Amusants, révoltants, instructifs, les petits sujets fleurissent sur la Toile. Certains inondent nos boîtes aux lettres de vidéos glanées sur YouTube ou les épinglent sur les Murs de FaceBook, d'autres diffusent des diaporamas compilés sur PowerPoint, souvent le seul usage que les lecteurs feront de ce logiciel imposé avec Word et Excel par Microsoft dans sa suite bureautique.
Ces brèves remplacent les dessins humoristiques illustrant les feuilles de chou que sont devenus les quotidiens, ressemblant de plus en plus au vide des actualités télévisées. L'information est-elle devenue paresseuse ou le décervelage est-il lié au rapt dont la presse française est victime, tombée entre les mains des marchands d'armes ? Les deux, probablement. Ça respire l'ennui. Les journalistes transmettent leur piteuse mollesse d'âme à une population anesthésiée. Ils ne se foulent pas trop, recopiant sans vergogne car sans citer leurs sources, les news de sites pointus. Ainsi je m'aperçois que le site ecrans.fr de Libération reprend systématiquement, deux jours plus tard, des trucs glanés sur Poptronics comme le Journal de France 2 se conforme étrangement aux articles publiés par Le Parisien.
Si les blogs ont du succès, c'est qu'ils réagissent souvent à cette langueur monotone en s'emballant et s'entichant... Les curieux, les têtes chercheuses, les spécialistes, les amateurs y trouvent leur compte. Creuser un sujet exige une googlisation immédiate. Notre inextinguible soif de savoir nous fait plonger dans cette toile aux dimensions planétaires, le www (world wide web), mais on s'y abîme les yeux à déchiffrer autant de caractères sur nos écrans rétro-éclairés. Les petites vidéos potaches évoquées au début de ce billet apportent une distraction nécessaire, puisqu'il semble que nous soyons incapables de lever notre nez pour focaliser un point lointain, l'horizon volé à notre regard, de l'autre côté des vitres, là où la vie n'a rien de virtuel, même et surtout si la mort y est programmée, celle des utopies pour commencer, celle de l'Histoire qui risquerait de donner des idées de révolte à des jeunes qui n'ont rien et à qui rien n'est proposé d'autre qu'un désert. Le sourire reste un acte de résistance.