Françoise s'y connaît en festivités. Il y a trois ans, elle organisa mon anniversaire-surprise avec autant de convives que de bougies. Avec la complicité d'Elsa, elle avait invité mes amis, dont certains venus de très loin, dans l'espace comme dans le temps. C'est resté le plus mémorable de tous mes anniversaires. La pauvre n'a pas de chance avec le bourru que je suis. Incapable de lui rendre la pareille, je n'ai pu que l'emmener en voyage dans des lieux certes idylliques, mais dans des conditions beaucoup moins extravagantes que celles issues de son imagination. Sa dernière ressource est de s'offrir elle-même la fête dont elle rêve, faisant coïncider la date de sa naissance avec une fantastique installation contemporaine.


Françoise se réapproprie son histoire à travers ses films, mêlant fiction et documentaire, recherches d'identité et fantômes extirpés des placards. Ce soir, elle met toute son œuvre en scène dans l'appartement où elle vivait lorsque nous nous sommes rencontrés et qu'elle a entièrement décoré. Avec Annabelle et Olivier, elle a mis ses voisins à contribution, leur demandant de "jouer" leurs propres rôles. Les visiteurs devront suivre un "je" de piste d'un bâtiment à l'autre, comme le numéro qu'elle me fit le 1er janvier 2003, le plus beau jour de l'an de ma vie. J'avais figuré le joker annoncé de son film Thème Je, me voici modèle indirect d'une nouvelle fantaisie.


Je ne peux rien dévoiler de cette folie d'artiste pour laisser à ses invités le plaisir de la découverte. Disons seulement que les écrans pullulent et parfois dans des coins incongrus, que les câbles longent les murs lorsque la wi-fi des webcams ne suffit pas et que la figuration dite intelligente est nombreuse. Le mixage est fonction de la visite. La mise en scène s'efface devant l'improvisation. Le Ciné-Romand est en place, n'attendant plus que la nuit pour commencer.
Bon anniversaire, mon amour !


Les deux premières images du feuilleton-mail sont de Françoise Romand, la troisième d'Aldo Sperber.