Ce soir, Françoise retourne voir la pièce qu'interprète seule en scène sa sœur, Anny Romand. J'ai eu la chance d'admirer la création, en Avignon à l'été 2005, de ce travail qui m'a semblé se rapprocher du nouveau roman, par son exigence, son souci du détail et sa profondeur analytique, plus déstabilisante que rassurante. Anny, plantée sur ses deux pieds, vacillant sans tomber, expirant sans broncher son texte d'une heure pleine, Anny réussit une véritable performance d'actrice. Au théâtre, j'ai toujours souffert pour les comédiens, et cette fois le rôle est à la mesure de mon fantasme. Mémoire, incarnanation (je conserve sciemment mon lapsus), exhibition, la fragilité du théâtre me rend malade, et là je suis soufflé. Si souffler n'est pas jouer, ici c'est du sérieux, d'autant que la comédienne est mise en abyme par son personnage. Derrière elle, sur l'écran, les pas de l'autre sont toujours plus menaçants. "Nouveau théâtre", minimaliste, entier, essentiel, la vie d'une femme.

Du jeudi au samedi à 19h au Théâtre Mouffetard, jusqu'au 30 décembre.