On dit que d'abord il va faire chaud, puis qu'un jour il fera beau. L'instabilité de la météo offre des surprises, volte-face soudaines et inattendues. Cela ne me déplaît pas. Rien n'est éternel, rien n'est immuable. Pourquoi se plaindre du temps ? Tous les climats ont leurs avantages et leurs inconvénients. Mais si "il n' y a plus de saisons" ?
Lorsqu'il pleut, je pense aux cultivateurs, je reste à la maison ou j'enfile ma cape imperméable pour chevaucher mon vélo pliant. S'il pleut trop, je ne bouge plus, ça me calme ! Le soleil donne le sourire, mais je suis plus souvent qu'on ne le croit dans la lune et il ne me voit pas. Qu'il m'attende, le temps que j'émerge de mon laboratoire... On sait bien que les beaux jours reviendront, pluie ou soleil. Pas de catastrophe. Je regarde souffler le vent tant qu'il plie les hauts bambous à l'horizontal, Scotch se fait dorer le poil au soleil, je n'ai pas besoin d'arroser, la neige rappelle l'enfance, le tonnerre ravit le musicien...
En 1999, la tempête a emporté la cheminée. Ses cent kilos sont tombés dans le chemin de terre, à quelques mètres de mon voisin qui s'était réveillé plus tôt que moi. Je débouche régulièrement l'évacuation du jardin et les gouttières pour ne pas reproduire d'inondation. J'entretiens la chaudière. J'ai des ventilateurs. Si j'en ai marre, je change d'atmosphère ou d'hémisphère. Nous grimpons dans la montagne lorsque la canicule terrasse les habitants de la vallée. Tant que j'aimerai le temps, il se laissera apprivoiser et je vivrai. Ici aussi j'applique la formule de Cocteau énoncée par Phono Un dans Les Mariés de la Tour Eiffel : "Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur..."