En revenant d'une baignade en mer, nous nous sommes amarrés le long du Barbe d'or, le bateau de Gérard Carrodano (au centre sur la photo), ex-vice champion du monde de chasse sous-marine reconverti en pêcheur de poissons vivants. C'est d'ailleurs le nom de son site et c'est par Internet qu'il communique avec ses clients, aquariums privés ou publics. Le téléchargement du reportage tourné par France 3 est riche d'enseignement, mais pas autant que la visite de ses grandes cuves remplies des poissons qu'il a remontés palier par palier, pour leur permettre de décompresser. Il faut 48 heures à certaines espèces pour faire les 30 mètres qui les séparent de la surface, sinon leur vessie natatoire explose ou leurs viscères sont endommagés. Gérard leur permet de retrouver un équilibre avant des les expédier en UPS à travers l'Europe. Le palangre et la grande épuisette sont ses outils, mais il a inventé tout un système de bonbonnes pour faire remonter doucement les poissons. Il sait aussi crever la vessie natatoire sans les blesser et à la surface, il leur prodigue tous les soins nécessaires (antibiotiques, etc.) pour les déstresser et leur faire accepter leur nouvel environnement. À chaque espèce correspond un traitement particulier.


Gérard nous montre comment il caresse barracudas et murènes comme tous ceux qu'il a apprivoisés. Si certaines grosses pièces ne trouvent pas rapidement preneur, il les relâche plutôt que de s'en faire un petit frichti. Il a élu domicile dans un des baraquements containers au bout du quai de la Ciotat où il vit parmi ses oursins crayons, ses gigales de mer, ses poissons soldats, ses mendoles, ses grondins perdons (photo de l'animal qui déploie ses nageoires bordées de turquoise dès que l'on passe la main au-dessus de lui), ses chiens et les canards que Rosette et Jean-Claude lui ont donnés pour animer le port. Lorsque j'avais fait de la plongée aux Antilles, j'avais découvert ce monde fabuleux du fond des mers, jardins extraordinaires dont les habitants sont joueurs, tendres et libres.