"Comment peux-tu acheter des trucs pareils ? Toutes mes copines regardent ça ! Cela m'étonne de toi ?" Euh, ben, justement, il faut souvent mieux aller voir par soi-même pour savoir de quoi ça retourne. J'ai bien regardé dix minutes de Loft, un Journal de 20 heures chaque année (pas en entier, j'ai craqué avant la fin), quelques spots de pub tous les trois ans, j'ai même lu une rumeur sur la femme de Napoléon IV jusqu'au bout... Alors ! Les grosses machines qui font de l'audience ne sont évidemment pas toutes du produit formaté et le cinéma d'art et d'essai recèle plus d'une boursoufflure prétentieuse. Il fut un temps où le cinéma populaire et le cinéma d'auteur n'étaient pas parqués chacun dans son pré, mais fusionnaient allègrement pour le bonheur de tous. Les découvertes sont passionnantes tant que la critique peut s'exercer, elles sont même recommandées.
Les vingt trois épisodes de la saison 1 de Heroes (site français), d'une durée totale de plus de quinze heures, constituent un des meilleurs films de science-fiction qu'il m'ait été donné de voir, probablement parce qu'il ne se cantonne pas au genre, mais croise références psychanalytiques, mise en garde politique et rêves de paranormalité de l'adolescence. La qualité exceptionnelle du scénario évoluant au fil des chapitres nous plonge dans un monde où l'impossible est le réel. Notre actualité brutale et ignominieuse montre que plus le mensonge est gros, mieux ça passe dans l'opinion : la vérité est intolérable ! En faisant attention de ne rien dévoiler du scénario, je suggérerai seulement que la multiplication des personnages est intrinsèque, qu'aucun d'eux n'est entièrement ni bon ni mauvais, que les liens filiaux sont le nerf de la guerre et que la génétique expliquerait bien des choses. Les effets spéciaux n'étouffent en rien le propos et la bande dessinée y gagne de belles lettres de noblesse. Heroes, feuilleton stupéfiant et addictif, propose suffisamment de niveaux de lecture pour plaire à des spectateurs très variés, même si le message est clair : sauvez le monde ! Avec en bémol des références explicites au complot qui perd chaque jour son statut de théorie, comme l'exprimaient déjà les scénaristes de la cinquième saison de 24 heures chrono. Méfiez-vous des puissants qui prétendent sauver le monde ! Ils le détraquent souvent pour prétendre venir à son secours ensuite... Vieille tactique...

Notes :
La musique est signée par Wendy Melvoin et Lisa Coleman, les Wendy et Lisa qui accompagnaient Prince, et Linderman est joué par Malcolm McDowell qui tenait le rôle principal d'Orange mécanique.
La seconde saison est actuellement diffusée en V.O.D. par TF1 le lendemain de la diffusion américaine de chaque épisode, mais j'attendrai le coffret DVD, plus agréable à suivre tant l'intrigue est parfois complexe...