J'ai choisi cette image avec la plus grande mauvaise foi pour faire mentir Pascale qui trouve que mes tableaux des années 60 (1 2 3) étaient beaucoup plus sombres que ce que je produis aujourd'hui (bien que je n'ai plus aucune activité graphique depuis 35 ans, mais Pascale se réfère aux illustrations et photos de mon blog). D'après mes souvenirs, l'époque était beaucoup plus douce que la nôtre, nous étions en pleine adolescence, c'était le temps des hippies et des révolutions de mœurs, nous croyions pouvoir rendre le monde plus beau, réduire les inégalités, etc. Nous expérimentions les substances hallucinogènes que le light-show était censé transposer sur les écrans géants derrière les musiciens. Il me semble que c'est le support qui donnait sa noirceur à mes travaux sur diapositives, je grattais, brûlais, dissolvais, j'attaquais le film dans l'épaisseur. Ce vitrail bleu met en jeu des techniques plus traditionnelles. Je n'ai pas plus de recul qu'un parent s'émerveillant devant son bébé, c'est trop loin. Le bébé est devenu une grande personne. Tout est trop loin, une autre vie, un autre bonhomme, comme si j'avais volé la mémoire de quelqu'un d'autre. Ou bien ce sont les objets qui se souviennent de moi, le contraire de ce que j'aurais pu imaginer. Si je repense aux musiques que je composais, je me dis que Pascale a raison, j'étais plus sombre, ou je le suis devenu en grandissant très vite. Les titres de mon premier disque formait la phrase : "Défense de - Crever - La bulle opprimante - Le réveil - Pourrait être brutal". Alors ? J'aurais aimé être plus léger, composer de la musique de danse, jouer la comédie. Au lieu de cela, nous avons fondé Un Drame Musical Instantané et la principale critique qui a toujours été faite à mon travail est sa gravité. Je suis un type grave avec une voix haute.