Bon d'accord, je vais dire du bien d'un magazine bimestriel auquel je coopère régulièrement... À chaque numéro, j'écris quelques mots sur des disques qui m'ont accroché, j'envoie un coup de projecteur sur un album qui m'a particulièrement remué et parfois je rédige la chronique d'un dvd. J'essaie d'élargir le champ du canard qui est déjà grand ouvert. Les articles de fond abordent souvent les années 70, avec nombreux dossiers consistants sur des musiciens inventifs parmi lesquels le rédacteur en chef, Frédéric Goaty, a des chouchous comme Prince, Led Zeppelin, Frank Zappa, Björk, Stevie Wonder ou Jimi Hendrix. J'ai défendu, sans que ça coince, des trucs improbables dans un magazine de musique populaire, tels les films des Straub sur Arnold Schönberg, celui de Greenaway sur John Cage ou d'Elsa Dahmani sur Le Vrai-Faux Mariage de La Caravane Passe, les entretiens d'Edgard Varèse, les disques de Michel Magne, Scott Walker ou Steve Nieve... J'essaie surtout d'évoquer des trucs pas évidents ou qui risquent de passer à la trappe faute de budget promo suffisant.
Le numéro 14 qui vient de sortir est divisé en trois grandes parties, un dossier sur Serge Gainsbourg, un autre sur le rock progressif, réuni par Anne Ramade, pour lequel j'ai interviewé le camarade et "petit fils Ubu" Robert Wyatt, et la section "blogs" où, les uns et les autres, nous faisons partager nos coups de cœur (les nouveautés exclusivement) aux nombreux lecteurs. Ce qu'il y a de sympathique ici, c'est que Muziq ne parle que de ce qu'il aime et évite de dégommer les trucs qui l'ennuie. On est loin des donneurs de leçons qui sévissent dans la concurrence... Puisqu'ici nous sommes entre collègues ! Comble de l'affaire, il y a pourtant de quoi apprendre : je ne connais souvent pas la moitié des artistes et des disques dont parlent les autres chroniqueurs. La plupart sont des puits de science et certains d'entre eux d'excellentes plumes. Je me demande comment ils font.
Comme je lis souvent les quotidiens dans mon bain et les revues au cabinet, mon système de référence pour juger de la qualité d'une publication et de la quantité d'articles à lire est le nombre de cacas. Un truc qui me tombe des mains fait un caca. Un journal sérieux me tient bien une semaine. Le Monde Diplo est inépuisable sans avoir une intoxication alimentaire. Muziq fait partie de la seconde catégorie, on peut y rester une heure, ce qui est, somme toute, assez rare ! J'aurais pu d'ailleurs appeler ce billet "Comment allez-vous ?" puisque étymologiquement c'est de cela qu'il s'agit, la fin de la phrase étant "... à la selle". Et bien, ces jours-ci j'y vais avec Muziq et c'est passionnant.