Petit tour en haut de l'Empire State Building pour repérer tous les endroits que nous avons arpentés depuis près de trois semaines. La première vue représente downtown avec au premier plan, à l'intersection de Broadway et de la Vième, l'immeuble en fer à repasser.
À propos d'enfer, la seule chose qui m'a vraiment fait peur pendant ce séjour, c'est la profusion de juifs intégristes, tous habillés de noir avec chemise blanche et chapeau, des plus jeunes aux plus vieux, et les femmes si ternes sous leurs hideuses perruques. Que de frustrations leur loi fait-elle naître ! Nous avons bien croisé deux femmes voilées, pas mal de sikhs, et bien évidemment des dizaines d'églises chrétiennes, mais les croix dorées se portent discrètement sous la chemise. La revendication communautariste, religieuse, est extrêmement dangereuse, surtout lorsqu'elle exprime l'enfermement et le rejet absolu de l'autre.
Question politique, il est difficile de provoquer les New-Yorkais tant ils sont anti-Bush. Mais, sauf parmi les personnes très engagées, les sujets épineux sont le plus souvent évités en société. Côté culinaire, nous avons parfois été sauvés par les sushis auxquels aucune graisse ne peut être ajoutée, et par les amis qui cuisinent. Pour le shopping, les prix peuvent descendre si bas que nous avons dû acheter une troisième valise ! Ils peuvent aussi monter très très haut, mais cela ne nous concerne pas directement... Pour conclure, nous avons rencontré beaucoup de gens merveilleux et affables lorsqu'ils prenaient le temps de s'arrêter de courir.


En regardant l'avenue de tout en haut, on se rend compte de l'impressionnante flotte des taxis jaunes. Nous reprenons le métro vers Brooklyn, mais nous nous trompons une fois de plus en empruntant le quai d'en face ; il est impossible de rejoindre le bon côté sans repayer au portillon ou sans faire les idiots en vacances auprès du préposé plus ou moins compréhensif. Le subway va vite, mais il est irrégulier. Le soir, dîner d'adieu. Nous nous envolons cet après-midi pour arriver jeudi matin.
Le lendemain je repars pour Séoul et crains la fatigue des deux voyages enchaînés. Notre correspondant coréen nous demande ce que signifie le titre de notre installation vidéo, Somnambules. En l'absence de Nicolas, je réponds et c'est de circonstance : Sleepwalkers talk alone in the dark. They walk on the edge of roofs without falling. And their dreams are like true stories to other nightwalkers. (Les somnambules parlent seuls dans l'obscurité. Ils marchent au bord des toits sans tomber. Et leurs rêves sonnent vrais aux oreilles de leurs semblables).