Depuis quelques jours, Scotch était tout penaud. Il ne sortait presque plus, restait allongé sur le lit ou le carrelage du matin au soir et du soir au matin. La vétérinaire avait dû lui enfiler une colerette pour lui éviter de se lécher l'arrière-train. Notre chat s'est fait piquer par un insecte, abeille, guêpe ou puce, à un endroit très délicat. Cortisone, antibiotique, puis nettoyage à l'alcool à 70°, bétadine iodée et pommade, deux ou trois fois par jour. Il miaule doucement, mais se laisse faire. C'est pathétique. Il marche la tête basse, raclant le sol avec son costume en plastique, rasant les murs. Son accoutrement lui permet-il d'écouter les sons du monde avec plus d'acuité ? Il entend le moindre lézard, les ailes du papillon, une feuille qui tombe du platane, mais il reste plaqué au sol, engoncé dans son carcan. Quelle ne fut pas sa joie lorsque nous lui avons enfin ôtée !
Contrairement aux idées reçues, nous apprenons que l'on appelle puces du chat les puces des hommes et qu'elles peuvent se passer à tout le monde contrairement à celles du chien. Heureusement Scotch n'en a pas. Il ne manquerait plus que ça. Nous espérons lui enlever sa fraise Henri III avant le voyage en train pour lequel Rose nous a donné un panier solide, ses huit kilos ayant eu raison du précédent, pardon, 7kg800, il faut bien que les vacances servent à quelque chose. Par solidarité, j'ai arrêté le fromage, les laitages, les graisses cuites, la charcuterie. J'ai appris que j'avais un peu trop de cholestérol. Voilà ce que c'est d'abuser des bonnes choses ! J'attendais une bonne occasion pour perdre quelques kilos, mais je refuse d'enfiler des moufles pour ne pas me gratter la tête lorsque je réfléchis à mon nouveau régime... Cela ne fait pas rire le chat. Celui-là est gentil, mais il n'a jamais eu aucun humour.