.
Comme je suis le seul inconnu de la tablée, De Niro s'adresse à moi pour briser la glace qui gèle l'ensemble des célébrités assises avec lui. J'évite soigneusement tout sujet cinématographique et ne parle que des très beaux tableaux de son papa, de nos enfants, et de musique puisqu'il a l'amabilité de s'adresser à moi. Comme Apple (encore un cadeau, c'est dingue le nombre de trucs que Françoise a rapportés, les plus chouettes étant le siège de massage qui trône au milieu de notre salon et les paires de Nike que nous avons customisées !) sollicite nos goûts musicaux par un petit questionnaire à remplir, je me permets une indiscrétion en découvrant que "Bob" a choisi en n°1 la musique du Dernier Tango à Paris composée et interprétée par Gato Barbieri. Magnifique B.O. en effet, qui bouge le cœur pour peu qu'on le sollicite ! Revenu à Paris, je commençai à prendre des photos avec mon téléphone.
J'ai omis de raconter que j'étais moi-même à New York pour travailler sur le mixage d'un disque du chanteur mahorais Baco et que cela se passait dans une banlieue 100% noire où je jouais l'unique rôle du blanc avec Nico. Le contraste entre les fastes de Manhattan et le rap de Brooklyn était saisissant, mais ça c'est une autre histoire...