Ce matin en me levant je n?avais pas la moindre idée de ce que j?allais raconter. Depuis une semaine, je me remets lentement et difficilement du décalage horaire avec Séoul, me levant souvent avant 5 heures du matin. Le passage à l?heure d?hiver n?arrange pas les choses, cassant mon horloge biologique qui n?avait vraiment pas besoin de cela. Alors je la remonte doucement, avec beaucoup de précaution, comme on remonte le temps dans une machine construite pour ça.
Celle de Jean Rochard, le seul vrai "producteur" que je connaisse, s?appelle le Chronatoscaphe. J?en fus l?un des principaux artisans l?an passé : vingt-cinq années d?histoire du label nato en 3 CD et 128 pages illustrées par une douzaine de dessinateurs de BD, le photographe Guy Le Querrec et commentées par JR sous le feu des questions de Stéphane Ollivier (qui, heureuse coïncidence, dînait là hier soir avec Tina, dix ans après notre rencontre pour Vacarme). Le Chronatoscaphe est un magnifique cadeau pour Noël qui approche, pour un anniversaire ou tout simplement pour se faire plaisir avec 5 heures de musique fantastique compilées par Olivier Gasnier et audio-scénarisées par votre serviteur, somnambule voyageur?
Ce matin donc, en faisant défiler les statistiques de drame.org, je découvre une nouvelle origine aux visites de mon site : les disques nato ! Je pointe sur le lien et comprends que c?est tout beau, tout frais, le site nato est officiellement ouvert (www.natomusic.fr) depuis jeudi, ce que nous avions l?habitude de considérer comme le jour des enfants avant qu?on le déplace à mercredi et, par ce fait, lui ôte sa poésie ludique : jeu-di ce n?est pas mer-credi. On n?a jamais rêvé de la semaine des quatre mercredis, par contre on utilisait « mercredi prochain » pour ne pas dire « merde », interdit dans la bouche des enfants? Si je voyage allègrement dans le temps, ce n?est pas pour me cantonner au passé et encore moins à la nostalgie : aujourd?hui est un autre jour et nato s?enfonce résolument dans l?avenir.
Le site nato est donc enfin accessible et superbe, on pouvait s?en douter. C?est riche, caustique et furieusement swing. À côté des informations utiles pour qui aime les musiques qui bougent et les productions inventives, on croisera des images à collectionner, des phrases à mâcher, des liens à défaire, pour s?évader, se réveiller ou se laisser aller. La boutique mène aux Allumés du Jazz, le blog est entamé, le Festival de Minnesota sur Seine version américaine et MySpace sont de la partie tandis que s?ouvre aujourd?hui l'opération Paris-Minneapolis avec le trio de Denis Colin avec Gwen Matthews (billet ici-même). Les concerts au New Morning du nouvel orchestre de Michel Portal (avec Tony Hymas, Erik Fratzke, François Moutin, Airto Moreira, JT Bates et Tony Malaby), Fat Kid Wednesdays et Ursus Minor ont hélas été annulés.
Penché sur mon épaule, Scotch le chat ajoute que si nato est un label félin, il devrait enchanter toutes celles et ceux qui aiment alterner griffes et caresses, la révolte et le plaisir...

P.S. : le lancement du site coïncide avec la sortie de deux nouveaux CD du label Hope Street, une déclinaison natesque (je m'y perds un peu entre nato, Hope Street, Chabada, Cinenato, Wan+Wan, les disques parus chez Universal, etc., mais tous sont sous l'égide de Jean Rochard sauf un, devinez lequel). Sortent donc officiellement aujourd'hui le nouvel Ursus Minor (déjà chroniqué ici) et le nouveau Fat Kid Wednesdays, tendre Singles du trio sax-basse-batterie, un velouté automnal après le délicieux Art of Cherry paru il y a deux ans. Tiens, ils sont jeunes, ce sont des mômes du mercredi !
Alors que je venais de poser Singles sur la platine, Jean Morières, de passage à Paris avant de s'envoler pour le Sénégal jouer du tambour avec Pascale Labbé et quelques autres improvisateurs de nos terroirs, sourit dès les premières mesures en marmonnant doucement : "Don Cherry !" La cerise sur le gâteau, un don. Si l'influence reste manifeste, l'héritage est productif et du meilleur effet sur toute vaine tentative d'en faire trop, comme courir après son ombre ou se dépasser. Ici on respire, on prend le temps de vivre et c'est bon.