Y a pas photo, je suis encore de traviole ce matin. S'il est une chose qu'il faut éviter, c'est un effort en sortant d'une séance d'ostéopathie. Rien de mieux pour se coincer le dos, de la façon la plus spectaculaire qui soit. Lorsque je me fais mal, ma colonne vertébrale dessine une forme en baïonnette, position antalgique mémorisée par le corps pour éviter de souffrir. C'est à ne pas croire, le tronc ne semble plus en face des jambes ! Si je m'y prends à temps, je peux l'éviter en prenant rapidement deux Di-Antalvic. La crainte d'avoir mal et le rééquilibrage de la pyramide de cubes en os produisent de multiples déplacements depuis le sacrum jusqu'à l'occiput. Si les analgésiques ne suffisent pas, je passe au Bi-Profenid, anti-inflammatoire puissant qu'il faut ingurgiter durant cinq jours. Mais le mieux est de faire ce qu'il faut pour ne pas en arriver là !
Depuis une dizaine d'années, chaque matin en me levant et chaque soir avant d'aller me coucher, quel que soit mon état de fatigue, je fais trois exercices salvateurs qui m'ont été astucieusement soufflés par le bon Docteur Mussy. Depuis, je ne m'écroule plus jamais à quatre pattes avec un grand cri japonais. Lorsque je dois voyager longtemps assis, rester debout pendant des heures ou porter quoi que ce soit de lourd, j'entoure mon ventre d'une gaine élastique qui le soutient. Les chaussures qui épousent la voûte plantaire sont également d'une aide certaine, sehr gut ! Plier les jambes quand on se baisse fait partie des conseils de base. Mon état n'a hélas rien de psychologique (du style "j'en ai plein le dos"), la radio et le scanner ayant montré une jolie hernie discale et trois vertèbres écrasées.
Je me suis probablement esquinté lorsque j'avais 18 ans à porter ma sono dont les éléments mesuraient 1,80m et pesaient chacun 60 kilos. À cet âge-là, on se remet vite, mais les séquelles apparurent lorsque j'en eus 31. Une nuit, à quatre heures du matin, nous terminions de jouer avec le Drame, j'ai voulu débrancher un jack derrière mon PPG et je me suis coincé en torsion. Les années qui suivirent, j'ai vu des kinés, puis des ostéos les plus zélés, mais rien n'a valu de me prendre en charge moi-même. Depuis dix ans, je souffre beaucoup moins qu'avant. J'ai appris à gérer mes faiblesses. C'est une consolation. Le corps se déglingue petit à petit, mais plus on vieillit, mieux on apprend à vivre avec, et la vie est plus douce.