Aux feux rouges, les cyclistes qui traversent la capitale s'échangent des remarques printanières sur la beauté des choses. Arrivé à Radio France, Bruno Letort m'interroge pour Tapage nocturne au sujet de mon nouveau cd avec Houellebecq (diffusion sur France Musiques jeudi soir à minuit). Je profite du soleil pour aller faire des emplettes. Françoise m'emmène au Mouton à cinq pattes acheter des pantalons aux couleurs vives comme de jolis fruits pour trois francs six sous : orange, vert pomme, jaune citron. Je trouve l'intégrale d'Edith Piaf en 20 cd pour un prix ridicule, mais je suis stupéfait qu'aucun nom d'auteur ne figure nulle part sur le coffret édité par EMI. Par contre les galettes sont superbes, noires comme les anciens disques en bakélite ou en vinyle...
Le soir, nous sommes invités chez Chantal et Bruno Latour "à partager nos expériences d'artistes et de chercheurs autour d'un plateau de fromages et de vins". Olivier Vallet présente le travail de la compagnie des Rémouleurs (image ci-dessus), marionnettistes et montreurs d'ombres. Chacun raconte ses prochains spectacles et ses projets. Tout ouïe, nous échangeons quelques vues. Il est question de l'effacement du cadre. L'ambiance est sympathique, nous faisons des découvertes. Après Iconoclash et Making Things Public au ZKM, Bruno aborde le sujet de sa prochaine exposition intitulée Bifurcation. De son côté, Chantal Latour anime aussi avec Omer Corlaix les soirées de l'Appart, un club de rencontres entre compositeurs et interprètes. Ces salons semblent d'un autre siècle, mais est-ce le XIXème ou le XXIIème ?
Tard dans la nuit, nous grimpons vers chez nous en passant par notre itinéraire préféré à bicyclette. Nous évitons la montée Père Lachaise Gambetta en empruntant la rue Oberkampf, puis à droite et à gauche en baïonnette vers la rue des Panoyaux que nous suivons jusqu'à l'escalier qui mène rue Sorbier pour déboucher Place Martin Nadeau. Il suffit de pousser le vélo le long des marches et le tour est joué. À Pelleport, nous roulons sur le trottoir pour prendre la rue du Surmelin, qui est dans le mauvais sens, jusqu'à la Porte de Ménilmontant ; nous sommes presque arrivés.