En butinant dans les terrains vagues mondialement étendus, je tombe sur quatre films exceptionnels sur les Black Panthers, "mouvement révolutionnaire afro-américain formé aux États-Unis en 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton qui a atteint une échelle nationale avant de s'effondrer à cause de tensions internes et des efforts de suppression par l'État, en particulier le FBI (efforts qui comportaient des arrestations et l'agitation de factions rivales via des infiltrateurs). L'organisation est connue pour son programme «Free Breakfast for Children», l'utilisation du terme « pigs » (cochons) pour décrire les agents de police ainsi que pour avoir apporté des armes à feu à l'assemblée législative californienne" (Wikipédia).
Huey P. Newton Story est un one man show de Spike Lee tourné pour la télévision en 2001 avec Robert Guenveur Smith dans le rôle titre. La performance de l'auteur-comédien est à couper le souffle, pour peu que l'on arrive à suivre son flow impressionnant (la version projetée étant en anglais sans sous-titres), jeu de jambes, effets de fumée, accent louisiannais, scansion de rappeur, mélodie en sous-sol. L'action se passe aujourd'hui, sur une scène entourée de grillages derrière lesquels le public porte des bérets noirs. Soutenu par une mise en scène étourdissante, un montage astucieux et une partition sonore formidable de Marc Anthony Thompson, le passé et le présent se croisent avec une maestria qui redonne son actualité aux revendications et plonge notre époque dans l'abîme, comme le personnage réfléchissant lui-même l'histoire de cette révolte, affirmant que l'on obtient rien sans combattre (Urban Works, zone 1). L'extrait ci-dessus est un montage indépendant, essentiellement d'après le film d'1h25 de Spike Lee.
En 1995, Robert Guenveur Smith avait déjà un petit rôle dans le Panther de Mario Van Peebles contant la fondation et la chute du Black Panther Party for Self Defense à Oakland, Californie. Plus classique, le film, écrit par son père, le célèbre réalisateur Melvin Van Peebles, mêlant, comme il se doit, gangster et politique, permet de comprendre la genèse de cette étonnante saga (Polygram, difficilement trouvable actuellement sans payer un prix prohibitif).


The Murder of Fred Hampton de Howard Alk et Mike Gray est un documentaire de 1971 sur l'assassinat à Chicago d'un militant de 21 ans par la police de l'Illinois de 99 balles alors qu'il dormait dans son lit et "achevé" de deux balles dans la tête tirées à bout portant ! Ce film "historique" revient sur l'année qui a précédée et suit l'enquête sur le meurtre démontrant les mensonges des "porcs" (vendu par Arte Vidéo en même temps que American Revolution 2).
Enfin, bien que ce ne soient pas les seuls films traitant des Black Panthers, on trouvera sur l'incontournable coffret Tous Courts d'Agnès Varda, le moyen-métrage Free Huey! tourné en 1968, bon complément documentaire à la pièce filmée par Spike Lee. Ce double dvd (Ciné-Tamaris) est un coffre aux trésors, absolument indispensable, pour découvrir cette artiste majeure, trop souvent reléguée à un rang subalterne derrière les autres metteurs en scène de la Nouvelle Vague qu'elle a pourtant initiée avant tous, machisme oblige !
Quant aux leçons à tirer de l'histoire des Panthers, elles sont nombreuses et pourraient être fort utiles lorsque les lois scélérates du Patriot Act mises en place par le gouvernement Bush vont commencer à entrer en vigueur, dans les faits, comme ce week-end avec l'intrusion délirante de la police de St Paul, Minnesota, dans la permanence anarchiste du RNC Convergence Space. Cela rappelle fondamentalement les exactions des années 60 contre la communauté noire ou le début des années 20 contre les ouvriers... Depuis le 11 septembre 2001, il y a péril en la demeure, mais de quel terrorisme est-il question ? D'un fantôme à barbichette ou d'une mafia pétrolière prête à tout pour conserver le pouvoir et assoir son autorité sur le reste du monde ?