Quand j'étais petit, ma grand-mère me gardait le jeudi. À table, mon grand-père nous versait un peu de vin rouge dans l'eau fraîche et, en fin de repas, nous avions le droit de tremper un sucre dans sa tasse de café. On appelait cela un canard, probablement parce qu'on l'enfonce intégralement dans le liquide bouillant et qu'on l'en ressort immédiatement. J'aime toujours le petit goût du vin dans l'eau fraîche lorsque j'ai très soif. On pourrait le remplacer par une giclée d'un bon vinaigre, comme du temps des Croisades où le vin était intransportable... Les treize petits qui viennent de naître ne connaissent pas encore le goût du vin, ni celui du café. Leur maman les protège, car il est trop tôt pour boire la tasse. Lorsque les canetons seront en âge de nager, Jean-Claude les donnera à des copains. Récemment, l'un d'eux en a relâché trois dans le port de La Ciotat, près des cafés qui bordent la jetée à deux pas du bord de mer qu'on appelle justement la Tasse.