Sur son Glob, Jean Rochard publiait hier un billet intitulé Rendez-vous à l'enterrement de la liberté d'expression suscité par l'annulation, par la chambre criminelle de la Cour de cassation, de la décision de la cour d'appel de relaxer Mohamed Bourokba, dit Hamé, du groupe La Rumeur (page de Wikipédia détaillant toute la procédure), inculpé pour "diffamations publiques envers la police nationale". Ce délire rappelle la condamnation du livre Tous coupables sauf que, cette fois, le Président de la République s'acharne personnellement contre un artiste. La Cour de cassation a l'habitude de juger la forme, pas le fond, c'est très inquiétant !
Pendant ce temps, le garde des Sceaux Rachida Dati se désolidarise de ses deux frères inculpés pour trafic de stupéfiants. Récidiviste, Jamal Dati écoperait d'une lourde peine sous le coup de la loi des peines plancher promues par sa charmante sœur dont les collaborateurs démissionnent les uns après les autres à cause de son autoritarisme. Des fonctionnaires du Ministère de la Justice qui n'ont pourtant pas été débauchés du Parti Socialiste ! Son autre frère, Omar Dati, n'est accusé que pour quelques centaines de grammes de hasch... Mais je suis mauvaise langue, la solidarité s'exerce pleinement puisque la Licra et SOS-Racisme se sont portés au secours de Rachida Dati qui "paie, dès son arrivée, le prix fort d'être la première personne issue de l'immigration maghrébine à accéder à une telle responsabilité gouvernementale".
Il serait maladroit de diaboliser Nicolas Sarkozy qui n'a encore pas fait grand chose si ce n'est une excellente opération médiatique allant de paire avec l'anéantissement du Front National, du Parti Socialiste et des velléités des jeunes loups de son propre parti. Pourquoi être brutal lorsqu'on peut faire cela en douceur et avec le sourire ? C'est tout de même plus élégant qu'une nuit des longs couteaux ou deux tours qui coûtaient une fortune à ses propriétaires, non ? Il faudra attendre prudemment la rentrée et le prochain cabinet pour constater les ravages de sa politique et ce qu'il reste de ses promesses qui, pour nombre d'entre elles, on préférerait qu'il ne les tienne pas.
Comment s'opposer à cette vague conservatrice et réactionnaire si l'opposition reste divisée ? Il paraît que la jeunesse est de plus en plus sarkoziste, mais la gauche l'a fait-elle encore rêver ? Les nantis de l'Europe ont émoussé toutes les utopies. La démocratie bourgeoise est au comble de son cynisme. Ceux qui condamnent mai 68 aimeraient effacer quarante ans d'histoire, revenir avant... Cela se fait couramment. L'occident est à bout de souffle, le reste du monde est sur les genoux. Alors, si la révolte vient de l'extérieur, il semble urgent de voyager.

Photogramme d'Un chant d'amour de Jean Genet