Incroyable, alors que le Third de Portishead, onze ans après leur précédent, est annoncé pour le 28 avril, des sites de téléchargement le livrent déjà aux pirates de la Toile ! La fuite semble venir du Portugal où le groupe de Bristol a commencé sa tournée européenne (ils joueront les 5 et 6 mai au Zénith à guichet fermé). À moins qu'elle ne soit tout simplement un coup de marketing comme l'industrie des logiciels en a l'habitude, le buzz profitant plus à la promotion que la perte des ventes. En effet, loin de lui porter préjudice, cet avant-goût en mp3, pâle reproduction liée à la compression, donne furieusement envie de le pré-commander pour jouir de toute la puissance de l'original. Le site du groupe propose également un coffret en édition limitée de 2 LP et 1 clef USB incluant 5 films en plus des 11 titres.


Dynamique impressionnante, explosion de timbres, rythme infernal, le nouvel album de Portishead (prononcer "portis-head" avec un h aspiré) est un concentré de rage qu'effleure la voix toujours aussi envoûtante de Beth Gibbons. Jamais aucun de leurs disques ne fut aussi brutal, la tendresse dépressive attaquant l'acier bleu en une entêtante oxydation. Les synthés sont gras, les guitares saturées quasi héroïques, les percussions plus dignes des Temps Modernes que des ratés tribaux du dernier Björk. Leur trip-hop a accouché d'un grand disque de rock et le vertige qu'il procure donne envie de pousser le volume à fond pour en faire profiter tout le quartier.