Gros succès pour le deuxième et dernier samedi du Ciné-Romand à Barbès.
Aldo Sperber prend une nouvelle série de superbes clichés (publiées sur ce blog dès demain mardi ; en attendant je m'y colle) tandis que Françoise Romand filme les réactions de ses invités à son installation qui s'étend cette fois dans plusieurs bâtiments de l'immeuble, avec visite du labyrinthe souterrain et remontée par le fragile monte-charge vers les chambres de bonne donnant sur le Sacré-Cœur et la Tour Eiffel... Derrière la porte de l'une d'entre elles se joue le polar Passé-Composé. En dessous, dans l'entrebâillement d'un rideau, on aperçoit Thème Je projeté sur un mur. Tout cela a été inventé et monté par Françoise pour présenter ses œuvres dans leur globalité en les insérant dans une installation théâtrale qui rappelle ses méthodes de travail et son regard original sur la vie. Pascale Labbé parle d'une mise en relief (de relier et de réel), Annie Gentes de glissement, Sarah Badet d'érotisme du voyeur, Agnès Delauche du "fantasme accompli d'être le passe-muraille", Blandine Stintzy d'un moment de fiction pour de vrai, nombreux disent être ravis d'avoir rencontré des "vivants"...


Lucille Hadzihalilovic, Françoise Romand, Atom Egoyan, Arsinee Khanjian, Anny Romand, Marie Debray, et devant, Philou et Karim Mahiout. Ma pomme (verte) en contrechamp. Devant l'afflux des visiteurs, les guides, beaucoup plus nombreux que la semaine dernière se chamaillent en rigolant pour être du prochain voyage. Patrice, Annabelle, Olivier, Adriana, Philou, Pascale, Romina, Chloë, Anny, Olivia se repassent discrètement les quatre doubles des clefs de la cave pour garder la surprise intacte.


Un vendredi soir noir de monde, Marie qui venait juste d'adopter Éole l'a emmené en voiture de Barbès à Bastille, et il s'est perdu. Les chances de le retrouver étaient quasi nulles. Le lendemain matin, devant sa porte, elle retrouve Éole qui est revenu tout seul sur ses quatre pattes ! Mathieu Potte-Bonneville et Franck Vigroux attendent l'ascenseur tandis que d'autres visiteurs arrivent. Franck oubliera son sac dans le grand salon, mais il n'aura aucune chance de le retrouver devant sa porte le lendemain matin. Nous le rassurons par mail dès que nous rentrons à Bagnolet.


Depuis 14h, Louisette et Léon jouent à la canasta avec Giselle et Raymonde. Ils tiendront jusqu'à la clôture, à 23h ! Sur l'écran, Anne Jacquemin et Florence Thomassin interprètent la comédie de Françoise, Vive Vertu et Vice Versa. Giulia et Michel reçoivent Caroline, Nathalie et Andrew. Les acteurs du réel jouent leurs rôles sans faire attention aux visiteurs qui traversent leurs appartements en faisant preuve d'une grande discrétion. Maxime, quatre ans, joue le jeu de ne pas dire bonjour aux visiteurs, mais il fera tout de même un petit signe à la jeune Alma. Caroline Rossignol et Yiyao Yang, croisant trois locataires qui montent un imposant canapé par l'escalier de service, demandent à leur guide si c'est prévu dans le scénario ! Idem pour la panne d'ascenseur dans l'obscurité de la cave où Patrice, qui guide Pierre Nicolas Combe du Cinéma L'Entrepôt et ses amis, leur fait croire que tout est prévu…


Jean-Denis Bonan et Anny trinquent dans la cuisine devant le pâté de foie, les tartes aux épinards et le mezzé libanais. Les webcams sans fil installées par Philippe Ramelet montrent Philou, Olivia Ekelund et des vues des autres appartements. Un moniteur trône face à la cuvette des cabinets, l'autre est dans le salon. Raymond Sarti (j'ai raté la photo) parle de l'étonnante inversion des rôles, les postes de télévision semblant refléter la réalité tandis que les scènes vécues donnent l'impression que nous sommes des personnages de fiction. Tous poussent Françoise à continuer dans cette direction, "c'est le genre d'installation rêvée pour les Nuits Blanches."



Devant la porte d'entrée, posent Agnès Delauche et Maÿlis Puyfaucher (la voix française de Nabaztag), puis Karine Lebrun et Sacha Gattino, tous deux très chics en Issey Miyaké dont Sacha continue à sonoriser les défilés. Suivent deux couples mère-fille, Pascale Labbé et Mathilde Morières, Anny Romand et Adriana Santini.



À gauche, Patrick Gufflet, directeur du Théâtre Paris-Villette où Françoise créera cet hiver ''Peep-Chat", spectacle mêlant théâtre et Internet, et les frères Goeury... En bas à gauche, les guides, Patrice Pujol et Chloë Ramet, et derrière, Adriana et Annabelle, attendent que les groupes remontent pour accompagner les nouveaux arrivants. Pendant qu'Aldo, assisté de Mina, règle son temps de pause, Cathy Chauvet lit les alexandrins que Dominique Martin vient d'écrire sur le livre d'or. Les témoignages ne sont pas tous décryptables. Certains sont en arabe, en chinois, en arménien ou en thaï ! Agnès Varda y a écrit "De passage parmi des gens et des écrans, j'ai eu le plaisir de grapiller des grains en grappes, des bouts de films, des pousse-à-revoir-en-entier..." Beaucoup, comme Marine Leys, écrivent que "ça donne le sourire", Philippe Demontaut qu'il rentrera désormais dans son appartement autrement, Chloé Abittan évoquent les deux côtés de l'écran...



Dans l'entrée, Antoine Schmitt, Chloé et leur fille Alma qui trouvera dans le décor de Françoise de quoi exercer ses talents de coureuse à pieds, font face à Camille Delamarre, Patrice et Mathilde. Annie Gentes compulsant le dossier de presse raconte qu'elle a l'habitude d'échanger son appartement pour les vacances. C'est rentrer dans l'intimité des gens en leur absence, avec un mode d'emploi. Elle trouve beaucoup de similitudes avec l'installation du Ciné-Romand. En bas à droite, Maguy Alziari, Don Siegel et Sophie Erkelbout...


Yann-Yvon et Elsa jouaient la veille au Cabaret Sauvage avec Le vrai-faux mariage, filmé par Elsa Dahmani pour un album de La caravane passe. Le film sera composé de captations du spectacle et d'une partie fiction tournée à Plèchti même ! Dans le miroir, on m'aperçoit prenant la photo à côté d'Elsa, Didier Silhol et Philou. Isabelle et Didier nous aideront à charger tout le matériel dans l'Espace. Il est quatre heures quand nous allons nous coucher.
Françoise a réussi son pari. Elle a adapté l'imaginaire de ses films à la réalité et fait basculer les visiteurs dans une fiction 3D temps réel, j'ajouterais (comme on disait lorsque j'étais enfant) en chair et en os ! Si le titre n'avait été utilisé par un autre rêveur, cela pourrait s'appeler naturellement De l'autre côté du miroir sans que l'on sache quel est l'original et son reflet. En présentant la majorité de ses films et en les insérant dans un dispositif scénographique et participatif, Françoise montre que son œuvre ne peut se réduire à un seul support (le cinéma ou la télévision) et qu'elle s'adapte parfaitement à toutes les transpositions, éclairant ainsi sa démarche et affirmant ses choix.