Lorsqu'on écrit une chanson, se pose toujours la question de savoir si l'on écrit les paroles ou la musique en premier. Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Alain Bashung a l'originalité de mener les deux de front, mais pas ensemble. Il accumule du matériau, et cherche souvent ensuite à rapprocher les unes des autres. Quelles paroles sur quelle musique, quelle musique sur quelles paroles ? Pour ce faire, il bosse l'articulation qu'il soigne plus que n'importe quoi. Il y a là un véritable travail d'interprétation.
Pourtant, je suis déçu par Bleu Pétrole. Le dernier Bashung est sympa, mais pas de quoi grimper au rideau. La voix est belle, mais les mélodies et les orchestrations banales. Je ne suis pas friand de Gaëtan Roussel (des groupes Louise Attaque et Tarmac) qui écrit la plupart de l'album et les reprises de Suzanne de Leonard Cohen ou d'Il voyage en solitaire de Gérard Manset (qui participe aussi à Bleu Pétrole sur Vénus, Comme un Lego et Je tuerai la pianiste) ne sont pas à la hauteur des originaux voire même de la reprise du tube de Manset par Cheb Mami en son temps. Je réécoute les albums Play Blessures, Osez Joséphine, Chatterton, mais c'est vrai que cela fait déjà quinze ans ! J'avais adoré les live du cd Confessions Publiques et du dvd de La tournée des Grands Espaces, mais, que voulez-vous, j'ai chroniquement besoin d'être surpris...
Le logiciel Opendisc présent sur le cd donne aussi accès à des bonus sur Internet, mais pour l'instant rien ne fonctionne encore correctement... Si vous cédez à la tentation, cela se comprend parce que le disque s'écoute tout de même avec plaisir, optez pour la version de luxe qui comprend un magnifique livret et un dvd pour seulement quatre euros de plus. Comme avec Radiohead, l'objet est le meilleur rempart contre le piratage...