2+4=1
Par Jean-Jacques Birgé, samedi 20 janvier 2007 à 00:23 :: Musique :: #397 :: rss
Mirtha Pozzi et Pablo Cueco étaient jeudi soir au Triton pour un concert exceptionnel avec quatre électro-acousticiens qui manipulaient le son de leurs percussions en temps réel. Cinq Mac entouraient la scène où s'étalaient les objets métalliques de Mirtha et où trônaient le zarb et le cajón de Pablo. Le flegme du barbu répondait à l'excitation enjouée de l'Uruguayenne. Mirtha avait averti que la chose ne se reproduirait pas de si tôt avec les quatre compères qui venaient de participer à l'enregistrement du disque chez Transes Européennes (dist. Buda Musique). Les prochaines représentations se feraient avec un, maximum deux manipulateurs, mais pas tout le ramdam ! Installer cet imposant dispositif est amusant une fois, mais ça devient vite une galère si l'on doit tourner avec. Nous avions donc de la chance de nous trouver là, dans l'agréable salle des Lilas, cosy fans tutti.
À tour de rôle, Christian Sebille (de dos sur la photo), Étienne Bultingaire, Nicolas Verin et Thibault Walter triturèrent le son des peaux, cymbales, ardoises, bings et bongs. Le premier se dandinait sur sa chaise face à son écran, jouant des filtres et de la résonance. Le second, spatialisant la diffusion, fit rebondir les pings et pongs que s'échangeait le couple dans un match gracieux dont le seul enjeu était le jeu. Le troisième s'empara des berimbaos, deux arcs amplifiés jusqu'à l'énorme. Le quatrième s'était muni d'un petit clavier midi pour jouer en contrepoint avec les sons captés par la forêt de microphones. Chaque électro joua avec la même tendresse sans jamais écraser l'acoustique du lieu où se propageaient les ondes des instruments échappés des quatre coins du monde. Se fichant du tiers comme du nouveau, les deux maîtres de cérémonie les réduisirent à se faire battre, cogner, secouer, gratter, pincer, mais aussi caresser, embrasser, aimer. La bande des quatre se constitua quatuor pour un final encore plus improvisé, puisque jamais tenté, pas même en répétition, les six musiciens nous laissant ainsi assis devant le clou du spectacle, festival inouï d'explosions délicates et rebonds stimulants.
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