Les fêtes approchent et nous sommes nombreux qui nous en passerions bien. Les enfants et les jeunes adultes sont beaucoup plus attachés aux traditions que nous le sommes. Il suffit qu'un membre de la famille y soit sensible pour que cela déclenche automatiquement une avalanche de contraintes plus vicieuses les unes que les autres. Les "confiseurs" se frottent les mains, c'est le moment d'augmenter son chiffre.
Le pensum commence par la question des cadeaux. Si certains aiment les surprises, en faire comme en recevoir, d'autres font leur liste, adjoignant parfois adresses et tarifs. J'adore offrir, mais toute l'année, lorsqu'une occasion se présente, au gré des balades ou des événements intimes. L'anniversaire est en cela plus proche de mes convictions, chacun, chacune, pouvant devenir le héros d'un jour. À Noël, il devient difficile d'échapper à la folie consommatrice, et cela peut devenir un drame pour les foyers ou individus démunis. Il est toujours possible de confectionner un petit truc charmant avec ses dix doigts, mais là aussi cela peut devenir délirant si la "famille" est nombreuse ! Embouteillages, bousculades, inflation sont le lot du mois de décembre.
Ensuite viennent les acrobaties familiales. Les pressions de rassemblement aboutissent parfois à des rabibochages salutaires. C'est la trêve de Noël. Ces obligations sont parfois salutaires. Mais les familles recomposées, de plus en plus nombreuses, n'en traversent pas moins des drames. Il est impossible de se partager. On fait Noël chez l'un et le Jour de l'An chez l'autre, alors qu'on préférerait souvent passer du temps avec les copains. Après les cadeaux, les tractations de dates et de nombre, il reste la question du menu, et ça recommence. Obligation de s'en mettre jusque là, c'est le trop plein qui donne la mesure de la réussite de la soirée. Il faudra gérer les lendemains de fête. Et je n'évoque pas ici les vacances qu'un peuple entier semble obligé de prendre en même temps.
Pourtant, rencontrer les membres de sa famille, offrir des présents, se réjouir d'être ensemble, sont des moments privilégiés dont il serait dommage de se priver. Mais les fêtes à date fixe m'ont toujours enquiquiné, celles-ci tout autant que le 14 juillet, Pâques, Halloween ou la Saint-Valentin... Ce ne sont que manipulations de masse à but commercial sous couvert de morale sociale et de tendresse canalisée.

Illustration du Post de Norman Rockwell, 28 décembre 1940.