Même de dos, la cane me surveille du coin de l'œil. Elle a surtout du mouron à se faire pour protéger ses onze canetons contre leurs cinq aînés qui ne rêvent que de les noyer. La mère canard y va du bec sans hésitation, elle pince et leur vole dans les plumes. Au milieu de la nuit, on entend parfois un grand plouf. Pas d'angoisse, tout le monde se jette à l'eau en attendant que le matou soit passé. Le jour, toute la marmaille court dans l'herbe pour gober les insectes ou creuser les tomates. Lorsque leur bac à grains est vide, les grands caquètent, les petits piaillent. Difficile de prendre une photo qui ne soit pas floue, les petits s'activant sans cesse par mouvements tremblés. Nous quittons ces scènes bucoliques pour le train à grande vitesse et la flotte sans sel du bassin parisien.