Les us et coutumes changent avec le temps. Depuis de nombreuses années, comme j'ai pris une dizaine de kilos (je fus fluet), j'évite de manger du pain, du moins du blanc, privilégiant le complet lorsque je cède à la tentation et au besoin d'accompagner du fromage ou une charcuterie, par exemple. À la lecture de ce choix, on sera tenté de rigoler côté diététique, mais ce n'est pas la peine d'en rajouter. Lorsque j'étais enfant, il m'arrivait de me plaindre d'avoir encore faim, d'avoir toujours faim. Mon père me reprochait alors de ne pas pousser avec du pain, d'où le récurrent "sans pain ? Bah, mon cochon !" Nos parents ayant d'une part connu la guerre et les privations qui l'accompagnent, la situation économique de la famille n'étant d'autre part alors pas très fameuse, le pain était une solution bon marché pour caler nos estomacs. La phrase m'est revenue à l'instant de m'endormir après un copieux réveillon que j'avais eu la prudence d'anticiper en avalant un citrate de béthaïne et en évitant ensuite d'approcher la main de la corbeille à pain posée juste devant moi.